« C'est une chose étrange à la fin que le monde. »
Louis Aragon
On pourrait disserter des heures sur le travail, son utilité, ses limites, ses affres et ses satisfactions. On pourrait s'interroger sur la place qu'il prend dans une vie, dans une société, et dans notre rapport au monde.
Mais tout cela ne ferait pas revenir Jipé.
Jipé n'a pas supporté de ne plus travailler. Sa retraite s'est muée en Bérézina. En quelques mois, il a sombré, tel un chalutier dans la tempête, sous le ciel d'encre amer de la dépression. Jusqu'au geste fatal, précis, calculé, qui l'a envolé dans un monde meilleur, laissant une famille et des amis hébétés par cette violence soudaine.
J'en ai été profondément bouleversée.
Ils ne sont pas rares, autour de nous, ceux qui vivent la retraite comme une punition, un échec, un grand vide, un trou noir. Une absence, une mise au rebut. Ceux qui ne se définissent que par leur fonction, oubliant que leur être profond existe en dehors de toute norme sociale.
Je ne les juge pas. Le cheminement de chaque personne suit des méandres si complexes...
Et la première chose que l'on nous demande, en général c'est : « Que fais-tu dans la vie ? ».
J'aurais tant aimé que l'on me demande si je préfère les fraises nature ou en confiture, ou encore si j'aime Brahms.
Non, je ne juge pas. Mais j'aimerais juste comprendre comment on peut en arriver là. Comment le faire a remplacé l'être. Comment, globalement, on est arrivé à une société aussi dichotomique : d'un côté, on nous vante le Farniente, on nous vend le Loisir, avec un grand L, les écrans plats géants, les cocotiers ondulant sur le sable blanc, les voyages, la dolce vita comme une sorte d'Eden soyeux et enchanteur, on baigne dans des images publicitaires idylliques de canapés profonds, de week-ends chill, de spas, de hammams ressourçants et de massages tantriques.
D'un autre, le travail n'a jamais été autant source de stress, de charge mentale, de troubles musculo-squelettiques et autres maladies professionnelles qui emplissent les cabinets médicaux. L'âge de la retraite n'a jamais été aussi constamment repoussé, jusqu'à faire peu à peu admettre l'idée aux jeunes qu'ils n'y auront pas droit.... Les cadences infernales, les agendas surchargés, les déchirements familiaux dus aux horaires impossibles à combiner, tout cela pour avoir le sentiment d'être un maillon utile à la société ?
Et puis un jour, malgré tout ce que l'on peut dire, nous vivons dans un pays où cela arrive encore, un jour, il faudrait rester vigilant, les acquis ne le sont jamais, on nous offre de pouvoir enfin vivre à son rythme, d'oublier les réunions chronophages, le burn-out, la fatigue. Ecouter les oiseaux et cueillir des fleurs. Tout en étant payé.
Le principe est pourtant simple : on a été utile, on a droit à l'agréable. Sur le papier, ça se tient. Ce serait comme une récompense pour bons et loyaux services. Et là j'ai une pensée pour tous ceux qui ont été très utiles, avec des boulots très pénibles, les petits, les sans-grades, les goudronneurs de routes, les métallos, les aide-soignantes, les trieurs de poubelles, les caissières, j'en passe évidemment, et qui verront arriver l'heure de la retraite avec soulagement, et pourtant, bien souvent, elle ne leur permettra que de vivoter.
Chaque matin, dans le rayon de soleil ou le rideau de pluie qui nimbent mon réveil, à l'heure que mon corps a choisie, je me dis que j'ai de la chance. Une chance inouïe. Inespérée. Insolente. Même si je ne sers plus à rien. La vie me sert, elle, une soupe délicieuse, nourrissante et parfumée. Je ne me verrais pas cracher dedans.
J'aurais aimé pouvoir le dire à Jipé avant qu'il se foute en l'air.
C'est une chose étrange à la fin que le monde.
Qu'est-ce qu'il me plaît ce billet... en total accord, c'est pas bien compliqué.
RépondreSupprimerBleck
Il m'est sorti du coeur. Ou des tripes, peut-être...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
,Et si je me rendais utile. ? On peut être utile à tout âge .
