13 avril 2010

Creux de vague et ivresse des sommets

Après le déferlement des derniers jours de classe, et le tourbillon d'un début de congés riche en sorties, découvertes et surprises, je me suis retrouvée dans un creux de vague. L'âme ramollie comme un morceau de papier chiffon. Le cœur un peu lourd, un peu effarée par la vitesse de l'horloge...Vidée de mon énergie.
Je ne sais pas pourquoi les fins de périodes scolaires sont infiniment pleines de nostalgie et de fureur à la fois, ramenant à la surface des monceaux de contraintes et de fatigue comme des paquets de varech filandreux entortillés autour de l'hélice d'un bateau. Stoppé dans sa course, l'embarcation se laisse alors malmener par les flots sans pouvoir redresser la barre.

J'émerge. Je reprends goût à l'ivresse des sommets , au petit bruit discret de la souris qui clique, au surf (sur internet) , au soleil sur ma peau, aux joies subtiles du farniente. Je vais pouvoir vivre à mon rythme durant deux semaines et m'adonner à mes loisirs sans m'inquiéter de l'heure qu'il est. OOOOHHH ...joie ineffable de flâner au gré de ses envies, et de pouvoir écrire chaque jour sur une page blanche splendide des moments tissés de soie.
Tels que, par exemple, cette rencontre avec l'Histoire qu'il m'a été donné de vivre samedi ...A deux pas de chez moi, un site archéologique d'importance capitale a été mis à jour par des pelles mécaniques terrassant pour un futur lotissement. Une nécropole du V° siècle, fin de l'époque gallo-romaine, cent cinquante tombes parfaitement conservées, avec leur mobilier funéraire, dalles, amphores, ampoules de verre, bijoux. Et surtout, surtout, ces êtres allongés de tous leurs os, figés à jamais dans un silence troublé aujourd'hui par les  pinceaux des archéologues et les flashes des appareils photos. Une émotion extrême, mêlée de confusion et d'émerveillement devant la magie de cette découverte.Ces hommes et ces femmes vivaient là, il y a mille cinq cents ans, et je comprends soudain le sentiment qui poussa Napoléon à prononcer sa mythique phrase devant les Pyramides.  Les nécessités du marché exigent évidemment que les travaux reprennent, et les passionnés d'Histoire ont un petit mois pour récupérer le maximum d'éléments

avant que les bulldozers ne rendent définitivement à leur mutisme ces  antiques dépouilles...C'est étrange, n'est-ce pas , que chaque civilisation se retrouve ainsi recouverte, en couche épaisse, de la poussière du temps. C'est étrange que les hommes soient si fascinés par leurs racines et en même temps si expéditifs quand il s'agit du travail de ceux qui les recherchent, ces fameuses racines...Mais bon, ne pinaillons pas, c'est déjà extraordinaire d'avoir pu assister à ce spectacle poignant: le moment où le sentiment de finitude de l'humanité se confond l'espace d'un instant,avec celui d'éternité.

Photos Célestine

11 commentaires:

  1. ces découvertes permettent de grandes découvertes sur le vécu de l'époque !!!

    Merci pour ce compte rendu !

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  2. J'imagine très le trouble que tu as ressenti.
    Ce doit être très émouvant.
    Bises
    Math

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  3. Ça doit être impressionnant et émouvant en effet.

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  4. C'est curieux je parlais à mon fils ce week-end des périodes de creux et des remontées de moral :-)) et je me souviens de ces fins de trimestre fous et du blues désorienté des premiers jours de vacances...ce sont d'ailleurs les seuls moments où je m'autorisais à être malade!

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  5. C'est fou comme nous sommes à la fois tournés vers l'avenir et enrainés dans le passé! tu as raison, c'est alors qu'ici et maintenant, tout se rejoint en nous dans une impression d'éternité. Je le ressens aussi le soir au moment où se rejoignent le jour et la nuit. Merci d'exprimer si bien ce que je sens si fort

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  6. Vraiment dommage de recouvrir et d'oublier ainsi toutes ces découvertes de nos ancêtres...
    Coup de mou ici aussi... je me larve de façon indécente depuis le début des vacances. Trop de violentes secousses et contrariétés juste avant.

