27 janvier 2010

Considérations philosophico-digestives

Mon système gastrique et intestinal a subi ces jours-ci quelques perturbations que l'on pourrait qualifier du doux euphémisme de "dérangement". En réalité, un méchant virus. Deux nuits blanches. Du Vogalène et du Spasfon. Et une lassitude extrême. 
La question restant posée, au-delà des plates certitudes allopathiques: qu'ai-je bien pu ne pas digérer?
Le froid, peut-être, qui s'éternise au-dessus de nos têtes. 
Ce savant venu nous expliquer très sérieusement que le soleil ne chauffe pas en ce moment, calme plat à la surface solaire, pas une éruption, rien. Comme si l'astre s'était assoupi.
Ou bien la face mielleuse de notre agité du bocal national expliquant aux Français combien ils sont bêtes, combien ils n'ont rien compris à sa politique, tellement qu'elle est bonne, tellement que le chômage va baisser, tellement que les patrons ont le droit de gagner beaucoup de sous mais pas vous.
Ou bien le défaitisme syndical qui assortit maintenant chaque grève, chaque action  un peu militante.
Ou bien cet éditeur véreux qui me demande 3000 euros pour mon manuscrit qu'il a - évidemment- trouvé très bien ...Tu parles, à ce prix là, même les expressions écrites de CE1 sont bien.
Ou bien un peu tout à la fois?
Pourtant, la semaine n'a pas eu que des reflets gris.
Il y a eu aussi l'anniversaire de ma chère mère, un succulent repas entre amis (même si je n'ai pas mangé grand chose, eu égard à mon pauvre estomac tout chamboulé) l'annonce que mes élèves ont gagné le concours d'écriture sur lequel ils ont planché en novembre, la venue dans notre classe d'une illustratrice jeunesse vendredi prochain, la conclusion heureuse d'un dossier épineux qui m'opposait au grand fournisseur d'accès internet mobile couleur d'agrume (qui contient parfois quelques pépins) ah! quelle joie de voir l'adversaire reconnaître ses torts et s'aplatir devant vous comme une galette bretonne.
Donc, plein de bonnes choses aussi. Somme toute, une semaine ordinaire, quoiqu'en y réfléchissant bien, cette semaine là avait quand même quelque chose de particulier: c'était, mais oui, messieurs mesdames, c'était, tenez-vous bien, la semaine qui marquait pile la moitié de l'année scolaire. 
Et si c'était tout simplement cela que je n'avais pas digéré: la façon maligne qu'a le Temps de passer, toujours plus vite...