RépondreSupprimerTu auras compris que lorsque je dis que je « ne sers plus à rien » c'est une boutade...
SupprimerUne galéjade comme disent nos amis de Marseille.
je ne faisais que traduire la pensée de certain(e)s ministre qui disait que les retraités ne servaient plus à rien.
Bien sûr que je me sens toujours très utile. Aux gens que j'aime, en tout premier lieu. A tous ceux qui me demandent de les aider en informatique ou en français. A tous ceux que j'accompagne, régulièrement, pour leur remonter le moral. Et à tous les amis qui fréquentent ce blog, s'ils reviennent c'est bien que je leur apporte quelque chose...
Mais même si je ne l'étais pas, au regard de certains, ça ne me ferait ni chaud ni froid. Parce que je connais ma valeur « intrinsecte » comme disent les libellules.
Bisous ma Chinou. Tes aquarelles sont très utiles : elles enchantent le quotidien...
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Certain(e) ministre. Sans S. Pfff ! Madame l'institutrice...
SupprimerCe n'est pas vrai que tu es inutile ! On peut toujours être utile ne serait-ce que pour sa famille, ses amis !
RépondreSupprimerC'est triste de s'ennuyer sans son travail, on peut faire tant de choses ! J'en connais un qui a beaucoup travaillé et qui aime beaucoup sa retraite, active !
Moi, j'ai fait tant de choses différentes, avec des hauts et des bas, je ne regrette rien, certains emplois ne m'emballaient pas d'autres, oui... Il est vrai que pendant longtemps j'ai continué à promener les amis , les enfants, à cheval sur des chemins divers et variés, que, en définitive cela ne m'a pas beaucoup changé...
Bisous Célestine, profites !
Tu es mignonne ma douce marine. Ma phrase se voulait un peu provocatrice...Je ne tiens pas spécialement à être tout le temps "utile". A servir à quelque chose. La liberté, c'est surtout ne rien devoir à personne. Quand je me "rends utile", je le fais avec plaisir, par amour pour mes enfants ou mes amis.
SupprimerLe fait même de parler de « retraite active » est assez significatif. Comme si on devait se justifier de ne plus travailler, par tout un tas d'activités. J'ai des amies qui ont "un truc" tous les jours. Du coup, elles n'ont jamais le temps pour aller simplement déguster un gâteau ou boire un verre. C'est le même syndrome que les enfants qui n'ont plus le droit de s'ennuyer une seule minute, ni le mercredi, ni pendant les vacances...On leur fait des emplois du temps de ministre.
Mais prendre son temps, contempler la nature, marcher en forêt, couper du bois pour l'hiver, s'arrêter et doucement respirer, voilà des choses qui régénèrent un maximum. Et se dire que ce que l'on n'a pas fait aujourd'hui, on pourra le faire demain...
Alors oui, je suis ton conseil, je profite.
Bisous tout doux
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Bonjour Célestine,
RépondreSupprimerUn texte profond qui fait réfléchir sur le système en effet ... Mais le suicide n'atteint pas que les retraités, il est partout, chez les jeunes victimes de harcèlement, chez les travailleurs à bout de souffle, par amour ou manque d'amour, il est partout et hélas ceux qui l'ont décidé ne montrent rien du geste fatal qu'ils vont faire ... Mon cousin s'est pendu et une amie s'est suicidée sous le sapin avec des médicaments !
Je peux comprendre que l'arrêt total d'une carrière bien remplie puisse rendre une personne dépressive, c'est tellement triste ... On ne saura jamais vraiment le pourquoi !
Car on peut toujours trouver une occupation, mais le vide social est difficile à vivre c'est vrai ...
Un très beau partage qui peut aider d'autres personnes sans aucun doute, merci et agréable week-end
Jipé a trouvé sur l'autre rive une autre voie à suivre, puisse-t-il y vivre en paix ... Laureen
C'est ce que je lui souhaite aussi, bien sûr. Même si c'est très dur pour ceux qui restent, sa femme, ses enfants et petits-enfants... Bien sûr c'est triste, cette dépendance au travail, à l'illusion ( car pour moi c'en est une) d'une carrière bien remplie : se jeter à fond dans le travail cache souvent un déséquilibre, un mal-être : c'est sur celui-ci que l'on devrait s'interroger. Les fois où j'ai fait ça dans ma vie, c'est que je n'allais pas bien : c'était une fuite en avant, une échappatoire aux vrais problèmes qui étaient ma vie de couple, mes rapports avec ma mère, le départ de mes enfants, etc.