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  7. Je suis comme toi tout à fait excitée lorsque des fouilles éphémères et fortuites sont en cours...

    Ma mère ma racontait que lors des travaux pour faire une rue que je connaissais bien et pour laquelle on avait alors exproprié une partie des terres d'un château local, on avait trouvé un vieux cimetière. Jamais je n'ai vu cette "rue" ensuite comme une simple rue, je sais qu'en dessous il y a des gens que l'on a mis à dormir il y a très très longtemps...

    Ca doit être le cas un peu partout, au fond...

    Mais oui, c'est émouvant,et je comprends ton plaisir!

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  8. petit âne grismardi, 13 avril, 2010

    "...indiens mes frères, ils ont tués nos ....." comme le chantait Bécaud à NewYork,"la fléche, wwouff, dans l'oeil de M.Rockfeller et l'oeil crevé de M.Rockfeller qui tombe et retombe du haut de son building...",auront-ils le courage des culottés(en deux mots)de nommer le Newlotissement nécropole du V° siècle? Ce geste de non respect me terrassera et je ne serais plus dans la capacité de leur infliger une déculottée publique!!!Mais moi, qui ai-je sous mes pieds???

    La lassitude, le blues, l'énergie, le repos, la ressource, la source, vous, vous me parlez dans ce fameux language du coeur, du corps qui se donnent! Et le soleil printanier, qui rythme de ses doux rayons ma montre biologique, me vacance, me dance, me lance dans la plénitude d'un prélude luminescent! Et mon sang se fludifie par le mimétisme à la sève du monde végétal, cette sensation d'être aspiré par une radicelle, et de monter, et de grandir jusqu'à s'exposer, posé sur le vert gazon de la feuille, et faire face d'en haut, du haut, et ouvrir un oeil puis l'autre, et regarder le monde en lui criant d'une voix en corne d'abondance les amours que je lui offre!!!
    Voilà, tu dois en ce moment vivre sur ta longue-chaise la délicatesse de ces précieux instants, j'imagine!! ET DEMAIN....

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  9. Dommage qu'ils recouvrent après, si vite. Emouvant témoignage du passé. Bonnes vacances à ton rythme.

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  10. Beaucoup de choses dans ce billet, Chère Cel: fatigue et lassitude qui sont le sentiment normal quand la tension se relâche, la tête dans le sable ou dans l'oreiller, mélancolie... Heureusement la deuxième semaine est là pour accueillir le redressement de la barre et la bonne humeur emplie d'une espérance retrouvée. Quelle magnifique découverte: heureuse que tu aies pu profiter de ce moment exceptionnel et bientôt historique. gros bisous et à très bientôt!

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  11. PATRIARCH merci de ta fidélité, c'est toujours un plaisir de lire tes commentaires pleins de sagesse

    MATH CATHERINE oui j'étais très émue, vous l'avez deviné.

    MARIE MADELEINE étonnant ces similitudes entre nous, mais sont-elles vraiment le fruit du hasard, encore une fois. Je ne crois pas au hasard, mais à la loi de l'attraction!

    FD violentes secousses? rien de trop grave j'espère, je suis en empathie avec toi,d'ailleurs la larvitude me convient bien en ce début de vacances...

    EDMEE merci pour ce souvenir d'enfance..

    PETIT ANE GRIS tes commentaires sont toujours empreints de poésie, et même si je ne comprends pas tout, j'aime la musique de tes mots.
    DEL oui, j'ai mis dans ce billet l'essentiel de mes ressentis du moment, et cela fait un patchwork un peu étrange, je l'avoue. Mais je commence à aller beaucoup mieux, je pense que j'ai tout simplement fait un peu de surmenage intellectuel.C'était cela ces petites décharges électriques dans mon cerveau, ce carambolage d'informations, d'idées, de choses à faire, de dates à retenir, de papiers à remplir, de contrats à boucler ...

    Bises à tous
    *********Célestine******

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.