23 janvier 2010

Une belle histoire

23 janvier 1930
Une petite fille ouvre ses grands yeux bleus sur le monde. Gaston Doumergue est à la barre. Les numéros de téléphone ont un seul chiffre , le joueur français Henri Cochet remporte Roland Garros. Dans le village, il n'y a que trois automobiles. L'eau courante ne l'est pas encore vraiment dans les campagnes.
On n'est pas encore tout à fait sorti de la Grande Crise. Au loin la rumeur gronde qu'il se passe des choses , de drôles de choses,de l'autre côté de la ligne bleue des Vosges.
Mais la petite fille grandit entre ses parents et son petit frère, dans l'insouciance d'une enfance protégée, telle Heidi entre les montagnes aux glaciers translucides comme son regard. Son père construit de ses mains la maison où elle vit toujours aujourd'hui. La TSF passe Lucienne Boyer qui chante "Parrrlez moi d'amourrr, redites moa des choooses tendreuuuuh".
Hergé crée Quick et Flupke, et Tintin au Congo. En Inde, un petit homme nommé Gandhi lance sa révolution sans violence.
La petite fille grandit et devient une belle jeune fille. Les bombes s'abattent sur son adolescence, les privations, les tickets de rationnement, la peur, les raffles, la Kommandantur. Dans sa pension, elle mange mal, mais elle espère toujours en des lendemains meilleurs, elle joue, elle prie, elle chante. La maison de son père est criblée de balles allemandes.
Elle a 14 ans et les soldats américains débarquent sur la place du village. Il y a les Hawaïens qui ont toujours froid et les gars de l'Alaska qui ont toujours chaud.
Quinze ans ont passé. La vie s'écoule, tranquille, entre le magasin aux mille articles de ses parents et ses bonnes amies du pensionnat qu'elle n'a jamais quittées. La jeune femme attend toujours son prince charmant, et il arrive  enfin, sous les traits d'un beau militaire, alors que le chapeau de Sainte Catherine est fané depuis longtemps déjà. Il ressemble à Grégory Peck. Elle l'épouse.
Elle le suit dans d'autres montagnes, et ils fondent une grande famille magnifique .Trois enfants en trois ans, dont un , petit ange, ne faisant qu'une apparition fugace sur cette terre, emporté par la maladie dans son sommeil de nouveau-né. Mais un autre enfant paraît, puis un autre, et un autre encore.
Il faut partir à la ville, vivre dans un appartement, elle qui n'a jamais connu que sa montagne. A quarante ans, elle se retrouve fée du logis, à la tête d'une famille nombreuse, l'intendance, les lessives, les courses, le ménage, les petits et les grands bobos. Epaulée par un mari exemplaire. Sans jamais se plaindre. En pestant et râlant contre les inventions modernes comme la cellophane ou le plastique. Mais bien contente quand la machine à laver arrive enfin,  en 69 (année érotique), pour soulager ses pauvres mains pleines de crevasses. Non, là,  elle ne râle pas contre cette invention, elle trouve que c'était la moindre des choses. Elle élève ses enfants dans la joie, l'amour, le culte des petites choses simples. Elle aime leur raconter ses souvenirs, parler niçois, évoquer mille anecdotes de sa jeunesse, discuter avec eux de tous les sujets, jusqu'à des heures indues, cuisiner...ah! oui, cuisiner...Les farcis, la pissaladière, la dorade, la daube et la blanquette , la ratatouille,  le bon veau et les bons gnocchi. Elle ne manque jamais une réunion de parents d'élèves,  tricote, lit, parle, chante, toujours gaie, jamais malade. Les épreuves et les soucis n'entament pas son énergie. Jamais. Mais la ville et le climat lui pèsent. Le vent du nord lui tape sur les nerfs.
Alors quand  Grégory Peck prend sa retraite, c'est le retour vers ses paysages d'enfance. La maison de son père est toujours là, une balle allemande restée fichée quelque part dans un de ses murs, comme pour dire à toute la descendance: "N'oubliez jamais".
Un , deux trois...jusqu'à huit petits enfants arrivent entre 1987 et 1998 , et tous petits et grands, aiment à se retrouver autour d'elle, régulièrement, elle qui n'a rien perdu de sa pêche, de son enthousiasme et de sa candeur. Elle dont les yeux savent encore enfiler sans lunettes une aiguille . Elle qui n'a jamais conduit une voiture, elle qui ne sait pas faire du vélo, mais qui a fait deux fois le tour de la terre à pied, et saute encore à la corde comme la petite fille qu'elle n'a jamais cessé d'être, au fond d'elle même. Droite comme un i malgré le poids des ans. Toujours partante, toujours occupée, toujours en projet, toujours en pétard contre Sarko et consorts, mais toujours contente d'avoir du monde autour d'elle, toujours en train de lire, de se cultiver, d'aller au cinéma ou à des conférences, qui tient le compte de tous ses petits enfants, leurs activités, leurs emplois du temps, leurs résultats scolaires et leurs peines de coeur. Une vraie grand-mère comme on en rêve.
 23 janvier 2010
Cette petite fille , c'est toi maman, toi qui m'as fait cadeau de la vie, et surtout du ciment qui m'a aidée à me construire. Tu as quatre-vingts-ans aujourd'hui et tu es la plus jeune de nous tous.
Et dans tes yeux plus bleus que jamais, je vois briller la joie d'être l'héroïne de cette si  belle histoire.

