Il courait comme un fou à perdre haleine sur les dalles noires et blanches du sol de la gare. Il jouait sur ce damier géant son dernier joker, tel un roi déchu de sa tour. Et les voyageurs semblaient devant lui comme des pions innombrables freinant sa route.« Bataille perdue ! Echec et mat ! » Répétaient les haut-parleurs de Charing-Cross.
Au jeu de l’amour et du hasard, il lui semblait pourtant qu’il n’avait pas encore joué sa dernière carte, ni dit son dernier mot. Il lui fallait la rattraper avant que le train de la vie ne l’emportât à jamais.Alice ! cria-t-il en croyant apercevoir sa chevelure brune sur un duffle-coat rouge sang. Pardonne-moi! Un gigantesque lapin blanc tenait dans ses pattes l’horloge monumentale de la gare. Ses dents énormes lui faisaient un rictus ignominieux.Et la vapeur de la locomotive commençait à envahir le plateau de jeu, de son panache cotonneux. Les silhouettes paraissaient moins nettes. Tout se fondait dans une brume de silence et d’angoisse.
Alice, je t’aime ! hurla-t-il, bousculant sur le quai un nain jaune qui le menaça de son poing, les fesses aplaties dans la neige molle de novembre.Mais aucun son ne sortit plus de sa gorge étranglée.Tous ces personnages ricanant, grimaçants, n’étaient que des quilles sans importance sur la piste d’un bowling dérisoire. Pourtant il avait l'impression de comparaître devant ses juges. Le train s’ébranla. Le rideau de fer de la boutique « La Dame de Pique » retomba lourdement avec un fracas de tonnerre dans son cœur lacéré.Midi sonna, il trébucha.
Alice…
Il regarda longuement le long monstre d’acier qui emportait sa reine.Et s’offrit à ses dents de métal hurlant, dans un long cri silencieux.
Pour le Défi du samedi , sur le thème du jeu.
Bindidon, avec les Rita en prime, c'est pas encourageant tout ça !
RépondreSupprimerDéprimant, même !
'fin tu vois bin...
8o/
Meuh non, c'est une fiction...et pis " en général" mon capitaine, ça veut pas dire tout le temps...
SupprimerQuoique...la dame à la faux se charge d'interrompre celles qui marchent bien, de toutes façons...
Comment ça je suis d'une désespérante lucidité? Mais non, voyons. Je suis juste partisane de ne pas trop se poser de questions et de prendre la vie comme elle vient!
Rhoo, j'en ai oublié le smaïlle lait !
Supprimer:-)))))))
quoi, il se jette devant le train? il aurait mieux fait de lire El café de los corazones rotos et d'ouvrir un salon de thé!
RépondreSupprimer(bien joué, Célestine :-))
Je ne peux que répéter le commentaire d'un blogueur sur le défi:
Supprimer"Ce que ça peut rendre con l'amour parfois. Des femmes, il y en plein d'autres ! Ce genre de comportement ça emmerde les autres voyageurs et faut tout ramasser. J'espère qu'en plus il n'avait un costume neuf !"
Auquel j'ai répondu:
"C'est clair,quel idiot de se focaliser ainsi...
Non seulement un costume neuf, mais en plus il avait renouvelé son abonnement à Canal plus... Quel gâchis...^^
Lol
Bonne journée Adrienne!
Cosi deserte la cità ... ll treno va... .http://youtu.be/DmRzcGEzkqc
RépondreSupprimerAinsi va la vie, parfois les choses trop grandes, sont invisibles pour nos yeux de fourmis.
La chanson de Cutugno est très belle, et parle à mon coeur de midinette un peu nunuche, quelque part enfoui...
SupprimerJe fais genre cynique, mais ça reste un exercice de style, l'horrible c'est pas trop ma tasse de thé...
baci
Triste histoire mais magnifique texte, j'aime beaucoup les références au Pays des merveilles! ^_^
RépondreSupprimerEn plus, hier je me suis gavée de la série Once Upon A Time in Wonderland, alors ton texte fait mouche!!
Ravie de te ravir, ce matin!
SupprimerJ'adooore! Haletant, drôle et horrible...la mort du lapin happé comme une quille au bowling. Ce pourrait être le début d'un roman surprenant
RépondreSupprimerFinalement, et si je me spécialisais dans les débuts de romans?...Voilà un créneau non exploité...pour gens qui commencent des livres et n'ont pas le temps d'aller au bout...
SupprimerJe suis contente que tu adores celui-là!
Les « grands faiseurs » de scénarios fantastiques des studios Disney , auront bon courir après Alice, il ne rattraperont jamais l’ imagination fabuleuse de Célestine.
RépondreSupprimerbiz♥
J'avoue que j'ai une imagination galopante...ce qui est la moindre des choses quand on se targue d'apprendre à ses élèves à écrire des histoires originales...
