Fragile fragile ma toute petite
maman avec tes yeux trop bleus délavés usés de toutes tes
larmes de tes automnes de tous les émerveillements de tes trop nombreux
printemps
Tes mains pétales de roses fanés oubliés
Tes petites mains d’eau de Cologne toutes
racornies qui tremblent un peu en tournant ta cuillère de thé
Ta voix qui vacille, tes jambes qui
flageolent tes souvenirs épars qui se font la malle parfois tes rires qui
se perdent dans une quinte de toux comme une petite plainte de
musaraigne à peine audible dans le soir qui descend
Pourtant tu es la force pourtant tu es la vie
Et la vie doucement diminue par petits morceaux
de mousse comme une peluche qui a un accroc subrepticement sans qu’on s’en
doute
Fragile toute fragile ma petite maman que j'ai hâte de
serrer dans mes bras, pas trop fort sinon tu t’étoufferais
Tu m’as portée je te porte et nous bouclons ainsi
le grand cycle de l’ouragan qui nous emporte
Fragile je suis si fragile soudain quand ma
gorge se serre de te savoir loin sans même agiter ton mouchoir quand je te sens quitter le quai dans un souffle oublier de respirer t’en aller me quitter
pas à pas comme l’ombre de ce fusain qui s’allonge au soleil du soir pour
embuer de nuit les carreaux de la vitre et de mes yeux
Mes yeux fragiles de se retenir de pleurer…
Mais ça va aller, hein?
Un texte écrit il y a trois ans, pour un défi d’écriture,
qui prend une intensité nouvelle aujourd’hui que ma maman chancelle un peu.
C'est difficile de voir une flamme si précieuse s'éteindre doucement. Je suis en pensée avec toi car j'ai vu la flamme de ma petite mère diminuer tant et tant que j'avais fini par la croire inéteignable. Puis un jour elle a dit assez. Assez de ne plus pouvoir vivre, alors elle est partie sur la pointe des pieds, en veillant à ne pas surcharger cette année 2009 qui m'en avait assez fait voir....
RépondreSupprimerLes mamans sont fragiles, mais pas tant lorsqu'elles décident d'accompagner encore un moment leurs petits....
C'est toute la grâce que je te souhaite, car même à travers nos inquiétudes, c'est si bon de la savoir encore là...
J'espère de tout coeur qu'elle puisse se remettre et attendre sagement que vous soyez tous prêts à lui permettre de s'envoler.
Baci mia cara
S'envoler, c'est une jolie métaphore pour un maman poids plume.
SupprimerGrazie mille per te
Magnifique déclaration d'amour, très émouvante... D'autant plus émouvante que j'ai moi aussi une petite chandelle qui vacille, qui fond peu à peu, se dissout en fumée. Une petite veilleuse dans le noir, une veilleuse de ses enfants, de ses petits-enfants, une toute petite veilleuse à laquelle je tiens tant...
RépondreSupprimerUne chanson en hommage à toutes les petites flammes qui chancellent...
La chanson m'a fait pleurer...mais elle est très belle.
SupprimerMerci.
je crois qu'il faut considérer une telle relation mère-fille comme un très très beau cadeau
RépondreSupprimerCertainement j'ai beaucoup de chance, car elle est le terreau qui m'a fait grandir dans l'amour.
SupprimerCelestine. Il n'y a plus là de défi d'écriture. Il y a (il y avait déjà) toute la tendresse du monde, l'amour d'une enfant pour sa maman, et des poussières d'un temps pour moi passé, des morceaux d'une vie, de jouets lointains, de larmes et de sourires, en bref de tout un passé riche et que l'on conjugue toute son existence. A l'heure où notre maman chancelle, notre vie nous serre un peu, et, lucides nous essayons de veiller. Je te souhaite bon courage, Celestine et je t'embrasse.
RépondreSupprimerMerci de voir à travers mes mots, le fil ténu qui me relie encore à elle, après tant d'années.
SupprimerCoupé le cordon, oui, mais jamais coupé le fil.
Doublement merci à toi ;-)
Oh Célestine, quel magnifique chant d'amour pour ta mère veilleuse maman.. tes mots font si bien écho à ce que je vis actuellement... 92 printemps... maman, et la mémoire qui s'envole, parfois... c'est si dur... je suis là, comme mon frère et ma soeur.. pour elle. mais c'est dur... tant que l'on peut...
RépondreSupprimerbonne journée à toi, en t'aime haut partagé.
Bisous encore en coeur...
Den
C'est très joli, ce mot valise: mère veilleuse...
