« La peur, c'est l'enfant en nous qui panique. »
Tahar Ben Jelloun
C'est drôle la vie. De temps en temps, on tombe sur une vieille photo, et une flopée de souvenirs nous revient au visage, comme un paquet de mer par forte houle.
Il y a eu une époque de ma vie où j'avais un chien. Il s'appelait Boulou. Quel amour ce chien !
C'était une sorte de briard croisé porte et fenêtre. Un bâtard, pour tout dire, mais si attachant, si drôle, si affectueux avec ses yeux comme deux olives noires derrière sa frange de poils. Moi aussi je portais déjà la frange qui ne m'a plus quittée, ma marque, mon rempart derrière lequel j'ai dissimulé longtemps mon regard, de peur que l'on me dévoile le coeur...
C'est drôle la vie. Parce qu'à cette époque, je n'avais pas encore peur des chiens. J'ai quoi sur cette photo ? Trois ans ? Quatre ans ? Nous jouions dans le jardin, mon frère et moi. Je vous ai déjà parlé de mon frère Mike, le compagnon de jeu préféré de mes tendres années. J'en avais parlé ICI. Et une autre fois, LA.
Nous jouions et Boulou se prêtait à nos jeux. Qu'il était mignon avec son chapeau... Et moi, je me trouve craquante avec ma poupée Bella, et mon petit menton volontaire. Avec cette émouvante innocence que je retrouve chez mes petites étoiles.
Un jour, premier trauma, il y a eu le chien de la mère Mac Miche, une sorcière aux dents jaunes qui terrifiait tous les bons petits diables sur le chemin de l'école. D'habitude, il se contentait de montrer ses crocs baveux derrière la vitre noire de son antre. En aboyant d'une voix rauque comme un forcené. Mais ce jour-là, le dogue était sorti, il errait en liberté, et divaguait au soleil, ivre d'avoir été trop longtemps confiné.
J'ai été terrorisée.
Au point d'avoir développé une phobie, que je n'ai commencé à soigner que récemment. Sous hypnose. Avec de bons résultats, puisque je ne pars plus en courant quand un chien s'approche de moi à moins de trois mètres.
Mais toute ma vie, j'ai eu cette peur bleue chevillée au ventre.
C'est drôle la vie. On développe des aversions, des névroses, des angoisses sans nom, qui puisent leur racines dans le tréfonds du berceau de l'enfance. Dans la délicate malléabilité de nos jeunes cerveaux. Et puis un jour, il arrive que l'on parvienne à les vaincre. Par un long et lent travail d'apprivoisement. Parallèlement à celle des chiens, j'ai surmonté ainsi ma hantise de l'obscurité, ma peur viscérale de l'eau, et d'autres blessures de l'âme encore que je tairai ici.
Et ce chemin de reconquête de moi-même, j'en suis fière.
Sous la frange, ça s’arrange … 😘🥂
RépondreSupprimerMoi, aussi j’avais peur. Peur parce que j’étais gaucher et donc maladroit. Peur parce que j’étais trop lent, tête en l’air, que je vivais entre deux mondes. Peur parce que l’école c’est un monde tellement différent de la maison. Peur parce qu’on a toujours peur quand, enfant, on découvre un monde nouveau. Et puis je m’étais trompé de classe et la première maîtresse m’avait renvoyé sans ménagement. J’avais erré dans des couloirs déserts et j’étais arrivé en retard dans ma « vraie » classe. Je m’attendais à être grondé, moqué par « les autres».
RépondreSupprimerMais il régnait dans la classe un silence étonnant, apaisant. D’un sourire la maîtresse m’indiqua une place au premier rang. Elle parlait doucement, prenait le temps de ses phrases. Et elle me regarda : je vis une grande frange et dessous deux grand yeux bleus qui semblait contenir tout le ciel.
Mon cœur se mit à battre plus lentement, mon émotion se calma, tout devenait paisible.
Ce jour là, je sus que j’allais être un bon élève, amoureux de cette maîtresse, qui circulait doucement entre les tables dans une douce odeur de parfum léger.
C’était peut-être vous, jolie Celestine. J’ignorais vos peurs. Vous connaissiez les miennes…parce que vous n’aviez pas oublié d’être une enfant.
Si je vous avais rencontré adulte je serais sans aucun doute devenu amoureux, de cette frange, de ces yeux, de ces peurs….mais ça n’est pas arrivé. Dommage ! Je resterais donc votre petit nouveau, chère maîtresse à la frange.
Le petit nouveau.
Très belle réflexion sur la peur et les blessures ….merci Célestine
SupprimerTu nous aides à voir le chemin parcouru dans notre vie .
On oublie souvent de se féliciter pour nos victoires même si elles semblent insignifiantes.
Petite , j’ai eu un chien, un amour dé chien qui lui me protégeait des adultes malveillants….J’ai une photo où il a la même taille que moi assis à mes côtés tout contre moi , je me sentait plus en sécurité avec lui ….
Ce chien était bien éduqué .
Un animal sans amour ou un animal éduqué pour attaquer c’est une incitation à la violence ..
Et puis un animal sans cadre aussi . Ma grande fille a peur des chiens ….oui mais quand un chien de la famille mord ….et que cela ne semble guère grave pour son ou sa propriétaire !!!!
Ce texte me donne espoir .
Il me reste encore beaucoup de peur à vaincre pour dépasser mes blessures de l’enfance et même celles du monde des adultes .
La confiance en soi peut réapparaître à tous les âges .
Il suffit de lire des textes inspirants comme le tien , de rencontrer les personnes qui nous correspondent vraiment pour déjouer nos peurs au fil du chemin de notre vie .
Si on fait la somme de la peur de l'eau, de la peur des chiens et de la peur de l'obscurité, il ne fait pas bon rencontrer un vieux loup de mer la nuit à Concarneau. On se relit "Le Chien jaune" de Simenon ? ;-)
RépondreSupprimerAie aïe aïe, dois-je te dire que sino-astrologiquement, je suis du signe du chien... Puis-je malgré tout rester ton frangin de cœur ? :-D
RépondreSupprimerTi bacio forte Sorellita e TVB
J'ai, à mon corps défendant, un chien (qui est une chienne). Il aboie sur tout ce qui bouge et même ne bouge pas, si on devait se rencontrer (tous les rêves sont permis) ailleurs que sur le net, je l'enfermerais quelque part.
RépondreSupprimerC'est très bien les franges, ça intensifie le regard ! ... Comme si tes jolis yeux avaient besoin de ça !
Moi, j'avais des nattes! 😁💖🐻
RépondreSupprimergros bisous!
😊
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