18 septembre 2011

Sur les ailes d'un ange...



-Quel métier exerce donc Célestine?
-Comment, vous ne savez donc pas encore qu'elle est institutrice?
-Eh bien, à vrai dire, non...Au vu de ses derniers billets, je l'aurais plutôt imaginée poète, journaliste, chroniqueuse, amoureuse, rêveuse, auteur de livres pour enfants ou de scenarii comiques pour la télévision, capitaine de bateau ou ermite sur sa colline...Ça m'intrigue...
-Elle est un peu tout cela, en réalité. Son métier lui permet de garder cet esprit primesautier de l'enfance. Et en même temps la distance nécessaire, la sérénité pour ne pas céder au découragement ou à la sinistrose.
-Le contact avec les mômes, certainement.
-Sans doute. Bien que ce contact ne soit pas bénéfique à tout le monde dans ce métier. Oh, mais, c'est que ce n'est pas drôle tous les jours ce boulot, il ne faut pas croire! Il y a le bruit, un bruit continuel, permanent, insidieux, usant les tympans plus sûrement qu'un boulevard périphérique sous ses fenêtres. Les enfants ont une voix suraiguë.Ils ne savent rien dire sans hurler. Les  profanes ne s'en rendent pas compte: une récréation sous le préau, c'est un tout petit peu moins de décibels qu'un décollage de Boeing. Et puis, il y a les ordres et contrordres de l'administration, les réformes, le vocabulaire ampoulé, les délais de rigueur, les notes de service, la langue de bois...Au regard de la mission première d'enseigner, ces dérisoires et inutiles tâches vétilleuses et formalistes  pompent une précieuse énergie pour...rien. Ou encore, il y a les parents d'élèves, ceux qui comprennent, qui font confiance, et les autres. Ceux qui viennent pour casser du prof.
-Vous exagérez !
-A peine...certains cherchent toujours à reporter sur l'école la faillite de leur propre système d'éducation, ou se vengent des profs de leur enfance.
-Sans doute, mais...pour compenser il y a les vacances!
-Ah, les vacances, le grand mot est lâché. Oui, Célestine reconnaît que c'est un des côtés agréables de ce métier. Mais celles-ci ne seront peut-être qu'un souvenir dans quelque temps. On s'emploie, en haut lieu, à fracasser les valeurs ancestrales contre le mur de la modernité, à saper le moral des troupes en supprimant une à une les singularités qui faisaient de ce métier plus qu'une vocation unique...Un rêve de vie: tu imagines, Enseigner, transmettre  le Savoir à la promesse de l'humanité, aux générations futures...préparer notre Devenir!
-Vous devenez lyrique! On sent que Célestine est passée par là.
-Oui, je l'avoue: elle parle toujours de son travail avec des étincelles dans les yeux.
-En tous cas ces temps-ci, elle se fait plutôt discrète sur le sujet de l’Éducation Nationale...Ne me dites pas qu'elle n'a plus rien à dire.
-Elle a peut-être trop à dire, au contraire. Alors elle se tait, elle ramasse ses forces comme la panthère prête à bondir.
-Ou alors, elle ne veut pas lasser ses lecteurs...
-Y a de ça! Elle aime se montrer sous des facettes différentes, cultiver un certain mystère: et ça marche, la preuve, elle a réussi à vous intriguer... Vous êtes satisfait?
-Vous, en tous cas, , elle a su vous convaincre de ses idées!
-Elle n'a pas eu de peine: je suis son ange gardien! Entièrement acquis à sa cause...
-En la lisant, je me disais bien aussi, qu'elle semblait voler sur les ailes d'un ange, cette Célestine.

48 commentaires:

  1. Texte rempli de contrastes, de paradoxes, nourri par l'expérience, le savoir-être, mais aussi les doutes et les vicissitudes. C'est bien parce qu'il y a encore de la graine de Célestine que je continue à croire à l'Ecole de la République. Mon fils me disait ce soir : "Quoi ? tu as failli nous inscrire à Montessori quand on était petits ?Heureusement que tu n'avais pas les moyens, parce que je n'aurais pas supporté ..."
    Belle semaine !