SupprimerCe qui ne veut pas dire que le reste du temps je n'ai pas aimé passionnément mon travail. Comme tu es nouvelle ici, tu ne le sais peut-être pas : j'étais institutrice, et j'ai le sentiment d'avoir fait une carrière bien remplie et épanouissante. Mais comme je l'ai dit le jour de mon départ à la retraite, ce n'est pas mon travail que j'aime : c'est la vie. Quand ma vie était au travail, je l'aimais. Maintenant que ma vie est à la retraite, je l'aime aussi. Peut-être même encore plus depuis que je vois à quelle vitesse elle diminue...
Quant au "vide social" que tu évoques, la retraite est tout sauf un vide social : on peut sortir quand on veut, aller voir des expos, des pièces de théâtre, s'inscrire à un club de randonnée, recevoir ses amis, c'est chouette.
Je suis sincèrement désolée pour ton cousin et ton amie.
Bien sûr il n'y a pas que les retraités qui se suicident. Le suicide au travail est un fait de société sur lequel on devrait sérieusement se pencher. Parce qu'il en va de la bonne santé de toute une société.
Bises
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Oui c'est triste pour ceux qui restent et ça je le sais ! Bien sûr étant pensionnée jeune, j'ai trouvé des occupations, déjà mes petits enfants, des salons, des voyages tout ce qu'on ne sait pas faire quand on travaille ! J'ai tellement aimé mon travail jusqu'à ce que j'en sois malade, je donnais trop tout le temps, et mon corps a dit stop ... J'ai été obligée d'arrêter à cause de ces douleurs mais je ne regrette rien, je peux profiter même si je souffre de la vie et de ma famille ... Le temps passe si vite ! C'est une autre façon de voir les choses ... Profiter de chaque petit moment de bonheur ... Belle soirée, amitiés, Laureen
SupprimerTu as raison : le corps nous parle, et il m'est arrivé à plusieurs reprises de l'écouter me dire stop.
SupprimerOu simplement : « attention ! tu vas trop loin, trop vite, trop fort ! ».
J'ai frisé deux fois le burn-out...
J'ai arrêté très jeune moi aussi, j'avais trois enfants et assez d'annuités. (j'avais commencé à 17 ans)
Et jamais je n'ai regretté, non plus, ce cadeau de la vie.
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Je suis une heureuse retraitée! 👍🐻😁
RépondreSupprimerJe n'en ai jamais douté ma Cathy ❤️
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
J'aime beaucoup votre photo. Cette fontaine qui clapote parmi les lavandes dit tout de vous, de votre formidable aptitude à faire de chaque chose, de chaque moment, quelque chose d'unique.
RépondreSupprimerS'il y avait, finalement, qu'à aimer la vie pour en saisir chaque opportunité avec gratitude. Votre ami Jipé s'est privé de ce beau cadeau. J'ai un immense respect pour sa souffrance qui a dû être terrible pour perdre de vue la magie d'être tout simplement vivant. Au point d'en oublier sa famille.
Je vous embrasse
~L~
Je n'aurais pas mieux dit. C'est une souffrance terrible en effet.
SupprimerL'ensemble de la société devrait faire comme moi : s'interroger sur le pourquoi de telles extrémités...
Et comment éviter cela ?
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Oui, il faut être dans une désespérance totale pour ne voir que le suicide comme porte de sortie...Comment éviter cela ? Pas sûr qu'on trouve la solution...Je pense aux suicides des jeunes...C'est là qu'on devrait pouvoir agir...d'autant plus que, souvent, il y a des solutions pour les aider...Mon fils a appris par une "collègue" que G.... avait été "embêté" à l'école l'année dernière par d'autres enfants, pourtant, il était délégué de classe. Sachant que ses parents étaient empêtrés avec leur séparation, il n'a rien dit...Son père lui a dit "il faut parler, il ne faut pas rester dans ton coin à ruminer..Si tu ne veux pas nous parler, parle à quelqu'un d'autre, parle à ton papi par exemple qui t'écoute", mais surtout parle...Les enfants ont le tort de ne pas confier leurs soucis....Tiens, on devrait, nous retraités, servir de référent à des élèves, servir de parrain à qui on pourrait se confier, à qui parler même de choses sans importance...Mais, comment faire ça dans sa région ?...