SupprimerMerci beaucoup Den pour ton témoignage poignant.
A tout petits pas, à tout petits pas dans leurs charentaises, leur peignoir bien chaud, cadeau d'une fête des mères, les cheveux plus sel que poivre, le sourire un peu ébréché, la voix autrefois si juste qui tremblote... Qui tremblote, et qui un jour s'éteindra... Qui s'éteindra comme la voix de celle qui autrefois me jouait du violon, et que je voyais assise dans un pré, sa robe étalée en corolle autour de sa frêle silhouette.
RépondreSupprimerTrès joli hommage à ta maman-musicienne.
SupprimerC'est joli cette robe en corolle.
Très beau texte en effet et qui en suscite d'autres.
RépondreSupprimerJe pense comme Adrienne : quand l'inéluctable est tendre, c'est déjà une bénédiction, la mienne est décédée dans un accès de colère suivi d'un effondrement...
Je t'embrasse, que ta lumineuse présence berce ses derniers jours et que ceux-ci soient nombreux encore.
Merci pour la lumineuse présence. Tu as raison aussi quand tu dis
Supprimerque les commentaires sont remarquables.
Moi aussi je t'embrasse, Boss.
Défi d'écriture ?
RépondreSupprimerNon, mots d'amour qui touchent le coeur profond d'une fille qui aime et aimera toujours, parce qu'il n'y a pas de fin à l'amour, même pas la mort.
Tout nous est toujours redonné, autrement.
Que j'aime quand les mots jaillissent de ce moteur profond que tu caches souvent sous tes coups de gueule.
SupprimerTout simplement ton humanité. Alors tes paroles pénètrent directement au coeur comme une flèche, mais une flèche qui ne blesse pas, bien au contraire.
Oui, le défi à relever est de taille, d'enfant devenir la mère de notre maman et l'assister dans son départ comme elle nous a assisté dans le notre passant de l'enfance à l'âge adulte. C'est la boucle de notre passage sur terre, avec ses serrements de cœurs même si le texte en était écrit. Plus de cris, plus de larmes, ça éteindrait la petite flamme qui vacille déjà. Plus rien que la douceur et l'amour à donner...
RépondreSupprimerC'est vraiment l'impression d'une bougie que j'ai quand je pense à ma mère. Surtout en ce moment,
Supprimeravec cette faiblesse que j'espère passagère.
Ce juste retour des choses est magnifique: comme un passage de relais. Devenir la mère de sa mère...
Tes mots sont émouvants. La comparaison avec la peluche est marquante...pas gai tout ça, décidément c'est pas une bonne journée aujourd'hui...
RépondreSupprimerLa métaphore de la peluche m'a toujours parlé pour exprimer cette lente désagrégation des êtres: petite boule de mousse après petite boule de mousse, à force d'avoir été serrés, les vieux doudous se vident de leur substances et deviennent plats et flasques.Mais on les aime toujours autant.
SupprimerOn s'inquiète, forcement, de voir nos parents vieillir et on se dit : Tant que ça va comme ça ...
RépondreSupprimerMais ils dansent sur un fil encore plus ténu que le notre ... Il faut une dose de fatalisme pour l'accepter plus sereinement .
Sans doute cette alerte me permet-elle d'acquérir une petite dose supplémentaire de ce fatalisme dont tu parles.
SupprimerComme une sorte de répétition générale. Je n'ai pu m'empêcher d'avoir de noires pensées, et de me dire...que ferai-je?
Ce texte est magnifique et très émouvant même si j'ai la chance d'avoir une maman qui ne chancelle pas trop!!
RépondreSupprimerTrois jours avant, j'avais une maman qui ressemblait à celle que j'ai toujours connue...
SupprimerICI j'avais parlé d'elle.
Et puis, hop...le cerveau disjoncte...
Et vous, ça va aller ? On est toujours un petit enfant quand ceux qu'on aime nous inquiètent.... Je vous embrasse.
RépondreSupprimerTous ces mots posés ici me font comme une couverture bien chaude...Alors, oui, ça va aller. Merci pour cette phrase à double sens. ^^
SupprimerF
SupprimerPas compris...
SupprimerTon texte est beau, rempli de tendresse
RépondreSupprimerc'est un beau cadeau de pouvoir aimer sa maman sans arrière-pensée
La mienne ressemble plutôt à celle d'Adrienne
Et ce fut une délivrance...
Alors tu vois, j'ai de 'lenvie quand je lis un texte pareil (ou chez d'autres blogueurs)
J'ai décidément raté quelque chose d’important; une relation mère-fille de tendresse et d'amour
Oooh ma Coum, comme tes mots me rendent triste pour toi.