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  2. Merci ZENONDELLE, je vais m'y employer. C'est aussi parce qu'il y a des parents d'élèves comme toi qu'il y a des graines de Célestine qui continuent à y croire...
    Célestine, en mode renvoi d'ascenseur...

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  3. Sans être de la maison, je ne peux pas renoncer à croire en l’École de la République. Tout simplement parce que, quarante ans plus tard, je garde un souvenir ému de tous les instit' que j'ai eus et de tout ce qu'ils ont su m'apporter... Il faudra bien un jour comprendre que l'éducation est le seul projet d'avenir qui tienne la route !

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  4. Sans les vacances, grandes ou petites, j'aurais craqué 100 fois et pourtant, moi aussi, j'adorais ce métier et ça devait se voir puisque mon plus jeune fils est aussi devenu prof. Mais, comme tu le dis, quelle énergie dépensée inutilement en tracasseries administratives ou à suivre les ordres et contre-ordres qui se succèdent.

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  5. Ce n'est pas un métier, c'est une vocation d'être Instit ou Prof. Il faut y croire vraiment pour résister, mais c'est si beau ce transfert du savoir, cette éducation donnée, cet enseignement des valeurs...

    J'ai toujours eu beaucoup d'admiration et de respect pour les enseignants, et je me rends compte que ce ne doit pas être rose tous les jours, en classe, à observer les enfants et jeunes autour de moi...

    Bises de Lyon

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  6. Dans ce couple Célestine - Ange gardien, je me demande qui est l'ange. C'est que j'avais déjà perçu le souffle délicat des ailes de Célestine bien avant qu'elle nous présente son ange gardien...

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  7. Il y a quelques mois un coup de fil de l'école pour récupérer le fils de ma compagne un peu patraque... J'arrive à l'heure du déjeuner et vais avec l'instit à la cantine. Stupeur en ouvrant la porte ! Un vacarme assourdissant dont je ne suis toujours pas revenu, comment fait le personnel pour travailler dans ces conditions ? Je pensais la pause déjeuner comme un moment de calme et de décompression ! Je ne me souviens certainement plus de mon jeune temps !

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  8. Moi aussi je crois encore à l'école de la république, je l'appelle toujours: "la communale". Enfant nous l'appelions ainsi... "la Communale...." Et il y avait, comme celle en bas de chez nous , inscrit au fronton: "Liberté-Egalité-Fraternité" Et celle, près de chez nous, date de 1968.....

    belle journée avec bises

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  9. Tant qu'il y aura des Célestine, l'école de la République continuera d'exister! Mais j'ai peur que bien vite il n'y en ait plus, car qui pourra résister à tout ce qu'on met sur le dos des instits?
    En tout cas Célestine a bien de la chance d'avoir un ange gardien comme vous qui la comprenne et la soutienne! Si vous avez quelques heures de libre dans votre emploi du temps je suis preneuse:-)!

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  10. Parfois certains prof aiment aussi "casser du parent" ;)

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  11. Célestine… Femme céleste…
    Célestine… Mon ange…

    :-))

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  12. Dis- moi mon ami l'ange. Tu crois que nous ses élèves on ne s'aperçoit pas de ta présence. Il arrive même souvent qu'en te regardant on perde un peu de notre attention. Tout ce que tu dis est vrai, mais la maîtresse, c'est d'abord une maîtresse. C'est à dire que nous on ne se pose pas trop de question, ni la plupart de nos parents d'ailleurs. On lui fait confiance on se confie en elle, ils nous confient à elle. On sait qu'elle veut notre bien, qu'à l'écouter nos têtes seront bien faites et bien pleines aussi. Non ce n'est pas l'école de la République, c'est notre école à nous...et à la maîtresse...et à toi l'ange ami.
    Promis on essaiera d'être plus calmes pour ne pas la fatiguer. Mais que surtout elle ne se lasse pas de nous. Le reste, les inspections, les consignes stupides, les crédits trop courts, les choses irréalisables c'est le quotidien d'un monde qui a oublié trop souvent qu'il était fait pour les hommes...et pour les enfants.
    salue petit ange revient nous voir souvent ! Je te dire bien "je t'embrasse" mais trop dur d'embrasser l'immatériel.
    Ps : tu peux aussi venir à bicyclette !(non je blague !)

