Ce promontoire, cet oasis au milieu de nulle part, où nous allions enfants, t’en souvient-il ? Tu cueillais des oyats pour caresser mon cou de cygne, nous regardions les cormorans piquer du bec dans l’océan. C’était notre échelle de Jacob, notre haricot magique, notre vigie de galapiats. La plage abandonnée aux sels de l’automne emplissait nos poumons de chanvre et de réglisse et les pieds clapotant dans des flaques nous jetions aux orties nos rêves de conquêtes en écoutant la mer. Où es-tu désormais, mon capitaine amadoué, la frange de tes cils sauvages bat-elle encore le velours de ta joue comme autrefois, sur cette rampe de lancement où tu déclamais tes poèmes une main posée sur mon sein blanc ?
Le hasard des aigrettes frôlant de leur aile grise la frange écumeuse des ondes nous indiquait comme de mystérieux augures les caprices d’un destin que nous aurions voulu conciliant et rieur. Pourtant tu m’as quitté sur une barque sombre et je retourne parfois au promontoire sur la dune, sentir la gifle des embruns comme jadis quand tu pris ma candeur d’une volée de prince, et me laissas pantelante et extasiée au bord d’un monde humide et minéral.
Superbe! C'est d'une intensité... merci de livrer un si beau souvenir... :)
RépondreSupprimerMagistral !... Tu sais que tu devrais écrire des livres, toi ?... Comment ? C'est déjà fait ?... Ah, bin, tu vois ! :~)
RépondreSupprimerRien à ajouter ,tout est déjà écrit....
RépondreSupprimerbelle journée Bises
C'est très beau.
RépondreSupprimerC'est très beau, poétique comme j'aime.
RépondreSupprimerVotre texte m'évoque le livre de Claudie Gallay (pas sûr de l'ortho), Les déferlantes, un livre que j'ai dévoré, d'une rare intensité.
NAT merci, tu me combles.Me comparer à un auteur déjà connu...
RépondreSupprimerBerthoise :))))
Patriarch gros bisous à tous les deux.
TANT BOURRIN ah ben...merci du fond du cœur. Les compliments me touchent toujours autant.
JULIA oui, présent...comment oublier?
C'est ... délectable! Très beau! Merci...
RépondreSupprimerEdmée
wouwwwwwwwww
RépondreSupprimertu vois? j'ai pas de mot...
j'ai savouré...
sa main sur ton sein blanc..oups c'est comme si c'était moi...
EdMEE et COUMARINE Les mots sont sortis tous seuls, peut-être parce qu'ils étaient restés longtemps tus...
RépondreSupprimerce souvenir poétique et romantique...wouaouh, je relis les hauts de hurlevent!
RépondreSupprimerSi, Princesse, au matin de ma vie,
RépondreSupprimerA cette échelle du temps, ma main s’accroche.
Si, à la plume perdue caressante, ton cou s’offre
Et du bel oiseau à nos yeux extasiés, le vol satisfait.
Mon regard, en juvénile plongeur, devint explorateur
Dans l’océan bleu de tes pupilles dilatées !
Si, à la neige voletante du rouleau de mer,
Mes lèvres entrouvertes, sèches de fleurs de sel,
Laissent s’échapper l’ode à tes beautés et à ton sein blanc !
Si mon pied joueur, en tapotis, cherche, aux gouttes,
Entrevoir les perles de mer glisser sur ta douce jambe !
Si mon émoi s’est transformé en passion,
Si mon cœur s’offrit à enlacer ton âme longtemps,
Si, à l’humide sable, ce dessin, en destinée je traçais,
Si, conquérant gaillard, je bravais les flots tumultueux
Si je combattais, et en juste, dignité aux gueux, je rendais
Si ma mémoire encore fraîche de notre bulle intemporelle,
Si, au souvenir du frôlement de ta peau, toujours je frissonne,
Si, en les femmes dans l’étreinte, aujourd’hui, je te cherche !
Sache que le zéphyr se changeât et que le dieu Eole se fâcha
Sache que ton pêcheur de perles désespéré ramât vers la grève
Sache que Neptune de son trident vînt au loin me repousser
Sache, qu’épuisé, la fièvre me prit et qu’à ton visage penché,
De ton souffle, tu me sauvas, mais qu’à jamais je te perdis !
Comme c'est beau ce que tu écris...merci mon PETIT ANE GRIS, je suis très émue.
RépondreSupprimerMARIE MADELEINE c'est trop...les soeurs Brontë maintenant...je suis confuse!
Rien à ajouter aux précédents commentaires : très beau texte!!! Passe un bon week-end Célestine.
RépondreSupprimerMerci toi aussi!
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