SupprimerJe retrouve les sensations de lecture de cette enfant à l'envers, à l'endroit qui m'a tellement bouleversée à l'époque.
je t'embrasserre.
Texte de haute ligne. Bravo!
RépondreSupprimerUne "funambulle" qui écrit un texte de haute ligne, c'est un pléonasme...
Supprimer"Fragile toute fragile ma petite maman que j'ai hâte de serrer dans mes bras, pas trop fort sinon tu t’étoufferais" Comme tout le reste de ton texte, doux comme une caresse, cette phrase est belle et vraie!
RépondreSupprimerC'est quand on embrasse notre maman, quand on la prend dans nos bras, qu'on a pleinement conscience que le temps est passé. Nos corps rapprochés, unis dans cette tendresse du premier jour, racontent que le petit est devenu plus grand, plus fort que celle qui l'a porté et que les rôles, doucement, s'inversent.
Et puis un jour, le petit grand se retrouve dans les bras de son grand petit!
Bises et sourire à toutes les deux!
"Et puis un jour, le petit grand se retrouve dans les bras de son grand petit!"
SupprimerC'est tellement vrai, cette relativité des corps et des âmes.
Merci beaucoup EP'
Mon petit message s'est sans doute encore perdu dans tes spams...
SupprimerJ'ai réparé ce contretemps...♥
SupprimerTexte magnifique qui me met les larmes aux yeux tant je connais cette peine qu'on ressent devant la fragilité de celui ou celle qui nous a un jour protégé, aime....
RépondreSupprimerUn bel échange: on a été fragile dans ses bras, chacun son tour...Un jour sans doute reviendrai-je dans les bras de ma fille et la boucle sera bouclée une nouvelle fois...
SupprimerTrès beau texte qui fait écho en moi…
RépondreSupprimerBisous, Laure
Je sais,Laure, je sais...Et tu étais si jeune! c'est injuste quand la roue de la vie tourne trop vite.
Supprimerje t'embrasse, mère veilleuse...
Très beau. Un texte qui me parle en raison du lien très profond qui m'unit à mes grands-parents maternels (83 et 84 ans). Je suis de tout cœur avec toi. A bientôt.
RépondreSupprimerTes grand-parents ont l'âge de mes parents, mon petit "Petit Belge"...
Supprimermerci de ton soutien.
Un bel hommage à ta Maman. Ce texte d une grande sensibilité laisse paraître l amour qu une mère peut donner à sa fille.
RépondreSupprimerMa Mère a encore connu quelques heures du deuxième millénaire. Elle s est cramponnée à la vie, à sa maison, moins à ses enfants car ils étaient éparpillés dans le monde. Quand elle est tombée malade, elle a dit à ma sœur: "-C est finit, vends la maison, je ne durerait plus longtemps". Elle est partie deux mois plus tard.
Peut être que mon texte est un peu triste, mais tu éveillé en moi bien des souvenirs.
Amicalement Latil
La tristesse, l'émotion, le souvenir ne sont-ils pas des formes différentes du même sentiment, le plus merveilleux, le plus absolu qui soit: l'amour qui ne s'arrête jamais?
SupprimerJ'ai vu maman partir, il n'y a pas longtemps et je me dis chaque jour:avais-je suffisamment été présents auprès d'elle dans ses moments pénibles? Ton cœur d'or Célestine saura surmonter les épreuves avec tant d'amour pour ta maman et elle le ressent assurément.
RépondreSupprimerJe l'espère, cher Bizak. Comme elle a la sono cassée, je ne sais plus ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent. Mais c'est réversible a dit le médecin...Coeur d'or...wouaou!
SupprimerBon rétablissement à Mamounette :)
RépondreSupprimerTiens, je connais ce petit nom familier...tu es notre lien secret, Cathnounourse....merci de ton passage. ;-)
SupprimerC'est difficile de voir vieillir ses parents. Ne pas les voir vieillir c'est dur aussi. C'est toujours le mauvais moment, il est toujours trop tôt pour les perdre.
RépondreSupprimerTu as raison, Berthoise, et tu sais de quoi tu parles.
SupprimerJe ne vais pas commenter ton texte qui m'a beaucoup ému. Je vais plutôt t'envoyer un énorme bisous de réconfort.
RépondreSupprimerJet'embrasse douce fée.
merci Stella Yes! je t'embrasse aussi.
