Tu le savais, que je ne résisterais pas à cette photo... Tu savais que l'odeur de la craie, c'est ma madeleine dans le thé. Nous nous sommes tant aimés, mon métier et moi.
***
Ce soir-là, j’ai traversé la cour. Le soleil de septembre éclairait d’une lumière poudrée les cheveux en broussaille des derniers élèves de la journée. Ceux que l’on vient chercher tard et qui ont toujours peur qu’on les oublie. Leurs culottes courtes flottaient sur leurs genoux cagneux, et leurs incisives avançaient en ordre un peu dispersé…
J’ai regardé ces petits poulbots courir après leur balle en mousse un peu élimée. Ils portaient au front toute l’innocence et l’espoir du monde.
J’ai regardé ces petits poulbots courir après leur balle en mousse un peu élimée. Ils portaient au front toute l’innocence et l’espoir du monde.
J’ai fermé les yeux. Ma maman s’est approchée de moi avec un gros morceau de clafoutis aux cerises. Elle a arrangé mes cheveux en les nouant de rubans turquoise et mauves. J’ai sauté à la corde. J'ai ouvert le portail qui a grincé comme une porte spatio-temporelle. Mes amours...
Mon petit dernier n'avait plus sa barbe. Il me racontait sa journée de classe en croquant dans son goûter. Sa soeur ne conduisait pas sa grosse moto sur la corniche de Monaco. Elle portait deux tresses blondes et donnait la main à son frère aîné, qui soufflait une bulle de malabar géante. Sans se douter qu'il deviendrait architecte un jour, et le papa de deux petites filles adorables.
J’ai rouvert les yeux. J’ai franchi le portail de l’école en faisant un petit signe aux élèves. « Au revoir, maîtresse ! » ils m’ont crié en agitant leurs mains pleines de poussière.
De loin, l’école brillait, comme une orange au soleil couchant.
Aujourd’hui, Sibylle trottine sur le chemin de l'école. Son petit cartable tout neuf me serre la gorge d'émotion. Son ombre semble me dire : regarde, je vais grandir, vite, vite, si vite...
Tellement d'enfants ont ensoleillé ma vie...et ce n'est pas fini.
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Pour l'atelier du Goût
Comme un photographe humaniste, à la Doisneau, tu guettes l'anecdote, Céleste, la petite histoire, "passant patient", tu regardes autour de toi avec tes mots et tes images empreints de nostalgie, de tendresse, et d'humour, à distance, ou sans distance.... j'aime ton va-et-vient entre passé et présent, ce qui a été, ce qui est et sera pour Sibylle si belle, si jolie princesse qui s'achemine vers ce chemin des grands, que tu connais bien. Tu te souviens, et nous nous souvenons avec toi de ces instants vécus par nous-mêmes, par nos petits devenus grands, et leurs tous petits,... et en tout minuscule caché dans cet espace je surprends ce temps si intense pour toi, moi qui te connais un peu, où en franchissant le portail de l'école pour une dernière fois, abandonnant peut-être tes petits élèves tu as aperçu un dernier soleil qui brillait, brûlant, dans leurs yeux laissant une légère cicatrice sur ta peau profonde de maîtresse.. Ton texte joli mêle-l'ancolie vivace au bleu violacé élégant... et nous renvoie à notre enfance à plus d'un titre vécu, survécu.
RépondreSupprimerMerci du fond du coeur pour cette traversée non oubliée...
Bisous.
Ma grande sensible. Tu dis si bien cette mélancolie heureuse qui empreint mon âme quand je pense à l'école où j'ai traîné tant de cartables...Ça en fait des rentrées des classes...
SupprimerCe qui me surprend, c'est que je n'ai pas oublié la mienne, la première, mon entrée au CP puisque dans le village où j'étais il n'y avait pas de classe maternelle. Je n'ai pas oublié non plus celle de mes trois poussins, et maintenant, je vis, comme dans une mise en abyme étourdissante, celle de ma petite fille.
Tu connais la Petite Fille. Celle des Alpharêves. Elle est là, tapie en moi. Apaisée, rassérénée. Elle ouvre ses bras à tous les possibles que la vie lui présente. Le bonheur ne lui est plus inaccessible. Et à travers une simple photo d'enfants devant la porte d'une école, elle surgit pour me faire un signe de la main. Elle est moi à jamais. Et je suis Elle.