SupprimerC'est vrai que c'est une très bonne idée. Je crois même que ça existe déjà, dans certaines villes. Des établissements de type "Maisons des familles"
Supprimeraccueillent les enfants, les parents, pour les aider à résoudre leurs problèmes. Elles sont basées sur l'écoute, l'entraide, le bénévolat. Et à ce titre, évidemment, les retraités jouent un rôle important.
Quand j'étais directrice d'école, je travaillais en lien avec une de ces associations, qui proposaient ce type de service : une oreille attentive, pour désamorcer les conflits parents-ados, ou donner des billes pour gérer un problème ponctuel, deuil perte d'emploi, alcoolisme etc...
Maintenir le dialogue permet bien souvent d'éviter le pire, la porte de sortie inéluctable.
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Ne pas porter de jugement.... chaque chemin de vie est unique.
RépondreSupprimerJe connais quelqu'un dont la hantise était ce moment où il perdrait son 'statut social' et ce lors même que sa vie hors travail a toujours été riche et variée, nimbee de tant d'expériences diverses....
Et finalement il a trouvé de quoi nourrir o combien son existence de retraité.
Moi, tu sais comment je la passe dans la joie de partager mes en̈vies de créations artistiques....
Mais je pense qu'il est plus aisé de vivre pleinement l'activité professionnelle et post-professionnelle dès lors que l'existence vous place dans des situations favorisant la création et l'enrichissement personnel à partager.
A cet égard je songe aux témoignages d'artistes qui avouent n'avoir jamais eu l'impression de travailler. Bien qu'ils aient été dans leur domaine des 'travailleurs acharnés', jamais ils n'eurent l'impression d'incarner en vérité "la bête humaine ".
Là je pense à Pierre ARDITI, qui, après deux moments de faiblesse sur scène, n'envisage pas de mourir en jouant, mais par ailleurs prétend ne pouvoir poursuivre son existence au-delà de sa capacité à monter sur scène.
Là, effectivement, il convient de reconnaître humblement que la vie vous a gâté....
Bisous chaleureux
Mais je pense qu'il est plus aisé de vivre pleinement l'activité professionnelle et post-professionnelle dès lors que l'existence vous place dans des situations favorisant la création et l'enrichissement personnel à partager.
SupprimerCette phrase m'interpelle. Cela voudrait dire que c'est "la vie" qui te place dans la position où tu es. Je persiste à croire que l'on se place tout seul dans sa situation, et que l'on peut toujours en changer. C'est mon côté ho'oponopono... Quel que soit le métier que l'on exerce, on peut en tirer un épanouissement personnel.
Je citerai à mon tour un film "Perfect Days" dont j'ai déjà parlé à mon retour du Japon, l'histoire de cet homme qui trouve du bonheur à nettoyer les WC publics.
Mais, comme tu le dis, chaque chemin de vie est unique.
Il conviendrait aussi de beaucoup s'interroger sur cette notion de « statue social » qui serait forcément lié au travail...
Bref, tu vois, de longues réflexions nous attendent encore, cher Petrus.
Pour ta dernière phrase, je suis d'accord : la vie m'a gâtée, mais je vais rajouter humblement que je l'ai un peu aidée. ;-) :-) :-)
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Comment ça Célestine ? Tu ne servirais plus à rien ? N'importe quoi !
RépondreSupprimerRepose en paix Jipé ; mais bon, justement, rien ne prouve que l'on se repose dans l'au-delà !
Ah ça c'est bien vrai, on ne se repose pas, on a d'autres occupations ;-) Belle nuit, Laureen
Supprimer@ Biche et Laureen
SupprimerVous vous lancez dans un débat qui dépasse mes compétences d'humble terrienne... :-)
Je ne m'avancerai pas sur ce point 😀
Bises à toutes les deux.
