Pelures d’oignons
Un mien ami blogueur déplorait l'autre jour
d'être si éloigné de moi, avec cette phrase absolument bouleversifiante,
sous des dehors de pensée toute faite. « Pourquoi être séparés des gens
qu'on aime ? »
En voilà une question qu'elle est bonne ! Si je le
savais...
Mais tu as raison, mon ami, nous sommes toujours
fatalement séparés des gens que l'on aime.
Cela commence avec cette coupure nette du cordon, dans
le sang, les larmes et l'émotion. Pendant que Tata Janine et oncle Bernard
gagatisent devant notre trogne bouffie et rougeaude de nourrisson fraîchement
débarqué sur terre, nous, on se remet à peine du premier coup de ciseau, couic,
celui qui signifie: « Te voilà prévenu, chaque fois que tu seras bien au
chaud, lové béatement dans un truc doux et chaud, il te faudra tôt ou tard t’en
séparer, et ta vie ne sera qu'une longue suite de liens qui se rompront, et
d'amarres qui te largueront »
Un autre blogueur ami se demandait, à propos d'autre
chose, mais peu importe, si « La vie ne se foutrait pas un peu de
notre gueule, par hasard ? »
Je plussoie. La vie se gausse de nous, cette maraude.
Cette pleutre faquine.
Elle nous fait rencontrer ou mettre au monde des êtres
délicieux, pour ne pas dire adorables et s'ingénie à nous en séparer à plus ou
moins brève échéance, pour tout un tas de raisons fallacieuses et irrecevables.
Nous sommes un peu comme des atomes ou des électrons, je ne sais pas
trop, vous savez moi la physique-chimie, enfin bref des éléments de matière
propulsés en tous sens dans un ordre aléatoire. On se croise, et puis chacun
continue sa route...
La vie nous hâche, nous émince, nous cisèle comme des
oignons.
Alors
on conjugue « tu me manques » à tous les temps et toutes
les sauces. En épluchant quelques bottes de ces satanés oignons.
Ou mieux, on cultive notre lumineux trésor intérieur . Car c'est là que se trouve le manuel de survie.
Ou mieux, on cultive notre lumineux trésor intérieur . Car c'est là que se trouve le manuel de survie.
¸¸.•*¨*• ☆
Ce que tu décris me rappelle douloureusement quelque chose. Je me pose indéfiniment la même question depuis quelques temps, et je me demande "Pourquoi ? Pourquoi la vie nous fait-elle rencontrer des êtres délicieux et qui nous nourrissent, pour ensuite s'ingénier à nous en séparer ?"
RépondreSupprimerN'y aurait-il moyen de lui faire un pied-de-nez pour conserver le lien ?
Parce que de mon côté, "tu me manques", c'est au présent que je le conjugue en ce moment...
"Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi,
Parfois on les regarde telles qu'elle pourraient être en se disant pourquoi pas..."
...'fin moi, Jdirien...
Binvoilà, le voilà à sa place, ce com'
Faire un pied de nez à la vie ? Ne risquerait-elle pas de nous le faire payer ...
SupprimerConserver le lien ? Nous le faisons, naturellement, chaque fois que nous pensons aux être aimés.
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Pas mieux que Jdissa.
RépondreSupprimerDans ce manuel de survie intérieure que j'évoque en fin de texte, il y a cette faculté à se dire que les êtes aimés ne nous appartiennent pas, pas plus qu'on ne leur appartient, et qu'il serait de toutes façons impossible de partager la vie de tous ceux que l'on aime, a commencer par ses enfants, ceux à qui je pense en premier quand je parle du manque ou ses parents. Mais ce peut être aussi une mère, un frère, tous ces chers disparus qui hantent notre mémoire. Et bien sûr les rencontres amoureuses. Inévitables a moins d'être une sainte dans sa niche, comme disait le " code soleil" des instituteurs...
RépondreSupprimerSavoir se détacher des liens, ou ne pas vouloir se laisser enfermer, c'est peut être une façon de se préparer à souffrir de l'absence, la seule inéluctable. Celle de la mort.
Si pied de nez il y a, c'est plutôt à la mort qu'il faut le faire. Et semer des fleurs dans les trous de son nez, comme l'ami Georges.
Pour toutes les autres, nous vivons une époque formidable, pleine de blogs, de mails, de tweets, de textos, de skype et toutes ces merveilleuses inventions qui relient les gens. Elles n'ont pas très bonne presse, et pourtant, c'est doux de savoir que les gens sont là, à portée de clavier...
Bien a vous
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Pas mieux.
RépondreSupprimerLes plus belles rencontres sont celles qui perdurent malgré la distance quelle qu'elle soit. <3
RépondreSupprimer"Par définition, l'homme est situé dans l'espace et dans le temps et il n'accepte ni l'un ni l'autre.
RépondreSupprimerDans l'espace, c'est-à-dire dans la multiplicité. Dans le temps, c'est-à-dire dans le changement. Tout être humain dès sa conception, dès qu'un ovule et un spermatozoïde ont fusionné, se trouve devenu une individualité parmi beaucoup d'autres (ô combien!) coupé du Tout ou de la Totalité, limité, défini, circonscrit, relatif, conditionné, ayant un début et allant vers une fin. A partir de la naissance, avec l'arrachement au sein maternel, l'enfant va de plus en plus s'éprouver comme un être distinct, isolé et soumis à l'écoulement du temps. Or, cela, personne n'en prend et n'en a jamais pris totalement son parti. ... aucun être humain ne peut accepter de se trouver parfaitement heureux dans cette situation de séparation et de soumission au temps qui le condamne à vivre dans la menace. C'est l'analyse psychologique fondamentale du Bouddha : cette individualité, cet ego, ce sentiment de la dualité (du moi et du non-moi, du mien et du non-mien), la certitude d'être Monsieur, Madame ou Mademoiselle Untel ne peut produire que la souffrance. S'il y a nous et le reste de la Création ou de la Manifestation, cet autre que nous peut nous être favorable ou défavorable, peut nous agrandir ou, au contraire, nous nier ou nous détruire. . Et c'est en effet comme cela que ça se termine toujours. Aucun corps humain n'a jamais eu le dernier mot.
(Arnaud Desjardins, les chemins de la sagesse)
et, au sujet de la photo : '
"ça n’était pas grand chose,
ça n’était pas grand chose que cet oignon coupé en quatre sur le bord de la table
ça n’était pas grand chose,
et pourtant, ça vous tirait les larmes des yeux....
Merci pour cet extrait qui resitue bien les choses.
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Bon, ici, il n'y a pas plus de 100 commentaires ; alors, je puis laisser un mot... Merci pour votre passage ; à moi de faire "coucou". Dans la Revue de blogs, aussi, ce soir. Ensuite... Bien à vous ! Olivier SC
RépondreSupprimerMême s'il y avait deux cents commentaires, je réponds à chacun^^
SupprimerMerci beaucoup pour votre passage en retour.
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