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  13. Merveilleuse complexité de toi, l'institutrice, l'amoureuse, la mère, l'écrivaine, la FEMME quoi!!

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  14. les étoiles dans les yeux, je les ai vues...

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  15. Comme je vous comprends !!! - pas plus de commentaires , je reste masquée !-
    Eros et Psyché, quelle delicatesse dans la pierre.

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  16. HELENE...du coup tu émoustilles ma curiosité.

    DELPHINE ma belle, These are words that go together well..

    MARIE MADELEINE comme tu me comprends, c'est merveilleux.

    PETIT NOUVEAU tu es quand même l'élève dont je suis la plus fière: tu écris bien pour un CM2! Tout en nuance et en délicatesse...CHUT, je ne devrais pas te le dire, mais tu es un peu mon chouchou...

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  17. quel texte! quelles verites!j'adore!un moment de plaisir que de lire ce billet..merci CEL...

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  18. BERTHOISE Tu détiens toujours la palme d'or du commentaire le plus concis. Bel esprit de synthèse!

    ALAIN je reste sans voix devant ton commentaire.Et je m'envole.

    JULIA Tu as raison, rien n'est jamais à sens unique. Je continue de rêver à un monde, cependant, où personne ne casserait personne...Utopique, rêveuse...certainement.

    MAMMILOU je te prête mon ange quand tu veux, il est très dévoué!

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  19. PATRIARCH la Communale...on se croirait revenu au temps du Grand Meaulnes ou de la Guerre des Boutons!Ou dans un souvenir de Pagnol.

    MANUEL ton anecdote m'a fait rire: c'est tellement vrai. Il est vrai aussi qu'on oublie, et la cour de récré qui me paraissait immense étant petite s'est rétrécie comme une peau de chagrin!

    WALRUS décidément Alain et toi vous vous êtes donné le mot pour me faire rougir! vous savez bien que je fonds devant les compliments bien troussés. Une vraie Roxane!

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  20. Je crois en l'école ... primaire . Comme Tant-Bourrin, je garde aussi un souvenir ému de mes institutrices. Quand le CM2 s'appelait encore 7ème ! J'étais dans une école de "bonnes soeurs" mais la majorité du corps enseignant était laïque. Mademoiselle Bion, Mademoiselle Louise, Madame Georgette. Des femmes merveilleuses qui m'ont fait adorer l'école (et le mot n'est pas trop fort), mon école... c'était il y a 50 ans. J'ai retrouvé un peu de cette passion avec les instits de mes filles. J'avoue que le secondaire m'a laissée de marbre.
    Quelle belle vocation que la tienne ...

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  21. PLUME Sans aimer les enseignants, on peut au moins les respecter. Je me demande comment on peut confier ses enfants, la prunelle de ses yeux, à des gens, s'ils ne nous inspirent que du mépris. En tous cas, moi, je ne pourrais pas mépriser mes élèves: j'aurais la sensation coupable de donner une gifle à un bébé.Chaque être humain qu'on me confie, c'est comme une flamme que je dois entretenir, protéger, pour que le vent ne l'éteigne pas...

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  22. Analyse lucide des inconvénients du métier, mais on sent que la vocation reste. Mon fils étant aussi instit, (en Belgique les problèmes sont les mêmes),alors , je connais.
    Haut les coeurs. dinosaure80.