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J'ai la chance de vivre un travail qui me plaît, ce qui me pousse à jouer les prolongations au delà de la date à laquelle j'ai acquis tous mes droits. En prolongeant, non seulement je me sens utile (un peu, pour le moment, sans être irremplaçable) mais surtout le relationnel m'est agréable. Viendra pourtant, dans quelques mois, le moment de me retirer pour aller vers un nouveau rythme de vie. Je me suis accordé le temps de m'y préparer, de sentir venir ce changement et ce que cette perspective changeait en moi. Deux ans de retraite progressive, puisque cette possibilité existe, entre la pleine activité professionnelle et son arrêt définitif.
RépondreSupprimerJ'ai bien conscience que choisir ainsi de poursuivre au-delà de la date à laquelle l'arrêt est possible indique que mes conditions de travail sont agréables. J'ai bien conscience que d'autres n'ont pas cette chance et ne voudraient pas faire un jour de plus. Pour moi, qui suis adepte des transitions douces, c'est aussi prendre soin de mon équilibre que de préparer cette évolution. Cela me fait du bien, cela fait du bien à mes collaborateurs et mon employeur apprécie qu'ainsi la transmission se fasse en douceur. Ainsi, le jour où je partirai, tout sera en place pour je le fasse l'esprit serein, en étant sûr d'avoir offert les meilleures conditions de continuité.
Voila, c'était juste un aperçu de ma vision du passage de la vie professionnellement active à la vie librement active. Passage que tu sembles avoir parfaitement réussi ;)
Bises sereines
Quelle chance ont les gens qui aiment leur travail, ne regardent pas continuellement leur montre, ne trépignent pas d'impatience, trouvant que la pendule n'avance pas assez vite à leur goût !..Vous avez une belle philosophie du boulot, Pierre....Dommage qu'il y ait tant de boulots détestés, fait par obligation alimentaire. Finalement, on peut s'épanouir dans tout boulot, même les plus "chiants"...Mon mari discutait récemment avec un éboueur qu'il connaissait...Cet homme lui disait qu'il allait bientôt être en retraite, mais qu'il avait aimé son boulot, qu'il était content de se lever le matin à 3h, parce qu'il n'y avait pas de bouchon, parce que l'après-midi, il allait pouvoir aller à la pêche ou regarder le Tour de France à la télé...Lui aussi a une belle philosophie de vie....Heureux est celui qui sait débusquer les petits bonheurs n'importe où.
Supprimer@ Pierre
SupprimerJ'ai eu moi aussi la chance de vivre un travail qui m'a plu. J'y ai rencontré bien des gens, dont certains n'aimaient pas ce qu'ils faisaient, et arrivaient à l'école à reculons. Je me demandais comment ils parvenaient à tenir une situation intenable. C'était déjà difficile en aimant ça, parce que le relationnel avec les enfants est particulièrement usant. Alors en n'aimant pas ça... c'était incompréhensible pour moi. La vie les avait mis sur des rails, et ils pensaient sans doute que c'était trop tard pour trouver un aiguillage vers une autre voie.
Les jeunes aujourd'hui n'hésitent pas à changer de voie, même parfois radicalement. A la recherche de meilleurs conditions de vie, ils semblent beaucoup plus flexibles que ce que l'on était. Ou plus instables, diront d'aucuns ? En tout cas, l'augmentation du télétravail font qu'ils seront déjà habitués à rester chez eux si par bonheur ils parviennent à toucher une retraite... lol.
Cependant, si je puis te rassurer une nouvelle fois, le relationnel ne s'arrête pas avec le travail. Loin de là.
Je n'ai jamais eu une vie sociale aussi riche et aussi épanouissante que depuis que j'e suis partie de l'éducation nationale. Juge un peu : ne voir que des gens que l'on a envie de voir, et ne plus jamais être obligé·e de parler à des gens que l'on n'apprécie pas. C'est le rêve.
Et ne pas obligé d'être « actif » à tout prix, se garder de longues plages de contemplation, de méditation, de farniente, de lecture...C'est aussi un rêve éveillé que je vis tous les jours. Alors oui, tu peux dire que j'ai réussi ma transition. Et je te souhaite la même chose.