20 janvier 2010

Bienvenue au club (pour ms)



Je vais fonder un club de "lâcher prise". J'y invite tous ceux et celles qui se laissent "bouffer" depuis trop longtemps par les conventions, les idées toutes faites, les évidences des phagocytes de tous poils qui les rongent .Tous ceux et celles qui en ont assez des relations toxiques de ces donneurs de leçons, les "je sais tout" les adeptes du "m'as-tu vu" et du "qu'en dira-t-on". De ces  coincés du bulbe qui nous empêchent de tourner en rond, d'aimer, de vivre et de simplement respirer par leurs attitudes bien-pensantes.  Les pompeurs d'oxygène et leur commisération condescendante et affectée. De leur air de nous prendre toujours pour des gourdes ou des imbéciles. De l'air, de l'air! Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère? Oh que oui!

Car il me semble que le fil rouge, sur les blogs de beaucoup d'entre nous,  c'est ce poids que l'on traîne derrière soi de culpabilité enfouie, de colères non-dites, d'exaspérations anciennes, de soupirs contenus , c'est  aussi ce magnifique amour que l'on porte aux autres, et qui est loin d'être  toujours payé de retour, ce sont ces interrogations existentielles de milieu de vie, lorsque l'on fait enfin éclater le carcan des habitudes, comme une bogue de châtaigne lentement chauffée au soleil d'octobre. Doucement. On entend craquer les entournures, on étouffe dans notre ancienne peau devenue trop petite pour nos nouvelles aspirations."Ne plus se prendre la tête pour des gens qui n'en valent pas la peine".
Oh comme je comprends cette soudaine résolution de ne plus se faire avoir par les soi-disant bons sentiments. "Trop bon, trop bête" disait ma grand-mère. Sage décision que l'on prend , un jour, de redresser la tête et de poursuivre sa route sans ce pesant complexe.

Comme j'adhère à ce besoin de faire voler en éclat les mesquineries, les préjugés, les petites radineries ordinaires. Fuir loin de ces  existences étriquées de basse-cour.
Comme je comprends que la blanche colombe ait l'envie irrépressible de prendre  son envol vers des cieux plus bleus, plus purs.Qu'elle ne sache pas supporter plus longtemps d'être rabrouée, critiquée, rabaissée, jugulée, bâillonnée.
Et combien j'admire, au petit matin, le sillage évanescent que ses nouvelles ailes ont laissé dans l'azur...

Pour faire plaisir à Marie Madeleine...


  Le tag est une petite convention mondaine des blogs. Mais l'on s'y plie de bonne grâce pour peu que l'auteur en soit quelqu'un d'éminemment sympathique comme Marie-Madeleine, par exemple, qui m'a stigmatisée d'un clic innocent...