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  23. CATHERINE l'avantage d'une certaine "expérience" dont je goûte quotidiennement les fruits, c'est que je commence à avoir quinze ans de plus que mes supérieurs hiérarchiques. Ça me laisse une certaine marge de manœuvre pour faire triompher mes idées en toute impunité: tout ce qui n'est pas directement axé sur le bien des élèves, je remets à plus tard. Et je vais te dire: ça marche! et même plutôt mieux que si je me prenais le chou sur des chiffres et des enquêtes inutiles.

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  24. Quand on me demande quel est mon "projet d'école", je réponds: lire, écrire, compter, penser, rêver et grandir. Ça économise du papier , du temps et du verbiage inutile...

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  25. ce dernier commentaire était une réponse à TANT BOURRIN , bien sûr!

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  26. DINOSAURE c'est souvent les gens qui connaissent un enseignant dans leur famille ou leurs proches qui deviennent nos plus fervents défenseurs...Merci de ton passage

    MARIE FLORALINE de marbre? c'est toi, sur la photo? lol

    CHATAIGNERAIE merci rien ne me fait plus plaisir que de communiquer ma passion.

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  27. J'aimerais tellement que mon koala ait la chance de tomber sur une institutrice comme toi !

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  28. Sans l'ange gardien Célestine ne serait pas Célestine ? Oh ! J'ai quelques souvenirs zémus de mon primaire assez "haché" et d'autres dont je me passerais... J'ai vraiment connu des instits merveilleux mais aussi des peaux de vache aigries qui déversaient sur les élèves leurs propres échecs... Donc, je salue l'école de la République et tous ses serviteurs zélés (il y en a) mais je ne mets pas d'auréole systématique à un prof ou un instit... J'attends de connaître ! ;)

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  29. Merci Myosotis.

    ASPHODELE tu as raison, tout le monde ne se vaut pas, à l'Educ. Nat. comme partout. Dans ma grande naïveté, j'ai longtemps cru que tout le monde était comme moi. Et un jour, un ami m'a ouvert les yeux et m'a dit exactement la même chose que toi. J'y ai perdu un peu en modestie, car je sais maintenant que je mérite les éloges que les gens ont à mon égard, et que rien n'est dû au hasard. Je continue à être choquée de rencontrer des enseignants qui dévalorisent leur métier par leur attitude "je m'en foutiste", blasée ou négative.

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  30. Ton ange me semble presque amoureux, dis-donc! Et je pense que trouver une plume sur l'oreiller n'est pas désagréable ;-)

    Oui... ton métier/passion connaît bien des remous...

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  31. Hé oui: l' école laïque gratuite et obligatoire, tout un programme. Mon Barbu a fait partie de cette maison toute sa vie avec passion, intérêt sans compter ses heures. Moments forts, drôles, rarement décourageants. Et puis il est passé du côté "l' inspecteur" et il a découvert un autre métier qu' il a autant aimé que son métier de prof: s' asseoir dans le fond de la classe à côté d' un petiot "t' es qui toi?", dire à l' instit en cours de maths "j' ai pas compris ..." (mon Barbu est nul en maths ...), consoler, conseiller, animer, être obligé de faire passer des trucs avec lesquels il n' était pas d' accord...
    Devant la dégradation de ce cher service public, c' est tellement bon de voir que des Célestines croient encore à ces valeurs là. Un de mes petiots et sa femme exercent ce métier en campagne, ils aiment être en vacances, certes, mais étaient contents de retrouver leurs élèves.

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  32. PIERROT BATON tu lui diras pas, à l'inspecteur, que je ne respecte pas toujours scrupuleusement certains délais de rigueur...

    Mon ange gardien me protège en toutes occasions, chère EDMEE...jusqu'au fond de mes rêves...

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  33. C' est pas ça qu' il regardait! J'aime bien, dans les manifs, quand des instits fendent le cortège pour l' embrasser :"maintenant, on peut!" qu' elles disent!
    Bonne fin de semaine Célestine avec tous tes petiots.

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  34. Je suis revenu de vacances...Encore en vacances ? BEN OUI !