Supprimerbises célestes
Je plussoie avec enthousiasme pour ton imagination débordante, riche et variée, mais par pitié rendons à Lewis ce qui appartient à Carroll, Disney n'est pour rien dans tout ça. Carroll est un maître littéraire, même si l'éducation "à l'anglaise" de l'Ère victorienne l'a complètement perverti.
SupprimerEn tout cas, ton "hommage" m'a beaucoup plu !
Je suis d'accord avec toi: Caroll est un maître, et son essai philosophique est tout sauf une bd pour les enfants...mais Disney est passé par là et Alice est devenue une fillette étourdie et un peu mièvre...
SupprimerJ'aime que mon petit délire t'ait plu.
:-)
Je vois que le côté horrible et désespéré des histoires d'Andiamo commencent à te déteindre dessus...:-)
RépondreSupprimerAucune méthode ni rationalisme le mec. S'il a pu dépasser le train pour que sa belle puisse lui passer dessus, il aurait pu, bien avant, grimper sur la plate-forme du dernier wagon. Mais fait-on de ça une belle histoire si le type ne rate pas la marche pour s'écraser sur le ballast?
D'un autre côté, je ne sais pas si c'est vraiment mieux, excepté pour les passagers du train qui ne seront pas en retard...
Y pouvait pas aller se pendre............... au cou d'une autre!
Ti bacio
Oui j'avoue qu'il y a une impossibilité matérielle à regarder partir un train et en même temps se jeter sous ses roues...mais n'oublie pas que les lapins géants qui tiennent dans leurs mains des pendules de gares, ça ne court pas trop les rues non plus, entre nous soit dit...
SupprimerPour les histoires horribles, je suis loin d'égaler le maître!
baci
Je devrais fréquenter plus souvent les gares pour le savoir...
SupprimerBaci
Les gares de cauchemar, seulement... :-)))
SupprimerJe veux bien que ce soit un cauchemar de voir Alice se barrer parce qu'elle est sourde comme un pot, un tout de même, soyons raisonnable, c'est joli un lapin géant qui a une horloge de gare...
SupprimerTi bacio
Peut être qu'Alice se barre juste parce qu'elle ne pouvait pas faire autrement...
SupprimerEst-ce qu'on connaît toujours les circonstances?...
Pour le lapin geant,, j'essaie d'imaginer le chapeau dont il est sorti...
C'est vrai qu'il transpirait peut-être des pieds, alors on peut comprendre....
SupprimerProbablement le chapeau de l'éléphant.
Ti bacio
Mdr! Tu sais être romantique toi, quand tu veux!
SupprimerHé hé!
Perso, je ne connais que le Hervé Vilard de Lens (un coin de chez moi ça Lens ! et son Louvre à voir !) celui qui criait ééééé ALICE ! pour qu'elle revienne ! Mais elle a répondu tes Capri c'est fini !
RépondreSupprimerAh mince c'était ALINE !!
N'ayant jamais lu le pays des mères veillent... je ne peux apprécier ton texte à la juste mesure qu'il mérite....
Mais je le conseillerai à Carole... Vu que je le trouve bien tourné comme un plateau de jeu de roullettes
Comme quoi la Kultur est indispensab' !!
Dis donc, elle aime les vices, Carole?
SupprimerJ'ai adoré cette tranche de vie,la règle du jeu est dure mais c'est la règle, y compris au jeu du Chemin de Fer. Ce défi du samedi me semble bien intéressant.
RépondreSupprimerAh voui voui, c'est un bon divertissement, en alternance avec les plumes.
SupprimerMerci Claude pour ton enthousiasme.
Tranche de vie, pour un type qui se fait hacher par les roues d'un train, c'est savoureux. ;-)
Si cette Alice vous ressemble, ou à votre bannière, je crois qu'elle peut rendre fou n'importe quel homme, délicieuse enfant.
RépondreSupprimer~L~
N'allez quand même pas vous jeter sous un train, je culpabiliserais! ;-)
SupprimerLes joueurs d'échecs ne sont pas aussi excessifs. Après une telle défaite on retourne à ses livres, on revient avec une autre variante, on affronte un autre joueur. C'est un univers plus proche du supplice de Tantale ou du rocher de Sisyphe que d'autre chose ! Le plus dur est de sortir de ce cycle fou. Mais rien ne dit que ton personnage n'est pas lui aussi pris dans une boucle temporelle !
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=78DQZy4l-5A
Merci pour le rappel de cet excellent film, cher Joe! Un scénario repris depuis mais jamais égalé...
SupprimerTon commentaire me fait penser à un autre film que j'avais beaucoup aimé: la diagonale du fou.
GENIAL!!! J'adore ton texte Célestine... et j'attends ton prochain roman...
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