Les livres et la lecture

1-Plutôt corne ou marque-pages:
Ni l'un ni l'autre . Je laisse mon livre ouvert posé à l'envers,là où j'ai lu pour la dernière fois.
2-As-tu déjà reçu un livre en cadeau?
Très souvent. Quand les gens connaissent notre goût pour la lecture, ils savent qu'ils font toujours plaisir avec un livre.
3 -Lis-tu dans ton bain?
Jamais
4-As-tu déjà pensé à écrire un livre?
Mon premier manuscrit est chez les éditeurs...Qui va l'aimer?
5-Que penses-tu des séries de plusieurs tomes?
En général, dans une série, c'est toujours le premier que je préfère...
6-As-tu un livre culte?
L'Ecume des Jours de Boris Vian est le livre qui a déclenché mon amour de la littérature. J'avais quatorze ans. En ce sens, c'est peut-être lui, mon livre fétiche?
7-Aimes-tu relire?
Oui, pour certains livres.Plusieurs lectures d'un très grand roman permet de découvrir sans cesse de nouvelles strates au fur et à mesure de son chemin personnel. J'ai ainsi lu plusieurs fois Alice au pays des Merveilles, exemple absolu de l'histoire multi-niveaux, du conte naïf et abracadabrantesque à l'essai philosophique.
8-Rencontrer ou non les auteurs des livres qu'on a aimés?
J"adorerais. Mais la plupart sont six pieds sous terre!
9-Aimes-tu parler de tes lectures?
J'aime faire partager mes coups de coeur à ceux qui aiment lire.
10-Comment choisis-tu tes livres?
Au titre et à l'envie du jour...
11-Une lecture inavouable?
J'assume toutes mes lectures. Il m'arrive de relire Fantômette mais je l'avoue.
12-Des endroits préférés pour lire?
Au soleil au bord de la piscine, avec les pieds dans l'eau.
13-Lecture en musique ou en silence?
Hein? Quoi? J'ai pas entendu, je lisais...
14-lire un livre électronique?
Beurk, ben non, alors!
15-Un livre pour toi serait?
Oui, bizarre cette question.Le livre idéal? Le livre qui me rendrait célèbre...
16-Lire par dessus l'épaule?
Ce n'est pas poli , disait ma grand-mère, qui n'attendait pourtant que ça pour sentir mon souffle dans son cou et se délecter de partager sa lecture avec moi....
17-Lire et manger?
Ca fait mal au ventre disait ma grand mère en posant son journal à côté de son café au lait...
18-Quel est le titre que tu lis actuellement et quel sera le prochain?
Je termine "Trois femmes puissantes" le Goncourt. Le prochain...je n'ai pas encore choisi
19-As tu déjà abandonné la lecture d'un livre?
Oui, malgré toute ma bonne volonté, certains livres ne touchent pas le petit point , là, au niveau du plexus solaire...
20-Qui tagues-tu?
Plouf, plouf ce se-ra toi qui se-ra-ta-gué, un deux trois...Mathéo. C'est pas moi, j'ai ploumé, c'est tombé sur toi...

17 janvier 2010

Une femme d'exception

On reçoit parfois des messages si agréables, si gratifiant qu'on se retrouve à leur lecture tout secoué, tout ému. Oui j'ai été très touchée par ta lettre , toi que mon chemin a croisée il y  a ...bientôt 23 ans. Toi qui te reconnaîtras dans ces lignes, comme quelqu'un de profondément humain, doux et calme. Ta voix résonne encore en moi avec cette profondeur, cette justesse, cette tranquillité  incroyablement apaisante.
On n'oublie pas une sage-femme. On n'oublie pas ces moments d'intense émotion , où tous les sens exacerbés par l'imminence de l'accouchement, on boit les paroles rassurantes comme un cactus boit le nuage au-dessus du désert. En faisant provision pour longtemps de mots bienfaisants et positifs. Parce qu'on pète de trouille quand on va accoucher pour la première fois..
Je n'ai pas oublié tes cours de sophrologie, et cette technique est devenue une seconde nature, une stratégie inhérente à moi-même face à la douleur. Combien d'épreuves ai-je traversé victorieusement depuis, en fixant mon attention sur  une image mentale agréable, comme tu me l'as appris, et en contrôlant ma respiration. Pour moi, cette image a toujours été celle d'un lac de montagne,superbe et silencieux.
Deux autres accouchements, bien sûr, mais aussi des séances chez le dentiste, une opération, des réunions capitales, des entretiens stressants, des concours, des examens, des échéances...bref des moments cruciaux de la vie où l'on voudrait être plus vieux d'un jour, d'un mois, d'une année, et que la sophrologie transforme en promenade de santé.
Je n'ai pas oublié l'ambiance de ces après midis ensoleillées où tous ces ventres ronds s'épanouissaient en cercle comme une grappe de fruits trop mûrs, les visages, les voix, les odeurs, tout est là, dans un coin de ma mémoire ravie.
Je n'ai pas oublié ta visite dans ma chambre le lendemain, ni mon intervention auprès d'un autre groupe pour leur expliquer que la sophro, ça marche! Les regards rassurés des futures accouchées tournés vers moi dans ma petite chemise de nuit rose, les traits un peu chiffonnés par la nuit blanche mais la joie ruisselante d'avoir mis au monde un enfant, MON enfant.
Je n'oublierai jamais que tu as contribué à faire de moi une mère heureuse et fière, et zen, tellement zen...