    Continue à t'indigner, vociférer, espérer et...Nous régaler ];-D

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  35. Prof, c'est comme prêtre, il faut avoir la foi, sinon... Un jour, j'ai perdu la foi parce que je rencontrai de moins en moins l'humain; alors, je suis partie. Mais je reste toujours effarée par ce que j'entends parfois (une instit de moyenne section trouvait que mon fils aîné, ambidextre et précoce, n'était pas très "normal" et devait forcément avoir un problème psy... cas extrême mais véridique et annoncé tel quel par la dite instit), mais rassurée par l'humanité et l'intelligence émotionnelle dont certains professeurs savent faire preuve... Toute l’ambiguïté de cette grosse bêbête!

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  36. Mais oui, BABETTE, je suis d'accord, certains instits sont gratinés...la psychologie n'est pas leur fort...un peu comme certains médecins, d'ailleurs. Il faut de tout pour faire un monde, et le mammouth n'est pas épargné par l'hétérogénéité...


    ANDIAMO un jour prochain,sans doute, je serai moi aussi en vacances à contre-courant: ça s'appellera la retraite (en espérant que ça existe toujours d'ici là) et tout le monde me dira que j'ai bien raison d'en profiter. Aussi, je te dis: "tu as bien raison d'en profiter!"

    PIERROT BÂTON oh, un inspecteur comme je les aime! si je le vois je lui ferai péter la bise moi aussi...

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  37. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  38. Malgré tout, les questions demeurent pourquoi alors que l’éducation est le premier budget de l'état est il aussi mal en point et aussi peu efficace ? Comment parler de réel convocation alors que des wagons entiers d'enseignants se sont retrouvés à grossir les rangs par dépit sans aucune fibre, sans aucun désir de transmettre. Comment peut on devenir profs de pédagogie dans des IUFM sans avoir croisé un élève, pourquoi mettre de jeunes enseignants en ZEP, pourquoi avoir donné des postes d'enseignants à des personnes sur liste d'attente des IUFM et les avoir fait entrer en formation avoir les avoir laissé "enseigner" seul une année ? Ce sont des cas isolés qui comme d'habitude pourrissent le système ?...peut être, pas sûre... soit ! néanmoins l’école de la République n'est plus l'école de Ferry, parce que les parents de vos élèves sont souvent plus diplômés que vous ne l'êtes, vous n'êtes plus après les médecins le maire, le curé des sommités ni en possession du monopole de la pensée. Vos rangs ont aussi été déserté par les humanistes qui l'avait créé cette belle école publique. Je suis une gosse CAMIF, j'ai passé les 25 premières années de ma vie à voir mon père rentrer ses cahiers sous le bras inlassablement, infatigablement, je l'ai vu aimer, crier, lutter, chercher des heures la meilleur technique pour faire des "boat people" de son CE1 et ne parlant pas un mot de français les meilleurs élèves de sa classe et y parvenir. Hier dans le carnet de correspondance de ma fille qui vient de fêter ses 8 ans et qui est en CM1 il y avait un mot :" Madame,monsieur, afin de préparer au mieux l'année de CM1-CM2 de mon double niveau (12 élèves de CM1 et 8 de CM2) merci de bien vouloir chaque semaine corriger les exercices du cahier du jour. Je n'ai en effet pas le temps de m'attarder sur le travail de chaque enfant. Merci de votre collaboration.".....NO COMMENT !!!

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  39. Merci pour ton gentil commentaire pour le 750ème article du Journal d'un Petit Belge.

    Lorsque j'ai choisi le métier d'instit, j'étais très loin d'imaginer ce qui m'attendait. 40% des enseignants belges quittent l'enseignement au cours des 5 premières années de carrière. Je ne les critique pas, car j'en ai eu la tentation après trois ans suite à un problème avec des parents d'un élève qui a pris des proportions disproportionnées. Si je n'avais pas eu un emploi stable, et si je n'avais pas été soutenu par mes collègues, ma directrice et même mon inspectrice (je ne la remercierai jamais assez), j'aurais abandonné. Cela aurait été une erreur mais à ce moment-là, si on m'avait proposé un emploi dans un autre secteur, je serais parti.

