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26 août 2009

J'aime les poètes


Tout comme l'albatros aux ailes empesées
Chanté par Baudelaire en un vibrant poème
Tu portes sur le monde un regard affligé
Jetant sur la misère humaine l'anathème.

Par bonheur il existe en ce monde perdu
Des hommes tels que toi, aux précieuses antennes,
Ecoutant sans relâche et d'une oreille émue,
Chantant de l'univers, les joies et puis les peines.

Que serait notre vie privée de poésie
Comment tournerait-il, ce monde échevelé,
Sans les mots éperdus, haletants, indécis

De ce prince des nues qui vit sans compromis
De cet ardent champion de la rime et du verbe
Qui pointe nos défauts de son aile superbe.

A Mathéo

23 août 2009

De l'eau à mon moulin (pour Delphine)





Je viens de lire les derniers billets de Delphine, sur le Paraguay, et sur les problèmes de la gestion de l'eau et de la façon dont les hommes semblent se moquer et se contre-moquer de cette situation pourtant gravissime . Je viens de me délecter des commentaires que chacun , avec sa personnalité , a apporté, le très beau poème de Mathéo, la position de FD qui réfléchit en éducatrice, en projetant l'espoir sur les générations futures, Amaury qui donne de précieux éclairages historiques avec un grand sens de la synthèse...Et je me dis que notre prise de conscience n'est pas isolée. Ce ne peut être pas le fait de quelques intellos qui se contenteraient de refaire le monde pour se distraire. Il y a des millions de gens qui pensent comme nous, qui écrivent comme autant de petites mains sur la blogosphère, qui essaient de vivre au quotidien une autre façon de partager les richesses de la planète, en se responsabilisant, et éduquant, en convaincant, un travail de fourmi, des milliers de gouttes d'eau qui feront tôt ou tard un immense océan. Il vaut mieux vivre de cet espoir, qui génère de l'énergie, plutôt que de s'enfermer derrière un "c'est trop tard, ça ne sert à rien" sclérosant et mortifère. Bien sûr qu'il n'est pas trop tard, pour lutter avec chacun ses propres armes contre l'individualisme galopant, l'inconscience ou la mauvaise conscience, l'amoralité, l'égoïsme, la peur de l'autre, toutes ces choses qui nous empêchent de progresser vers le bien de tous. Au quotidien. Par de petits gestes insignifiants peut-être mais lourds de symboles.


Un exemple?

J'étais hier soir à un mariage hors norme, présenté par le marié lui-même comme un mariage "participatif". L'une après l'autre, chaque tablée d'une vingtaine de personnes est devenue "équipe" de serveurs, une pour l'entrée, une pour le plat principal, etc... tout cela s'est fait dans la joie et la bonne humeur. En même temps, le marié commentait ce que nous mangions: chaque élément du menu provenait du village où nous étions,le sanglier qui mangeait ses carottes hier encore, les fruits, le vin, les fromages , les sorbets, les gâteaux , faits maison, que du bon, que du naturel, que de l'équitable. Un merveilleux exemple de ce que l'on peut faire en alliant les bonnes volontés de chacun, sans qu'aucun essaie de s'en mettre "plein les fouilles" selon le modèle libéral mondialiste bien connu, en réduisant les autres à la servitude. Chaque convive s'est senti, à un moment donné de la soirée, une goutte d'eau, un petit maillon dans cette grande chaîne, un élément important de la réussite de la fête. Dans le respect, la solidarité, la joie de partager au sens propre comme au sens figuré. Ce qui m'a impressionnée le plus, ce ne sont pas les assiettes en carton recyclé, le vin non frelaté, les bouquets de fleurs des champs sur les tables, le copain déguisé en clown qui a donné de son temps pour amuser les enfants, ou la chorale formée par toute la famille, un grand moment d'émotion, non, ce qui m'a frappée, c'est l'évidence de ce mode de vie comme générateur de bonheur. Pouvoir faire une noce magnifique de 180 personnes, sans avoir le budget de Rothschild, sans étalage de luxe tapageur, sans gaspillage, avec comme seul fil rouge, finalement, l'Amour .C'est bien ça le plus important. Merci à J et N de nous l'avoir rappelé.