Bisous ma belle Den
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Bon vent à Sibylle ! Qui sait, peut-être suivra-t-elle ta voie ?
RépondreSupprimerQui sait , oui ?
SupprimerEn espérant que le métier existera encore quand elle en aura l'âge...
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Sybille fait sa rentrée avec un cartable et mon petit-fils a quitté la crèche pour son année préscolaire comme ils disent au Québec! J'ai hâte d'aller le chercher à la sortie de l'école...
RépondreSupprimerEntre mes rentrées des classes en tant qu'élève et celles en tant qu'instit ça fait 52 rentrées MOUARF ♥
BISOUS
Comme je te comprends...il est quand même très loin !
SupprimerEt les premières années sont si importantes pour créer le lien...
52 rentrées ? Oui, je pense que c'est exactement mon nombre aussi...
Il était quand même temps qu'on fasse autre chose, hein ma Cathy ?
Bisous collègue !
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Tu ne fus pas ma maîtresse d'école mais cette note me rappelle Mme Comprade, qui vint me chercher au fond de la cour car, occupé à je ne sais quoi, accroupi, j'avais oublié de sortir de la cour et ma mère m'attendait, inquiète...
RépondreSupprimerMerci Célestine de m'avopir ramené dans la cour de la maternelle...
J'aurais quand même eu du mal à être ta maîtresse d'école. Enfin question chronologique, évidemment...
SupprimerParce qu'un élève brillant comme toi, ça m'aurait bien plu ^^
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Ah... tout cela ne nous rajeunit pas. :-) Sibylle a un très joli cartable et certainement qu'à l'intérieur, elle va amasser des trésors. On espère pour elle qu'elle ait une maîtresse aussi passionnée et bienveillante que toi. Bises alpines et belle rentrée.
RépondreSupprimerC'est mon souhait. Il y a encore des personnes passionnées dans ce métier, même si ça se fait plus rare...
Supprimerbelle rentrée à toi, frangine des Alpes.
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c'est exactement ça, et c'est adorablement dit!
RépondreSupprimerMerci pour ce doux commentaire, madame Adrienne
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
C'était avant, tout cela est bien loin. Je me souviens sulement que j'avais peur le premier jour...Sybille a repris le chemin de l'école et elle va commencer à apprendre les leçons de la vie !
RépondreSupprimerLes fameuses leçons de vie que nous prenons encore, nous, les vieux écoliers de la vie. En essayant de tirer leçon des enseignements de l'existence.
SupprimerY a-t-il meilleure façon de comprendre ce qui nous arrive ? :-)
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Elle est si mignonne, même de dos, que je comprends ton attendrissement.
RépondreSupprimerAdorable. Mais je crois que nous ne sommes pas très objectives, dans ces cas-là...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
C'est une grande chance d'avoir au delà de ses enfants, des petits enfants qui nous donnent de formidables soleils, de grandes bouffées de souvenirs...
RépondreSupprimerComme ils sont beaux ces petits !
Ce sont de petits morceaux de nous, des mininous, des minimininous...
SupprimerDes grains d'espoir...
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Ah lala ! Ton texte m'a tiré des larmes… c'est tellement évocateur de tout ce que je n'ai pas connu. Et cependant ce ne sont pas des larmes de tristesse. Pas non plus des larmes de joie. Inqualifiable peut-être. Juste des larmes humaines, à la dimension de ton humanité de femme aimante, de cet amour qui fit grandir les petites têtes d'enfants dont tu évoques le destin réel. Mêlant subtilement le présent et le passé, ta famille et les écolières et écoliers, et ainsi toucher et saisir ce cahier à spirale où s'inscrit sur des rayures Seyes l'universel de l'aventure de l'humanité.
RépondreSupprimerC'est beau ce que tu écris. Ça me file des frissons. C'est beau ce cahier à spirale universel.
SupprimerCes larmes sont belles, elles puisent dans notre substrat, ce qui nous constitue, la fibre humaine, la compassion, l'amour.
Merci pour ces mots subtils qui donnent à mon billet une si belle lumière.
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Bonjour Célestine,
RépondreSupprimerTon texte est très émouvant et ravive tant de souvenirs. Je sui certaine que tu étais une enseignante exceptionnelle après avoir été une élève bien sage...
