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Trois adorables petits diablotins.
Ils bougent dans tous les sens, expriment leur vitalité par de grands cris perçants de souris en train de se faire poursuivre par un chat. Batailles de jambes et de bras, hurlements, mouvements désordonnés, et du bruit, beaucoup de bruit.
Un petit supplice attendrissant certes, mais pénible pour mes oreilles délicates...et pourtant, le métier d'instit, et la fréquentation des préaux par temps de pluie, m'ont donné une certaine endurance aux décibels.
Une jolie fratrie de garçons très « vivants », écarts d'âge dans un mouchoir de poche, qui investissent tous les interstices de l'espace sonore, et dont la mère me confie que parfois le soir, elle est morte de fatigue et ne sait plus comment gérer ce trop-plein d'énergie.
C'est une erreur commune, dans notre monde agité, que de confondre énergie et hyperactivité.
L'énergie est une puissance concentrée au creux du ventre. Elle se cultive justement en dehors des mouvements désordonnés du corps, par la respiration, la méditation et la connexion profonde aux énergies cosmiques et telluriques. Tous les yogis, tous les aïkidokas, judokas et autres pratiquants d'arts martiaux le savent. Tous les élèves japonais ou chinois le vivent au quotidien.
D'où vient que, de nos jours, on assimile énergie et agitation ? Le mot clé de cette étrange croyance éducative s'appelle « le défoulement ». On pense qu'un enfant qui se dépense physiquement sera plus calme. On bourre leurs emplois du temps de ministres d'activités censées laisser s'exprimer leur énergie. En réalité, il n'en est rien. Au lieu de la convoquer, ils la dilapident comme des graines semées dans l'eau.
Essayez de faire se concentrer des enfants sur un problème de mathématiques, au retour d'une récréation, par exemple. Et vous, essayez de dormir le soir, juste après une séance d'aérobic ou une partie de tennis. Ou de vous concentrer sur une partie d'échecs.
Comme je l'ai toujours fait, j'ai pris ma guitare, et les trois petits diablotins ont stoppé leurs batailles pour écouter la musique, en calmant peu à peu leurs petits corps tendus comme des élastiques. Le silence a pris une qualité extraordinaire, avec les notes glissant doucement sur le crépitement du feu, les respirations se mettant progressivement en résonance jusqu'à l'unisson. Le courant vital s'est remis à circuler.
« J'aurais adoré être un de tes élèves » m'a dit un ami quand je lui ai raconté l'anecdote. Vous savez quoi ? Ça m'a touchée, et sans fausse modestie, je pense que moi aussi, j'aurais adoré être une de mes élèves.
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