Merci à Delphine, d'avoir apporté tant d'eau à mon moulin.Et merci à tous ceux qui se reconnaissent ou se reconnaîtront dans ce combat en acceptant de devenir à leur tour des gouttes d'eau.

22 août 2009

Molière auteur moderne


La pièce du Tartuffe , que j'ai vue l'autre soir superbement mise en scène en costumes d'aujourd'hui, résonne encore à mes oreilles : un cadre grandiose pour une de ces soirées d'été sous les étoiles, dont la région a le secret, et une interprétation exceptionnelle. J'avais étudié cette pièce en première, et grâce à un professeur extraordinaire, qui nous l'avait fait jouer, je gardais très présentes à l' esprit certaines répliques, mais j'avais seize ans et je ne mesurais pas la portée de ce que je jouais. Je lui découvre aujourd'hui une profondeur, une absolue universalité qui lui donne , malheureusement si j'ose dire, une modernité inquiétante. Ce Tartuffe, faux dévot prêt à tout pour arriver à ses fins, ne m'évoque que trop, hélas, certain homme politique de notre temps, mielleux et patelin, hypocrite et chaffouin, mais terriblement déterminé sous des dehors de sainteté, se frottant les mains comme s'il récitait un chapelet, et entortillant le bas peuple dans des promesses fallacieuses.Je ne vois que trop comment tout un peuple peut se laisser abuser par de belles paroles... Tel Orgon qui aliène à l'imposteur ses biens les plus chers, sa femme, sa fille, sa maison, sa fortune, et qui déshérite ses enfants sans aucun discernement, mes compatriotes sont en train de se faire confisquer par une bande de tartuffes sans s'en apercevoir leurs biens les plus précieux: la Liberté, l'Egalité et la Fraternité.
"J'enrage! " comme dirait Molière.

20 août 2009

les ombres s'allongent imperceptiblement

Le mois d'août flamboie sur les collines, la canicule broie toute envie de bouger le petit doigt. Les soirées s'étirent moites et sereines.
Et pourtant, quelque chose a changé dans le jardin: la lumière de l'après midi est plus ceci, moins cela...difficile à expliquer, on voit bien que la table n'a pas bougé, il y a toujours autant de feuilles sur le figuier, et pourtant l'ambiance n'est plus la même, et on se prend à évoquer septembre comme une réalité qui s'approche.
Et puis on s'aperçoit que les gyneriums pointent timidement leurs premiers plumeaux annonciateurs d'automne, et que les ombres, imperceptiblement se sont allongées, celle du cyprès de Florence vient maintenant nous lécher les pieds quand on s'allonge sur la chaise longue, alors qu'il y a un mois elle était ridiculement petite, comme un manchon autour du pied de l'arbre.
Et là, d'un coup, on se dit que les vacances peut-être bien, ont une fin, même pour les instits qui, comme chacun sait, en ont beaucoup trop, et de beaucoup trop longues...

14 août 2009

quand la démocratie n'est qu'une façade

Le billet d'Amaury , qui s'indigne d'une décision de politique locale qui condamne les 206 arbres d'une avenue à passer par la hache, m'inspire une réflexion sur la façon dont les politiciens (devrais-je dire les politicards ?) s'arrangent avec la notion de démocratie, au mieux de leurs intérêts. C'est bien le cas chaque fois que ces messieurs ont dans leurs cartons des projets déjà ficelés, et pour lesquels ils provoquent une pseudo- consultation, histoire de faire un peu démocratique. Nous avons ainsi assisté en France à une "grand débat" sur l'école, alors que les nouvelles orientations étaient déjà décidées, et que les nouveaux programmes étaient édités. Dans ma ville, on a fait "choisir" les citoyens parmi trois projets d'architectes, alors que celui qui a été soi-disant choisi avait été pressenti bien avant la fameuse consultation.
De nos jours, il est vrai que le sentiment que tout est joué d'avance est machiavéliquement entretenu dans les esprits pour que ceux-ci se résignent, et n'aillent surtout pas se révolter. Mais je persiste à crier haut et fort que rien n'est joué d'avance, que rien n'est fatal, et que tout peut toujours être remis en cause. Et effectivement, , comme le dit si bien Amaury, un petit bulletin dans l'urne peut faire tomber des murs contre lesquels on pensait être obligés de se cogner la tête. Vive la démocratie. La vraie.
 