Bisous
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@ Julie de V...
SupprimerJ'aime bien l'histoire de ton éboueur. (Je préfère ce mot bien français à l'affreux mot de "rippeur" affreux barbarisme calqué sur l'anglais. Quelle satanée mode que de remplacer systématiquement nos mots par des anglicismes...). Il y avait dans le mot éboueur l'idée qu'il "enlevait la boue" c'est à dire qu'il faisait propre, cela rendait hommage à un métier extrêmement utile dont personne, même les ministres dans leurs bureaux dorés, ne peut se passer. En ce sens, un éboueur est beaucoup plus utile qu'un ministre, puisqu'on peut se passer de celui-ci pendant des mois, alors que celui-là fait cruellement sentir son absence au bout de quatre jours.
Ce ne sont pas les Marseillais qui me donneront tort... :-)
Je vais garder précieusement ta dernière phrase chère Julie : Heureux celui qui sait débusquer les petits bonheurs n'importe où.. C'est une sagesse qui me parle.
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Quelle merveilleuse personne tu es ! Sensible, intelligente, avec l'indispensable pointe d'humour même face au tragique. J'aurais pu ne jamais te connaître, mais comme le hasard fait bien les choses, j'aurai eu le bonheur de te rencontrer même si ce n'est que sur le Net. Je suis chanceux : j'ai eu un boulot que j'ai bien du mal à considérer comme un "travail" , j'y ai rencontré d'autres merveilleuses personnes que plus de vingt ans après je continue à rencontrer. Je n'ai jamais comme mon épouse considéré les vacances comme un truc indispensable, mais quand je l'y suis, je m'y trouve bien.
RépondreSupprimerJe sais que bientôt, tout ça va disparaître mais bon : je l'aurai vécu n'est-ce pas...
Comme je le répète souvent quand le chien qui est une chienne m'énerve : "Qu'est-ce que je serai content quand je serai mort ! L'ennui, c'est que je n'en saurai rien..."
Alors, en attendant, je n'ai qu'un refrain : "Oh, la belle vie !"
Et si tu doutes, je te le répète de vive voix : https://drive.google.com/file/d/1FUEoPlJ3bgS12RVHHmD5lEVV4tqY2Xru/view
SupprimerMon Boss adoré...ça m'émeut d'entendre ta voix, tu chantes drôlement bien.
SupprimerD'ailleurs tout ton commentaire m'émeut. Je suis certaine que tu fais partie de ces personnes qui s'éclatent n'importe où qu'elles soient : au boulot, en vacances, en retraite...
Chaque moment vécu comme une expérience nous enrichit et nous apporte de la joie. Même les pires épreuves. C'est l'alchimie de la vie. Elle change le plomb en or. La belle vie.
Merci❤️
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Je suis à la fois fataliste et verni, ça aide... ;-)
SupprimerLe suicide est pour moi un mystère, c'est un sujet qui m'interpelle beaucoup...J'ai connu plusieurs personnes qui se sont "foutues" en l'air comme on dit...Une cousine, belle comme le jour, à 16 ans, s'est pendue (jamais on a trouvé la réponse du "pourquoi?")..Il n'y a que l'Alzeimer qui a permis à sa mère de ne plus souffrir. D'autres personnes qui bossaient, burn-out on a dit...Le dernier en date, c'est mon fils qui m'en a parlé hier...Il a failli le découvrir lui-même, en voulant lui apporter une facture...Mais, comme il était en retard pour aller chercher son fils, il a dit "je lui apporterai demain"...Mais, demain était trop tard...Cet homme, un artisan, était empêtré dans les ennuis et n'en parlait à personne..Non pas qu'il n'avait pas de boulot, non, il en avait trop, tout le monde le réclamait...mais, il n'arrivait pas à faire ses papiers...Il était trop gentil, ne voulant pas causer de soucis aux autres, ne réclamant pas les factures... même à sa femme il ne disait rien, elle est tombée des nues quand elle a su qu'il avait des soucis, elle se pose 1000 questions du pourquoi il en est arrivé là...Les gens trop gentils se font "bouffer", sont à la merci des profiteurs...Cet homme avait 40 ans..usé par le boulot...C'est