A Mauricette

Photo Picasa/ Thierry

16 janvier 2010

Rien à dire

Il n'y  a rien à dire contre l'horreur absolue de la catastrophe. Rien à dire.
Parce que nous ne sommes que des fourmis, des atomes impuissants sur un grain de poussière, éparpillés dans les confins des galaxies. Haïti, des milliers d'êtres privés de tout, sur un îlot perdu sur la terre,  autre îlot un peu moins petit. Tout est si minuscule, si absurde, si dérisoire, si incompréhensible.
A l'échelle de l'Univers, rien. Le silence éternel.
A l'échelle de la Terre, à peine un léger soubresaut. Une demi-respiration de la planète, une saccade, un sanglot.
A l'échelle de l"humanité, une vision d'apocalypse. Des familles déchirées, des abris de tôle balayés comme des fétus. Un ubuesque et pitoyable "palais présidentiel" vacillant sur sa base, comme si ce coup de semonce de la nature ou du destin voulait signifier à son occupant que c'en est trop, que la dictature n'a que trop duré...mais sûrement un coup d'épée dans l'eau. Car l'homme  n'est qu'un loup pour l'homme. Et la misère recommencera, indéfiniment. Exit l'espoir, les rêves utopiques d'une vie meilleure pour l'humanité.Exit John Lennon, Martin Luther King. Les hommes? Laissez-moi rire. Même pas capables de se tenir les coudes, alors que nous ne sommes encore une fois que des amibes coincés dans un bocal et condamnés à vivre ensemble... Même pas capables de partager les richesses de notre mère Gaïa.  Même pas capables de voir plus loin que notre vanité, d'anticiper et de prévoir  la survie de notre descendance... Même pas capables de lutter ensemble contre les déchaînements des forces telluriques.
Il n'y a rien à dire de plus pour clamer cette colère.
Nous ne sommes même pas des fourmis, car elles,  se soutiennent , s'organisent vraiment, et aucune ne chercher à tirer à elle la couverture.Il suffit de mettre un coup de pied dans la fourmilière pour les voir nous donner magistralement une leçon d'abnégation et de solidarité, de les voir s'agiter méthodiquement  pour le bien de la collectivité.
Il y a des soirs où je désespère de notre engeance.

09 janvier 2010

Petits plaisirs du week-end

photo Hutte des Bois

La nuit n' est jamais complète
Il y a toujours
puisque je le dis
puisque je l' affirme
au bout du chagrin
une fenêtre ouverte
une fenêtre éclairée
Il y a toujours
un rêve qui veille
désir à combler
faim à satisfaire
un cœur généreux
une main tendue
une main ouverte
des yeux attentifs
une vie
la vie à se partager 

Paul Eluard

08 janvier 2010

Pour Antiblues

Sans doute préfèreras-tu cette version de mon petit coin de paradis...Biz
Celestine

Panique sous la neige


Toutes proportions gardées, la neige dans le Midi de la France, c'est un peu comme en Floride: on trouve ça très amusant le premier jour, mais lorsque cela s'éternise, on ne rit plus du tout.Pas d'équipements, pas de décisions énergiques du genre "fermons les écoles pour la journée". Résultat: une grosse pagaille dès ce matin, sept collègues bloqués chez eux, et seulement cinq pour accueillir les élèves.Dont moi, qui ai écopé bon gré mal gré de la casquette de directrice. Ne quittant le navire qu'au bout d'une matinée marathon, la décision attendue ayant enfin été prise, soixante-quinze coups de fil plus tard, épuisée et soulagée à la fois de pouvoir rentrer chez moi, sans avoir atterri dans un fossé. La conduite sur neige n'est pas mon fort, je le reconnais.
Maintenant quel bonheur de regarder la neige derrière les carreaux, bien au chaud devant la cheminée. Moi qui m'émerveillais des cinq  centimètres de l'autre jour, je dois dire que là, c'est grandiose. Les palmiers ployant sous des grappes blanches, le jardin aux contours noyés sous des tonnes de ouate...Pour la piscine, il faudra attendre un peu pour jouer les naïades!

