Vendredi 29
J'ai dans le coeur des noms de villes glorieux, qui se rattachent à un imaginaire puissant. Samarcande, Babylone, Thèbes, Zanzibar, Tobrouk, Carthage...et tant d'autres lieux littéraires ou historiques.
Alexandrie est de ceux-là. La même ambiance grouillante et cosmopolite qu'au Caire, mais bercée par les rivages sucrés de la Méditerranée. Donc moins chaude. Plus blanche. Alexandrie où l'amour danse avec la nuit...
L'arrivée nocturne, hier soir au Windsor Palace fut grandiose : l'espace d'une instant, je me suis sentie Agatha Christie débarquant au Cataract Hôtel pour écrire Mort sur le Nil. Bref, quelqu'un d'important, une VIP, même si la prononciation anglaise donne plutôt « vieille pie », ce qui n'est pas très flatteur vous en conviendrez ...
Petit rafraîchissement de bienvenue, courbettes, tapis, dorures, moulures, tentures, piano (jouant faux hélas) et valises se retrouvant devant les portes comme par magie. Le grand jeu.
Si le plaisir se mesure à l'attente, le repas sur le rooftop fut un véritable délice. Disons que nous avons eu plus de deux heures pour admirer la baie scintillante dans son collier de perles et le ballet des serveurs légèrement surbookés. Mais c'est connu, les occidentaux ont des montres, les orientaux ont le temps...
Ce matin, première visite : les catacombes de Kom El Chouqafa. On descend au coeur de la terre dans cette belle nécropole, un peu étrange dans sa conception, le plus grand site funéraire romain d'Egypte.
Ihab nous explique le rite sacré pratiqué au deuxième siècle, mêlant coutumes gréco-romaines et égyptiennes, un bel exemple d'oecuménisme. Immuable rite. Suspendu par un solide cordage, le défunt est descendu dans un étroit conduit creusé dans le sol. Entrant ainsi dans cette durée sans air, sans lumière et sans fin. La famille accompagne la dépouille en empruntant un petit escalier en colimaçon. Une fois dans la pénombre, on s'attable et partage un repas en l'honneur du défunt. Sous l'oeil d'Anubis, les convives s'allongent sur les bancs creusés à même la roche dans la salle à manger prévue à cet effet (Triclinum). À quelques mètres seulement du tombeau, on boit, on mange. Les victuailles terminées, la vaisselle est pilée. Plats, poteries, amphores, tout y passe. D'où le nom, qui signifie la colline des poteries brisées.
Retour à l'air libre.
La prochaine halte nous permet d'admirer la Colonne de Pompée, splendide crayon blanc écrivant un morceau d'histoire sur le velours du ciel. Nantie de ses deux sphinx, elle resplendit dans l'air chaud du matin.
Nous nous rendons ensuite au Musée National, sis dans une élégante demeure ancienne ayant servi de consulat. J'y retrouve (entre autres splendeurs) mon cher Akenaton, et son hiératique visage aux yeux bridés. Ainsi qu'une statue de Ranefer, un grand prêtre ressemblant étrangement à mon scribe d'hier...Un très beau sarcophage, des statuettes retrouvées au fond de la baie, des poteries n'ayant pas été pilées...
La Citadelle de Qaitbay, à l'emplacement exact où s'élevait le fabuleux Phare, trône sur l'île de Pharos qui lui a donné son nom, et qui est de nos jours une presqu'île fréquentée par de nombreux touristes. Les marchands de souvenirs sont toujours là. La forteresse élève ses murailles d'albâtre sur le bleu de la mer. C'est d'une grande beauté, malgré la rigueur militaire de la construction. Le front de mer, cependant, est ponctué d'immeubles délabrés, de maisons en ruine et de monceaux d'immondices qui nous rappellent à la réalité d'un pays en difficulté.
Le repas dans un restaurant de poissons est quand même un joyeux moment (bruyant mais avec vue sur la mer), et rassasiés nous pouvons aller visiter la fameuse Bibliothéca Alexandrina...Eh bien non, pour une raison peu claire, nous n'en verrons que l'extérieur, ultra-moderne, avec son planétarium en forme de gros oeil noir, et son architecture norvégienne. (C'est une agence scandinave qui a remporté le concours de l'Unesco)
En route pour le Caire, bercée par le moteur du bus, je rêve à tous les trésors aperçus, je songe à ma chance. Demain je serai à Louxor, autre nom allégorique. Et changement total de paysages.
(A suivre)
Ton périple est magique, il m'emporte dans un rêve au ciel azur.
RépondreSupprimerJe laisse ce soir quelques mots, mais je manque de temps pour en déposer à chacun de mes passages.
Je vois avec plaisir que le bonheur te donne un bien beau sourire.
Bises voyageuses Frangine.
(Reste solaire, ça te va si bien)
Ce n’est pas souvent que tu es le premier, frangin. Enfin je veux dire …à commenter.
SupprimerJ’apprécie que tu aies pris quelques instants pour le faire.
J’ai conscience que ce n’est pas toujours facile d’en trouver, avec nos vies trépidantes de sexygenaires …
Je t’embrasse
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PS rester solaire ? J’y compte bien. Je suis une adoratrice de Râ… :-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Entre les lettres d'Irlande, d'Italie, d'Espagne et d'autres...La lumière dorée sur les pierres, légères ondulations sur le Nil, ça doit en faire des paysages intérieurs.
RépondreSupprimerCela fait surtout de merveilleux souvenirs à engranger pour les longues nuits de l’hiver de la vie… :-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Des vieilles pies comme toi j’en veux bien une tous les matins ! :)
RépondreSupprimerOk je suis hors sujet ! :) :)
Flatteur va ! Mais non, les compliments ne sont jamais hors sujet, rassure-toi.
