22 décembre 2025

Le chalet aux mille bonheurs





Quand j'étais enfant, mon rêve de Noël ressemblait à ça. 
Je rêvais d'habiter un chalet de bois, dont les fenêtres brillaient au creux de la nuit glacée. 
Cette chaude lumière signifiait qu'il y avait de la vie. Chaque chalet était comme un coeur battant dans la vallée noyée d'ombre. Sous la splendeur infinie d'un ciel d'hiver. Il y avait bien sûr une belle cheminée et une grand sapin tout étincelant de paillettes. Et des enfants, assis devant, l'espoir au front, attendant la venue du gros joufflu à la hotte en chantant des christmas carols ...
Mon imagination de fillette rêveuse, transformait notre appartement citadin, trop petit pour une famille de sept, en ce somptueux chalet. Le sapin était petit, lui aussi, mais il exhalait cet incroyable parfum de résine que je n'ai plus jamais retrouvé depuis. Toute la forêt dans un salon. Mon père sortait les santons, et fabriquait son décor, jamais le même, avec du papier spécial, solide, couleur marron glacé. La magie pénétrait dans les lieux au moment précis où il éclairait la crèche. L'ensemble trônait sur le buffet de la salle à manger. On posait les rois mages loin sur une étagère, et chaque jour il nous faudrait les faire avancer un peu plus vers la crèche. Jusqu'au 6 janvier. Tout était jeu pour nous. 
Chacun à son tour accrochait à l'arbre une guirlande, une boule ou une étoile. On dessinait sur les vitres. On allumait des bougies aux fenêtres et c'était beau. Dehors, dans leur flamme tremblante, l'air vibrait d'une senteur inimitable. Indicible. Je l'appelais le parfum de Noël. 
Mon père nous emmenait faire une promenade nocturne, emmitouflés comme autant de lutins derrière un géant de sept lieues. Mes frères allumaient des pétards, des feux d'artifice, on mettait un joyeux bordel dans le quartier. Le dabe s'amusait autant que nous. Les hivers fastes, on avait même droit à un peu de neige, et là c'était la folie des batailles.
Ma mère restait à la maison, en rouspétant après lui qu'il allait nous faire attraper la mort. Mais quand on rentrait, rouges comme des lumignons, sur la table en formica elle avait dressé une belle nappe, avec des huîtres, du boudin blanc, des escargots, du saumon, des oeufs en gelée, et du gâteau roulé à la framboise. Tous ces mets que l'on ne mangeait qu'une fois par an. 
C'était le seul soir où on avait le droit de veiller jusqu'à minuit passé, en se bourrant de papillotes et de mandarines, et en jouant au monopoly. Mon père lançait le Golden Gate Quartett sur le tourne-disques. Joshua fit the battle of Jericho, Jericho, Jericho... 
C'était chouette.
On repartait quelquefois à la messe de Minuit, pour voir la crèche vivante. Mais l'heure de se coucher finissait toujours par arriver et je n'en avais pas envie. Mes yeux clignotaient d'excitation. Un jour... Je le fis. 
Je voulais tellement apercevoir le traîneau, et vérifier de visu si les rennes allaient vraiment boire le lait et manger les carottes qu'on laissait pour eux dans une écuelle à côté de nos souliers... C'était un peu avant l'âge où le scepticisme s'insinue en soi, comme un venin, alors que l'on aimerait y croire encore. 
Quand il n'y eut plus de bruit dans la maison, mon oreiller sous le bras, je me mis en faction dans le couloir. De là, je ne pouvais pas louper son entrée. J'attendis longtemps, guettant chaque bruit suspect, avec ma tête de mule de bélier.
Aux dires de ma mère, car je ne m'en souviens pas, elle me trouva à quatre heures, dormant en boule comme un chat sur le carrelage glacé. Et le matin, avec leur magie régulière et énervante, les cadeaux étaient là. Je n'avais rien vu.
Je réalise que mon père Noël, celui qui me mettait des étincelles et du baume au coeur, c'était essentiellement mon père.
Mes noëls d'enfant étaient heureux. 
Plus tard, ils le furent moins. Parfois même, plus du tout. Ainsi va la vie, n'est-ce pas ? Du fiel et des confitures, des caresses et des griffures. 
Aujourd'hui, je me sens réconciliée avec la fête. Le chalet de mes rêves est là. Sur la colline aux écureuils. La vie me couvre de cadeaux.
Les enfants vont arriver, les yeux brillants. On va manger, rire, danser, lire des histoires, ouvrir des paquets. Malgré tous les malgré, ce sera un noël heureux.
Je vous le souhaite aussi, du fond du coeur.
Joyeux Noël, mes amis.

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*ӝ*
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*♥ ♥*
* ♥Joie ♥*
*♥ ӝ •. ♥*
*♥♦ Espoir  *
*♥♥ ӝ ♥♥*
*♥Paix ♥ Amour♥*
*♥•.♥•♥♥•♥*
*♥ .Joyeux. ♥*
*♥ӝ♥•.♥•ӝ♥*
*♥ ***Noël*** ♥*
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4 commentaires:

  1. Dernier Noël ici pour 'nous tel que tu le décris ci dessus ....la neige est là, le sapin joliment décoré et éclairé, les 17 membres de la famille arrivent aujourd'hui. Chinou est "à la fête" pendant quelques jours. Je ne sais pas décrire comme tu le fais si habilement l'ambiance qui règne et le bonheur d'être entourée par tous.......tout simplement je le vis intensément, avec cependant une pensée pour ceux qui n'ont pas ma chance. Je t'embrasse fort.

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  2. Ton texte est un vrai cadeau de Noël. Tu m'as rappelé qu'effectivement, chez nous aussi on "reconstituait" le périple des rois mages. Y a que les cadeaux : dans la région de mon enfance, Saint Nicolas les avait déjà amenés le 6 décembre...
    Tu me rappelles aussi que j'ai été un "fondu" de Jazz, mais qu'aujourd'hui, le Joshua du siège de Jéricho où les murs s'écroulent m'évoquerait bien un peu Netanyahu, faut vivre avec son temps, hélas...
    Merci pour tes vœux ! T'en faire de tout pareils en retour me semble un peu vain : je partage ta certitude que ton Noël sera merveilleux : tu l'as écrit !
    Bises, chère nièce de mon neveu !

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  3. Un tout petit châlet au pied du Mont Cervin, en rêve depuis toujours. Je vais m'enfuir avec Souchon 😂
    Mauvaise blague à part, ton billet me touche à fond... Une réponse adéquate va me prendre un peu de temps 😊 À bientôt, Maîtresse enchanteresse. Passez de bonnes fêtes également.
    Gros bisous 😘

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.