01 août 2009

La théorie des tiroirs

La vie ressemble un peu, selon moi, à ces commodes anglaises en bois couleur de miel, très à la mode il y a quelques années, remplies de tiroirs de toutes les tailles. Dans chaque tiroir se trouve un compartiment de l'existence: Il y a le tiroir-famille, le plus précieux, rempli d'amour, compartimenté en plusieurs grands tiroirs : le couple, les enfants, les parents, les collatéraux. Puis le tiroir-travail, massif et indispensable, dans lequel se cache comme une gigogne le tiroir-argent, dont le fond est un peu troué par endroit, et où l'on range les courses, le budget, les factures , les traites..., et bien sûr le tiroir-santé. Si le désordre règne dans un de ces trois énormes tiroirs, ou même, sans parler de désordre, si quelque chose ne va pas tout à fait bien, alors la commode devient bancale, et la vie compliquée.
Et puis, il y a d'autres tiroirs plus légers mais tout aussi important pour structurer une vie. Le tiroir-maison, qui n'est pas forcément grand mais demande beaucoup d'énergie et d'attention, le tiroir-amis, plein de choses fraîches et agréables, où l'on n'aime pas que se pointe une déception, le tiroir-vacances, avec ses bonbonnes d'oxygène et ses paysages nouveaux
, bien pratiques quand on étouffe un peu, le tiroir-choses-matérielles-dont-on-pourrait-se-passer-quoi-que..., nom générique pour désigner un tiroir dans lequel on va ranger l'ordinateur, le lave-linge, la bagnole, (oui, je tiens à garder ce substantif désignant bien ce tas de ferraille qui rend des services mais nous le fait payer en se vengeant régulièrement) le frigo, la télé,la chaudière,la tondeuse à gazon...bref, tout un bric-à-brac de trucs immondes qui ne sont là que pour nous faciliter la vie sauf quand ils tombent en panne.
Et puis, tout en haut de la commode, tout un tas de petits tiroirs qui ne semblent être là
que pour faire joli, mais qui ont leur importance, le tiroir-imprévu agréable, plein de sel et de piment, de poésie, de fantaisie, le tiroir-bonnes nouvelles, rempli de guérisons, de décrochages de CDI, de réussites aux examens, de bébés et de mariages, et le tiroir personnel, dans lequel on rangera le temps pour soi, la lecture d'un bon livre, la sieste, l'esthéticienne ou la méditation sur une montagne. N'oublions pas le tiroir-secret dans lequel pousse le jardin du même nom, et qui mériterait, comme le précédent, qu'on y aille un peu plus souvent car il est vite envahi d'herbes folles si l'on n'y prend pas garde.
Quand je regarde l'existence sous cet angle, je ne puis m'empêcher de constater combien il est difficile de maintenir l'harmonie dans tous les tiroirs. La vie, c'est sans doute cela, essayer de ranger au fur et à mesure, et de trier l'urgent du moins urgent. Et j'ai appris, peu à peu, à apprécier ces moments rarissimes et merveilleux où l'on a beau réfléchir, regarder, fouiller
partout, plus rien ne cloche dans aucun tiroir. Ça ne dure jamais bien longtemps, autant le prendre avec philosophie...
Alors on s' assoit et on goûte cet instant de pure perfection, les yeux mi-clos et le sourire béat...et le téléphone sonne, ou le petit dernier se coince les doigts dans une porte...