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Vieille pie… mdr 🤣
RépondreSupprimerVous rayonnez parmi toutes ces splendeurs, Maîtresse.
Sympa aussi la présence discrète de Monsieur dans le reflet. Passez lui le bonjour de ma part 😀
Belle lettre, c’est ma préférée. Mais quelle mémoire… prenez-vous des notes ?
Cents fait, je lui ai parlé de toi au petit déjeuner il a apprécié !
SupprimerPour les notes euh… non pas vraiment mais les photos me rappellent les lieux et la chronologie et ensuite mon hypermnésie fait le reste …
Bonne journée ma belle !
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C’est* , bien sûr ! Mon smartphone est mal réveillé !
SupprimerMerci et gros bisous 😘🐻👍
RépondreSupprimer♥️
SupprimerVieille pie. (J'ai éclaté de rire). Et puis, je ne savais pas que c'était TON AKenaton. J'ai cru que ce qu'il y avait dans les musées, c'était à toute l'humanité, donc aussi un peu à moi. Allez, on se le partage? ;-) Bises alpines.
RépondreSupprimerC'était, comme on dit, une figure de style...Bien sûr qu'il appartient au patrimoine mondial de l'humanité...Donc à toi, frangine. je suis partageuse, pas de souci ! ;-) ;-) ;-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
C'est bien beau tout ça mais où est passé ce foutu phare ?
RépondreSupprimerJ'en entends parler depuis que je suis petit !
Bilan ? Jamais vu !
Eh oui, c'est bien ça : des promesses, toujours des promesses...
SupprimerJe sens que les papillons de ta jeunesse vont naufrager dans pas longtemps...
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Coucou Célestine, merci pour cette merveilleuse suite, je voyage avec toi avec bonheur. Tu es bien jolie♥
RépondreSupprimerGros bisous.
Un bonheur partagé, ma rêveuse.
SupprimerJe continuerai jusqu'au bout du voyage à tenter de ravir mes lecteurs.
•.¸¸.•*`*•.¸¸❤️
Je viens d'aller faire un tour sur le site du Windsor Palace, alors effectivement, je comprends ! ;-
RépondreSupprimer"L'arrivée nocturne, hier soir au Windsor Palace fut grandiose : l'espace d'une instant, je me suis sentie Agatha Christie débarquant au Cataract Hôtel pour écrire Mort sur le Nil. Bref, quelqu'un d'important, une VIP"
Oui, c’est un hôtel digne des années folles, de la grande époque des ascenseurs en chêne montant et descendant dans une cage en fer forgé, comme dans les vieux immeubles parisiens…des lustres à pampilles partout, et ce cachet suranné des parquets cirés à l’ancienne. C’est comme un retour dans le passé.
SupprimerEt ne parlons pas de la chambre de 40 mètres carrés ! Le lit avait l’air tout petit et pourtant c’était un king size. Le tout pour le prix d’un simple deux étoiles en France.
J’ai adoré.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆Il
Des souvenirs pour les longues nuits de l’hiver de la vie, comme tu le dis dans un commentaire, tu auras ce qu'il faut, un tel voyage ne peut certainement pas s'oublier. Merci pour ce beau partage, Célestine. Londres ? Ah oui, changement total de paysages... :-)
RépondreSupprimerGros bisous, ma douce.
Et ça ne fait que commencer !
SupprimerAccroche toi ! :-)
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D'Alexandrie à l'ex en draps
RépondreSupprimerDe Tobrouk en taxi jusqu'à Samarcande
Je ne peux qu'en rêver me too....
Mais, quand-même, un voyage en Tunisie m'a permis il y a vingt dents de fréquenter le site archéologique de Carthage....
Comment ont ils pu décréter : carthago delenda est ?
Bref tu me donnes forte envie d'Alexandrines.
Grâce à ta verve habituelle le film de votre sejour est déjà projeté en avant-première dans nos salles obscures cérébrales.
Merci beaucoup Agatha Céleste.
Ps : Peux tu me spoiler sur la suite et me dire lequel d'Anubis ou de Seth est le coupable du roman ?
Je viens de découvrir ton commentaire. ne m'en veux pas, je suis surbookée en ce moment...
Supprimer« A l'ex en draps » tu fais fort ! Bravo !
« Il y a vingt dents » ce n'est pas mal non plus ... tu es en forme.
Alors pour ce qui est du coupable, c'est Seth, qui a tué son frère Osiris (qui était aussi son beau-frère) et l'a découpé en 14 morceaux qu'il a dispersés dans toute l'Egypte...
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Impressionnant les rites funéraires que tu décris et les photos correspondantes. C'est autre chose que nos tristes enterrements du XXIe siècle, ou la fin de vie et la mort sont occultées. ( Mais c'est un autre débat…).
RépondreSupprimerMerci surtout pour la manière passionnant dont tu nous relates ton périple.
Oui c'est passionnant d'étudier les rites funéraires égyptiens antiques : on a l'impression qu'ils ne vivaient que dans l'attente de la mort...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Tout est beau, et bon à voir et toi aussi ...
RépondreSupprimerCe palais blanc mirifique, cet oeil rond et noir, cet homme à la longue figure (Akenaton ?) et l'autre, rondouillarde, en effet du genre du précédent. On se sent dans un roman, prêt à s'embarquer sur le Nil et y vivre Dieu sait quoi ... Je suis partante Célestine !
Bien vu : l'homme à la longue figure, c'est bien Akenaton...
SupprimerViens suis-moi, je t'emmène dans mon aventure !
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