Bisous et bonne soirée,
Mo
Une élève bien sage…certes, même si parfois j’ai eu maille à partir avec certains enseignants abusifs…
SupprimerC’est sans doute la raison pour laquelle j’ai essayé d’être une maîtresse sinon exceptionnelle, du moins extra-ordinaire au sens premier. Pour soigner cet enfant intérieur qui a parfois souffert d’être différente…
Bisous Mo
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Quel joli billet Célestine sur une rentrée de classe de ton côté et de celle de maintenant avec ta jolie petite Sibylle à qui je lui souhaite d'excellents moments. Tes mots me font chaud au coeur. Merci.
RépondreSupprimerGros bisous ♥
C’est bouleversant de la voir partir avec son petit cartable…
SupprimerEt quand je suis bouleversée, j’écris.
Je t’embrasse chère Denise
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Quel texte émouvant ! La petite Sibylle est adorable et nul doute qu'elle va être bien accompagnée dans sa scolarité, ne serait-ce que par sa mamie, qui veille ! 😉
RépondreSupprimerGros bisous !
Lydia
Je suis un peu loin, mais mon coeur est avec elle…sa petite soeur Alba et tous ceux qui viendront.
SupprimerGros bisous Lydia
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Je sens une grosse bulle d'émotion, dans ce texte. La même que je ressent en voyant partir mon fils vers sa vie.
RépondreSupprimerMa première rentrée des classes, je m'en souviens encore un peu. Mon père était à la tâche, ça ne bronchait pas. Je n'étais pas du tout impatient d'y aller, ou alors à reculons. Bon, heureusement que les classes étaient mélangées. Cela me permettait d'écouter les cours des classes supérieures.
Moi aussi, un jour, j'ai traversé le temps... Le temps d'une intervention professionnel dans une petite école communale. Un long couloir m'a accueilli, avec sa rangée de porte-manteaux et un alignement de petites chaussures, sur un petit banc. C'est l'odeur qui m'a frappé ; mélange de vieux parquet javellisé et de craie, les mêmes tables d'écolier, le même tableau vert.
Ta sensibilité te fait éprouver justement l’émotion des autres. Tu as raison : il y a une grosse bulle d’émotion dans ce billet.
SupprimerLes enfants nous ramènent immanquablement à notre enfance.
Et tu verras, les petits enfants, c’est encore plus fort.
Bisous tardifs
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Rentrée de notre fée Oriane.
RépondreSupprimerLes mêmes pas, la même émotion.
Bisous pleins de craie tendresse.
Eh oui. Je n’oublie pas qu’elles ont le même âge. Et que tu es une sorte de frère pour moi.
SupprimerBisous émus en retour
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On ne remerciera jamais assez Jules Ferry
RépondreSupprimerUn grand monsieur ! :-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
N'est-elle pas mignonne à croquer, cette petite souris ? ;-)
RépondreSupprimerEt celle là ?
Supprimerhttps://2.bp.blogspot.com/-XWN6iQjgRq0/UiTq_9EOhFI/AAAAAAAAKI8/ITOrTjlHqF8/s1600/Rentree-.jpg
Bisous oncle Joe
Si tu savais influencer les rêves
RépondreSupprimerSi tu pouvais t'inserer dans les miens
Et me faire cours de manière brève
Pour m'initier à tout ce que sont les tiens
J'aurais grande envie de vivre cette rentrée
Comme tous ces anciens collègues,
Nombre d'élèves qui t'ont bien appréciée
Ceux à qui desormais ce boulot tu delegues
Bises d'un élève putatif
Ah mon cher Petrus si tu savais combien tes petits quatrains me touchent.
SupprimerJe suis certaine que tu aurais été un élève adorable
Bisous zemus
https://2.bp.blogspot.com/-XWN6iQjgRq0/UiTq_9EOhFI/AAAAAAAAKI8/ITOrTjlHqF8/s1600/Rentree-.jpg
On sent une petite pointe de nostalgie...
RépondreSupprimerY’en a !
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Autant que de la pomme dans le "bizarre" ?