SupprimerDifficile d'accompagner ceux qu'on aime au bout de la route et surtout de les voir s'étioler, se ratatiner, se rabougrir ....seuls leurs yeux expriment encore quelques lueurs ..... Ton billet est plein d'amour et a fait monter mes larmes en pensant à ma petite mère qui est partie en l'an 2000, 3 ans après mon petit père. C'est en prenant de l'âge qu'on se rend compte qu'il ne faut pas hésiter à leur dire qu'on les aime et qu'ils sont tout pour nous. Sans avoir de regret, je pense que je ne l'ai pas assez dit ... mais chaque jour ils sont présents car ils sont juste partis en voyage ou dans la pièce à côté et je sais qu'un jour moi aussi j'ouvrirai une porte pour les retrouver.....C'est en continuant à parler d'eux qu'ils continuent à vivre et au fil du temps, tout s'apaise car le fil de l'amour n'est jamais rompu .... et ainsi va la vie. Mais ta maman est encore là, alors profite du temps présent et quand il faudra tourner la page c'est son amour qui t'y aidera .........
RépondreSupprimerTrès émouvant ton témoignage. Il est normal que chacun, dans ces circonstances, soit ramené à ses propres expériences et doutes. et faire monter les larmes de ses lecteurs me permet de partager mes inquiétudes.On a beau dire, la chaleur humaine, ça fait du bien.
SupprimerMon Dieu j'ai des larmes plein les yeux ... tes mots m'ont cueillie, je ne m'y attendais pas ...
RépondreSupprimerDonne lui tout ce que tu peux, donne lui tant qu'elle est là. Je ne l'ai pas fait avec la mienne, je lui en voulais de tas de choses, je regrette tellement !
Je te souhaite plein de courage et d'amour pour traverser ce moment. Bisous
Merci Ambre pour tes mots si sincères et pleins de spontanéité.
SupprimerDésolée de t'avoir rappelé des souvenirs peut-être douloureux.
Ce n'est pas toujours évident d'être tendre avec ses parents ... Lorsqu'on est fille unique et qu'ils ne sont pas attentifs à nos douleurs mais plutôt tendance à nous écraser, c'est dur d'avoir des liens ???
SupprimerA travers toi Célestine, je voudrais dire à Ambre de ne pas culpabiliser, on ne choisit pas ses parents, parfois on les subit ... Attention, ceux qui ont de bonnes relations tant mieux et je les envie, mais ce n'est pas toujours le cas ...
Bisous à vous deux :-)
Je te comprends très bien. Moi-même je n'ai pas toujours eu des relations idylliques avec ma mère. Mais c'est vrai que j'ai pardonné, et appris à l'apprécier, et globalement j'ai été élevée dans l'amour. Mais je vois quotidiennement des enfants entamés par des mères abusives ou destructrices, ou simplement indifférentes. Et leur jeter la pierre serait la dernière chose qui me viendrait à l'esprit.
SupprimerJe t'embrasse et je suis heureuse que tu t'arrêtes de temps en temps, petite Marie.♥
En fait c'est plus avec papa que j'ai du mal ??? Mais comme maman le soutient j'ai beaucoup de mal et surtout leur réaction, lors de mon divorce en 2006 !!! J'ai pardonné, mais surtout appris à vivre autrement ... Je suis souvent jugée :-( mais depuis 2008 je sais que j'existe, pas forcément grâce à eux, mais cela l'apaise, et nos liens sont moins conflictuels !
SupprimerBisous et bonne soirée :-)
C'est tellement beau, tellement délicat et touchant!!! Que d'amour, que de tendresse.... bisous Célestine et bon courage
RépondreSupprimerMerci Brizou, petit poucet venu mettre un petit caillou brillant sur ma route ce matin.
SupprimerMerci
Tellement beau, tellement vrai, tellement toi.... Encore une fois des mots doux, merveilleusement doux et beaux. Merci Célestine....
RépondreSupprimerMerci ma Myo. C'est touchant.
SupprimerMais oui, ça va aller et pourtant cet instant de la séparation est toujours un peu douloureux. Le lien est fort même lorsque le cordon est coupé.
RépondreSupprimerMerci Marie Madeleine pour tes mots réconfortants. Je l'aime tellement ma petite maman. J'aimerais bien la garder encore un peu...
SupprimerC'est ce qui m'étonne chez ma petite maman. Autant de forces de caractère dans un corps si affaibli, si douloureux. J'en souriais, en lui tournant le dos (à midi, en préparant le repas). Mais, parfois, autant de force est délicat à gérer pour moi. Mais si force il y a, vie aussi...
RépondreSupprimerToutes les contradictions des êtres humains, résumées dans ton commentaire, Lou...
SupprimerMerci d'être passée.