Sous-titre: Recette simple à suivre pour trouver la ville secrète.
Partir au hasard sans idée préconçue.
Préférer le hors-saison, automne doux ou printemps frileux.
Boire un verre dans un endroit loin des pièges à touristes, caché dans la verdure, un petit coin charmant qui se mérite comme une jarretelle de soie sous une robe longue.
S'assoir sur les marches de la cathédrale, mais au pâle soleil de l'aube, sans les cris perçants des gamins qui courent sur le parvis après les envols de pigeons.
Manger dans un restaurant discret, bouche-à-oreille et coeur-à-coeur , où les patrons ont de l'amour dans leurs yeux et leurs casseroles.
Monter à pied jusqu'en haut du tertre, entendre à peine le bruit sourd de la ville comme un ronronnement de gros animal assoupi. Se pencher aux balustrades en riant. Apprécier qu'il n'y ait personne.
Trouver un banc de square aux heures d'école, et essayer le toboggan. Et la marelle.
Jeter des sous dans les fontaines, faire tanguer les passerelles, descendre les boulevards à vitrines closes, quand la ville dort. Juste se sentir seuls au monde. Trembler un peu, de cette force que l'on sent dans nos mains serrées sur le temps.
Garder dans le nez une odeur de tilleul sur les places ombragées, comme on garde dans la tête un air de jazz.
Arpenter les quais en silence, sous les réverbères qui font trembler les reflets des rivières, écouter seulement le plic-ploc sur les coques des bateaux qui dansent, et acheter un vieux roman de Harrison à un vieux barbu qui lui ressemble.
Entrer dans l'ombre froide des églises, cligner des yeux sous les vitraux à la lumière du crépuscule.
Et le soir, dans l'hôtel déserté d'un jour de fin d'hiver, prendre une chambre avec vue sur l'amour.
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