triste...Ton ami devait avoir d'autres problèmes, d'autres soucis d'ordre psychologique. Bien que j'ai appris il y a quelques mois, la mort d'un monsieur - par sa femme à qui je demandais des nouvelles de son mari "votre mari va bien ?" "il est mort, il s'est suicidé, il y a quelques mois" -..Gloup...Ce monsieur avait été un bel homme, avait joué les figurants dans des films et ne supportait pas de voir son corps changer, de n'être plus un play-boy devant qui les femmes se pâmaient...Quand il a pris sa décision, c'était un matin...Avec sa femme, ils avaient déjeuné tranquillement. Sa femme était allée dans la salle de bain..Quand elle est revenue, plus de mari, il avait pris sa voiture, était parti en pyjama, avait arrêtée sa voiture au bord de l'Allier et avait sauté dans l'eau..Rien ne présageait son geste...Pourquoi on franchit le pas à tel moment ou non ? Les gens se font des reproches "et si on s'était parlé et s'il s'était confié ?"...Non, je crois que, dans le cerveau, quelque chose à un moment donné "pète" et on y va, plus rien ne peut plus nous arrêter....Dire que les retraités sont inutiles, faudrait leur montrer à tous que si tous les retraités arrêtaient leur bénévolat, leurs voyages, n'allaient plus au resto, ne gardaient plus leurs petits-enfants, on verrait ce que ça donne...Bon dimanche....Je suis en retraite, mais, comme les actifs, je me sens en week-end le dimanche, car tout a une atmosphère différente, le silence dans la rue, un père ou une mère qui passe en vélo avec ses enfants me donne le sourire, un pépé parti acheter son journal, journal qui a une saveur différente le dimanche, surtout si en plus, le pépé revient avec 2 gâteaux, voir plusieurs en prévision peut-être de la visite des enfants et petits enfants...bon, là, j'extrapole.
RépondreSupprimerps : tout le monde se demandait comment mon mari qui avait bossé comme un dingue toute sa vie, allait aborder sa retraite...Et bien, il a été ravi, ravi de n'avoir plus les soucis de paperasse, un tue le boulot la paperasse..Au début, il allait aider sa "successeuse", continue à aller la voir, va saluer ses anciens clients, toujours ravi de les revoir et qu'on ne l'ait pas oublié, voir même d'anciennes clientes avoir encore une larmette au coin de l'oeil...Non, il a été heureux et a trouvé de quoi s'occuper..Il faut se trouver d'autres occupations à la retraite, même "bailler" aux corneilles peut être bénéfique, le nez au vent en humant les odeurs de la nature, en rêvassant béatement en ne pensant à rien....Tu devrais envoyer ton texte Célestine à la ministre du travail...
Pffiou ! Le moins que je puisse dire, c'est que le sujet t'inspire une belle logorrhée !
SupprimerQue répondre ? Tu donnes des exemples de gens qui ont commis l'acte ultime. Nous connaissons tous des gens qui un beau jour ont mis fin à leurs jours...Enfin, quand je dis un beau jour, c'est une expression.
Ils sont partis sans crier gare, sans rien dire à personne, sans même parfois laisser une lettre à leurs proches.
C'est incompréhensible.
Tu as un début d'explication quand tu dis que quelque chose, à un moment, disjoncte dans le cerveau.
Je suis assez d'accord avec ça. Le cerveau, ce grand inconnu, possède des systèmes d'auto protection assez bluffant. Le déni de grossesse en est un, extrêmement spectaculaire.
L'amnésie post-traumatique (voire la maladie d'Alzheimer elle-même) en sont deux autres. Des façons de se déconnecter d'une trop grande souffrance.
Nous avons la grande chance, toi, ton mari, moi, et bien d'autres, d'apprécier la vie de retraité et d'en goûter tous les avantages, en laissant de côté les inconvénients.
Mais cette attitude est celle de la sagesse, tout simplement.
Quant à la ministre du travail, je ne suis pas sûre qu'elle prenne le temps de lire mes états d'âme. Ça, ce serait dans un monde idéal où la voix des citoyens seraient entendue même en dehors des urnes.
