Pages

24 mai 2024

Lettres du Japon (4) Takayama et Shirakawego







 La vie à Takayama commence assez tard. Les boutiques s'animent seulement vers 11 heures. Un beau soleil printanier éclaire les ruelles encore désertes, les maisons de bois traditionnelles, les quelques boutiques ouvertes. 
Sur les bords de la rivière Miyagawa, le marché Shimosannomachi est un petit régal pour les yeux. Les marchands se laissent volontiers photographier, et leurs sourires sont joyeux quand ils ne sont pas cachés derrière leur masque chirurgical. Toujours cette peur des microbes omniprésente ici. 

Akiko nous laisse souvent des moments de liberté, bulles de respiration dans le rythme soutenu des visites. Aujourd'hui, on en profite pour grimper jusqu'au parc Shiroyama contempler la ville, parmi les cyprès centenaires et les bambous luxuriants.

Vite, redescendre pour ne pas louper la visite du musée des chars traditionnels. Pas vraiment ma tasse de thé matcha. Trop tarabiscotés, chargés de dorures et de masques grimaçants.
Je préfère la maison du gouverneur Jinya. On y ressent nettement le goût des japonais pour le dépouillement, la décoration minimaliste, en harmonie avec la nature. Tatamis de jonc tressé sur lesquels on doit marcher sans chaussures, parquets de paulownia laqué, panneaux de feuilles de riz ornés de ces délicieuses estampes à l'aquarelle où l'oiseau et l'arbre se mirent dans l'eau. Les jardins sont comme on les imagine, les quatre éléments, petits pas japonais en pierre, ponts de bois, eau qui glougloute sur la mousse, bouquets d'azalées. 
Cela me donne tellement envie de créer un mini jardin zen sur la colline... Mais le climat du sud de la France manque furieusement de mousson, je le crains...

Après le repas, dans une immense salle tenant davantage de la cantine que du restaurant raffiné, nous reprenons la route pour Shirakawago, un village classé au patrimoine mondial de l'Unseco pour ses maisons au toit de chaume, au milieu des rizières et des iris d'eau. C'est ravissant. Le chaume atteint parfois jusqu'à un mètre d'épaisseur. Un pont suspendu relie les parcs automobiles à cet espace d'un autre monde, comme si l'on passait la porte du temps.

Je fais une halte zen près du sanctuaire Hachiman Schrine où je contemple dans un lavoir près du temple un filet d'eau apaisant sortant d'un tube en bambou. Des hishaku, sortes de louches en bois ne devant jamais toucher le sol, permettent aux visiteurs de se purifier. Ce sont les mêmes louches qui servent à la cérémonie du thé. Mais n'anticipons pas, celle-ci est prévue dans le programme...
A l'intérieur des maisons, on peut voir comment le chaume est maintenu solidement sur le toit par un incroyable travail de matelotage, où comment nouer savamment les cordages. Mais on sait que les Japonais sont des maîtres dans l'art de faire des nœuds, comme le savent ceux qui connaissent le  bondage.
Nous terminons la journée à Kanazawa, par la visite de sa célèbre gare, pas aussi belle que celle de Limoges mais connue pour son splendide Tori (porte sacrée).
Le groupe commence à se souder, à mieux se connaître. Demain, cela fera une semaine que nous nous sommes envolés. Les affinités se forment. Les éclats de rire fusent, comme quand la glace de Gérard a terminé sa course sur sa chemise. Les voyages en car créent des liens, et nous replongent dans des joies enfantines. 

(à suivre)





























3 commentaires:

  1. Tu as raison de te réserver pour la cérémonie du thé prévue au programme.... Jean le Danois nous a raconté son expérience personnelle en témoignant de l'émotion qu'il avait ressentie ce jour là, quand il a été initié dans le détail au rituel..

    J'aime particulièrement ta série de photos du jour..
    On sent effectivement ce phénomène du groupe qui commence à mieux se connaître à travers les partages.

    Bonne suite

    RépondreSupprimer
  2. Quel plaisir de vous suivre. Un régal.
    les photos sont splendides.
    Je suis avec vous. Tellement dépaysée.
    Bisous.

    RépondreSupprimer
  3. J'apprécie ce savoir-vivre tout en délicatesse des japonais, leur art et leur poésie d'une grande simplicité, tout en retenue...
    Pas du tout les décorations tarabiscotées, les masques grimaçants comme tu le dis !
    Merci pour ces belles photos, et la cuillère qui distribue l'eau très zen !
    Bises Célestine

    RépondreSupprimer



Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.