SupprimerBaci Cara
Tout pareil ! Mais en moins râpeux tout de même…
Supprimer😁😁😁
Non Sybille, ne grandis pas trop vite, prends ton temps afin que ta Grand'Ma profite de nombreuses rentrées scolaires à venir. Notre Sybil avec cet L en moins est arrivée en Maths sup sans crier gare et voilà qu'à son tour, elle accueille ses petits élèves devant la grille de la maternelle. Célestine, tu décris si bien ces rentrées des classes que me reviennent l'odeur du cuir de mon cartable, le chagrin d'être séparée de mon petit frère, de quitter une maîtresse pour en découvrir une autre.....J'étais élève sage, disciplinée, appliquée, mais je suis sûre qu'avec une maîtresse comme toi, j'aurais été "plus instruite". Ton émotion est palpable et je te rejoints dans ce sentiment, mais de l'autre côté de la barrière. Je t'embrasse.
RépondreSupprimerMerci pour ce très beau commentaire ma Chinou.
SupprimerTu as raison, la rentrée des classes est imprégnée de l’odeur du temps.
A cette occasion on mesure chaque année à quel point les bébés deviennent rapidement des enfants puis des ados puis des adultes, à la vitesse d’une catapulte…
Alors un seul leit-motiv :
Profiter de chaque instant.
A tout bientôt
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A peine voit on ses enfants naître,
RépondreSupprimerQu'il faut déjà les embrasser...
(Jean Ferrat, la vieille Dame indigne)
Faut-il pleurer, faut-il en rire, fait-elle envie ou bien pitié, je n'ai pas le coeur à le dire, on ne voit pas le temps passer...
SupprimerLe film a disparu. Impossible de se faire une petite toile nostalgique.
Saluti Cugino
https://www.dailymotion.com/video/xlbvnb
SupprimerMerci à tous les trois pour cette magnifique collaboration culturelle.
SupprimerFaut-il pleurer faut-il en rire ?
Pour ma part je préfère me dépêcher d’en rire de peur d’être obligée d’en pleurer comme disait le philosophe …
Je vous embrasse tous les trois
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Sibylle à l'école, j'imagine ce que ça doit te remuer...
RépondreSupprimerTi bacio Cara mia e TVB
Ça me remue au fond des tripes.
SupprimerTu me connais bien.
Tellement bien…
Tu bacio caro mio
Ma première école était belle et sous le soleil d'un autre continent. La seconde, dans l'Est de la France, petite ville inconnue, hiver froid, et école "moche", telle que je l'ai décrite à ma maman. Et premier grand chagrin d'une vie d'enfant a reprendre des repères. Mélancolie, fil rouge d'un coeur...
RépondreSupprimerC’est bien vu, Lou: la rentrée des classes est un fil rouge qui traverse nos années en laissant des filaments de nostalgie.
SupprimerHeureusement il y a aussi de très bon moments dans cet album souvenir. En tout cas pour moi.
Mais pour toi aussi j’en suis sure.
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Oui, la remise des prix de fin d'année, de beau livres dont j'étais si fière d'obtenir, les fêtes de fin d'année scolaire et le plaisir d'être sur la scène d'un petit théâtre, dansant ou chantant ce qui avait été répété.
SupprimerApprendre et découvrir tant de choses !
Des souvenirs ravissants, en somme.
SupprimerAvec cette petite larme là, juste à côté du coeur.
Les trois plus beaux métiers du monde : institutrice, mère et grand-mère 😀
RépondreSupprimerBises Célestine.
C’est bien vu ! Et j’ai la chance d’avoir fait les trois…
SupprimerBises Patrick, cher poète…
Merci à toi Célestine de mettre les mots justes sur tant d'émotions universelles....
RépondreSupprimerC’est gentil cher Zicos
SupprimerC’est le propre de l’écriture non ?
En tout cas c’est ainsi que je la comprends …
Je t’embrasse
Les jolis souvenirs qui habitent nos mémoires, nous en sommes riches à jamais. Ici et maintenant, d'autres merveilles à vivre qui deviendront pièces d'or, belle est la vie tout de même !!! Je t'embrasse céleste Célestine, à tout bientôt. brigitte
RépondreSupprimerSi, signorina !
SupprimerLa Vita e bella !
♥️
Je m'aperçois que mon commentaire est passé à la trappe ! J'ai toujours la nostalgie les jours de rentrée quand je me souviens des émotions anciennes. J'ai follement aimé l'école et mes instits comme plus tard mes profs (toutes des femmes en ces temps où on ne mélangeait pas les genres !
Supprimer
SupprimerEncore un coup de blogspot !
Oui l’école a laissé des traces dans le coeur de chacun…pas toujours aussi positives que les tiennes helas !
Bisous Gwen