On peut rêver, cela dit. On a le temps, on est à la retraite..😉
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Bonjour Maîtresse, comme j'aime votre indignation respectueuse de cet incompréhensible événement.
RépondreSupprimerComment les enfants vont accepter l'affreuse probabilité que leurs papa passait son travail avant eux ?
Mais je ne juge pas, il faut du courage pour se suicider...
Merci pour ce billet !
Douce soirée Célestine, bises chaleureuses.
Bonjour ma Julie
SupprimerTu poses là une question très intéressante, à laquelle je n'avais pas réfléchi.
Que peuvent penser ses enfants, comment peuvent-ils accepter ?
Je crois que le désespéré n'a plus la capacité de penser à ses enfants ou à son conjoint au moment où il passe à l'acte.. C'est ce dont nous parlons plus haut avec Julie de V. Quelque chose qui se détruit irrémédiablement dans le cerveau.
C'est la différence avec les "tentatives de suicide", où la personne veut simplement lancer un appel au secours, faire un geste symbolique mais non létal. Dans ce cas, la pensée des proches et de leur réaction maintient la personne en vie.
Certes, de notre point de vue, il faut du courage pour en arriver là.
Mais le cramage des neurones doit impacter aussi la notion de peur ou de courage...
Bref, gardons-nous de juger, et continuons à nous indigner respectueusement.
C'est le moins que nous puissions faire.
Bisous ma Julie
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Jipé n'a pas trouvé le chemin vers lui-même. Tant qu'il était occupé à travailler, à s'activer ici et là, le vide intérieur était en partie camouflé, il n'avait pas trop le temps de le ressentir.
RépondreSupprimerMais certains événements comme ceux que tu énumères Célestine laissent soudain toute la place à ce vide abyssal et ça devient si insupportable qu'il y a danger de poser le geste définitif.
Il y aussi l'identification au personnage qu'il avait été et n'était plus. S'il puisait sa valeur dans ce personnage fonctionnel alors à la retraite il ne se voyait plus de valeur... il n'était plus personne et pour se réjouir de n'être personne il faut d'abord se connaître soi même, connaître sa valeur inhérente.
J'ai toujours trouvé énigmatique la phrase au fronton du temple de Delphes reprise par Socrate qui revient à dire : "Qui suis-je???". L'intellect ne peut répondre à cette question. Il faut laisser le silence y répondre et ça peut être long. kéa
Moi, ce que j'ai envie de te demander, Celestine, c'est si tu aimes les fraises nature ou en confiture, et surtout, surtout, est-ce que tu aimes Brahms ? :)
Supprimerok je sors ----->
:)
@ Kéa
SupprimerOui. Qui suis-je ? Connais-toi toi-même. Le temple de Delphes, j'y étais en mai 2019. Notre guide nous avait longuement parlé de cette maxime, la plus importante selon lui, pour avancer en harmonie dans la vie.
Il est certain que l'identité, quand elle est entièrement fondée sur la fonction, s'écroule quand on perd cette fonction, et ainsi, on pense n'être plus rien, ni personne.
Pour se réjouir de n'être personne il faut d'abord se connaître soi même, connaître sa valeur inhérente. Tu as tellement raison. Et c'est si difficile dans ce monde qui ne fait plus aucune place au silence, justement... C'est pourquoi je répète comme un mantra dans ces commentaires, que la retraite, ce n'est pas forcément empiler des tonnes d'activités, mais c'est aussi et surtout trouver le chemin vers soi-même, en passant de longues heures à être, simplement.
Merci ma Kea, pour ton commentaire humain et respectueux, qui explique sans juger.
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@ Gemini cricket
SupprimerRhôô ma bestiole, tu es de retour !
Alors personnellement je préfère les fraises nature, mais avec un peu de sucre pour leur poudrer de blanc le bout des tétons. Et pour Brahms, j'adore les valses pour piano, et les danses hongroises. Elles me rappellent l'enfance, quand je me faisais un tutu avec un vieux rideau de tulle, et que je dansais sur un trente-trois tours de la Deutsche Grammophon.
Merci pour ton petit clin d'oeil joyeux, personne ne t'a demandé de sortir !
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