06 janvier 2010

Janvier, mois du blanc


photo 1  hutte des bois



Le premier jour après les vacances, la sonnerie stridente du réveil (ce qui n'est qu'une figure de style, car je la règle au minimum...) me tire toujours du lit en faisant battre dans mon coeur une chamade épouvantable.
Il faut alors se lever, marcher sur le carrelage glacé, se diriger comme un automate vers le miroir qui nous renvoie l'image d'une  asperge molle et surgelée.Et partir braver les frimas, retrouver bien malgré soi  les cris des enfants qui étaient si loin dans notre souvenir...

Quinze jours de tourbillon et de quiétude, et revoilà la routine des petits matins. Le petit dèj avalé vite fait, les contraintes, les soucis, et les petites joies quotidiennes
.Le boulot, quoi.
Alors quand on découvre  trois ou quatre centimètres de poudreuse sur les chaises longues et la piscine, c'est, de par chez nous, comme une petite facétie météorologique en forme de cadeau. Ca ne dure pas,  ça fond à vue d'oeil  mais c'est sympa.













photos 2 et  3 Célestine

01 janvier 2010

Lettre ouverte à Delphine

Chère Delphine

Ton dernier billet m'a subjuguée par sa beauté douce et vraie.
Je brûle de te rencontrer, chère petite fille blonde qui court pieds nus parmi les fleurs et les grenouilles.
Parce que cette petite fille, c'est moi. Moi qui suis de dix ans ton aînée, et qui ne saurais te dire seulement ces mots usés que l'on croit réconfortants: "on n'a que l'âge de ses artères"
Non, on a bien plus que ça! On a l'âge de son coeur, de ses passions, de ses folies. Le temps  passe sans importance, vers le plus bel âge de la vie, qui n'est pas vingt ans, ni trente, ni quarante, ni cinquante, mais celui que l'on a aujourd'hui,à l'instant précis où l'on sent les gouttes d'eau ruisseler sur son corps ivre de soleil, quand on hume l'extase d'un bouquet, quand on partage de ces moments vrais qui vous aspergent de bonheur, avec la chair de notre chair qui devient femme à son tour, contemplant de son regard diaphane la croisée des chemins étourdissants qui s'offrent à elle.
Pour ton anniversaire, je t'offre tous les couchers de soleils incendiaires, les ciels à la Turner, leurs lourds chariots de nuages amoncelés sur des landes soufflantes, tous les opéras grandissimes, les chants désespérés,  les oiseaux migrateurs emportant dans leur rêve nos rêves les plus fous, tous les parfums entêtants ou volatils, toutes les couleurs du prisme dans une flaque d'eau clapotant sous les bottes cirées, tous les cris de bonheur, tous les murmures enfuis, tous les lacs majeurs, tous ces chevaux sauvages à la crinière étendard brisant dans leur galop la ligne d'horizon au vol des flamants roses, toutes ces cuillères d'argent tintant comme un grelot sur le cristal de l'horloge qui égrène le temps , muant les jours en mois et les siècles en secondes.Toutes les peaux d'enfants , à la candeur laiteuse, les soupirs des amants et les yeux étoilés des ancêtres fébriles.De l'alpha du matin à l'oméga du soir, les couchers de soleil incendiaires à l'aube d'un nouveau cycle, le tourbillon de la vie...la valse lente ou  endiablée de nos émotions souveraines.
Voilà, chère Delphine, de quoi apprécier tes quarante révolutions autour de l'astre dispendieux et magnanime qui nous éclaire.Et que ce nouveau jour comme le nouvel an révèlent en toi, tels des dieux lares ,  la richesse insoupçonnée d'un feu couvant sous la cendre.
Bien à toi,
Célestine