    En 12 ans de carrière, j'ai eu des hauts et des bas, des satisfactions et des déceptions. Ce n'est pas un métier facile car les loisirs ont désormais pris le pas sur l'école qui n'est plus considérée par les élèves et leurs parents. Et on passe plus de temps à faire l'éducation que l'instruction des enfants.

    Passe un bon week-end Célestine.

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  40. Cela m'attriste d'entendre de jeunes enseignants avoir déjà ce discours résigné...cher Petit Belge, malgré tout j'espère que tu as tout de même des satisfactions avec tes élèves, comme tu en as dans ton autre vie, celle de ton blog et de la défense de ton cher pays.

    LH tu fais une analyse sombre mais très réaliste de la situation. je ne prétends pas représenter l’Éducation Nationale à moi toute seule, c'est certain! J'essaie simplement de redorer un peu son blason avec mes modestes moyens, et montrer peut-être une autre facette de ce métier bien malmené par la conjoncture, les médias, les pouvoirs publics et les enseignants eux-mêmes qui se donnent des cordes pour se faire battre: je suis ahurie de ce que tu racontes en fin de commentaire!

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  41. Célestine, oui, je continue d'aimer mon métier qui m'apporte des satisfactions, mais par rapport à mes attentes lorsque je me suis lancé dans mes études d'instit à 18 ans, je suis tombé de haut car mon quotidien ne ressemble pas du tout à ce que j'avais imaginé. Et je pense que c'est ce contraste qui explique que 40% des enseignants belges quittent l'enseignement dans leurs cinq premières années de carrière.

    Disons que par rapport à ce que tu écris, je ne ressens pas du tout le côté pesant de l'administratif, car nous sommes très libres en Belgique francophone au niveau pédagogique. Les visites d'inspection sont très rares (2 en 12 ans de carrière). Je suis plus en colère contre les élèves et leurs parents. Par exemple, sur ma classe de 20 élèves, 3 sont partis en vacances une dizaine de jours au cours de septembre... Et il a fallu ensuite une semaine pour les remettre en ordre. Et lorsque j'ai osé dire à un des parents que ce n'était pas idéal de partir en septembre, il s'est fâché...

    Et pour répondre à ta dernière question, j'ai la chance d'avoir de nombreuses activités extra-scolaires (dont le Journal d'un Petit Belge) qui me permettent de m'épanouir et d'oublier les petites frustrations de ma vie professionnelle. Mais ne t'inquiète pas, je vais très bien.

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  42. Me voilà amplement rassurée cher Petit Belge...Bon dimanche!

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  43. C'est vrai que dans ce métier, on voit parfois se profiler les week ends et les vacances avec beaucoup de plaisir et pourtant le bonheur de repartir les lundis matins, de retrouver sa petite troupe ça ne s'explique pas. Bien sûr, il y a la lourdeur de l'administration, les situations conflictuelles avec des parents (pas au quotidien tout de même), les journées qui en valent deux... Mais ces 28 (x2) petits yeux émerveillés, ces 28 regards attentifs (la plupart du temps) et ces 28 frimousses où se dessine un sourire (smilé!) qui reflète l'humeur du moment c'est tout simplement fabuleux.
    Je ne peux pas résister à l'envie d'y ajouter les petites perles:
    -Bon, au lieu de vous lamenter et de crier "oh! rage, oh! désespoir...", essayez de comprendre vos erreurs, dit la maîtresse.
    -Euh! ça je connais, dit la petite, c'est... euh..."Le Cidre"(ou le cidre c'est comme on veut).
    Si ce n'est pas magique de vivre des moments pareils!

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  44. Le plus magique, c'est de partager cette ferveur avec ses collègues...

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  45. http://www.deezer.com/track/1168016

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.