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27 avril 2010

Un beau voyage


J'avais déjà parlé de la maternité suisse d'Elne, mais de loin, en photo, dans les livres, les choses restent théoriques. Et puis, il m'a été donné cette semaine de découvrir avec passion ce lieu  chargé d'histoire et d'émotion. 

Quel frisson de débarquer dans ce petit village catalan, en pleine fête de sant Jordi, le saint local.
Que de plaisirs pour tous les sens au long de ces quelques jours de féerie...
Les plages longues et encore désertes en ces premiers jours de beau temps aux couleurs de l'été, l'eau transparente d'une mer différente de celle que je connais, une petite  tramontane aigrelette et vivifiante hérissant les poils sur la peau encore pâle de sortie d'hiver.
Les petits restaurants de Collioure, les spécialités catalanes, les moules persillées, les calamars à la planxa, la crème catalane au parfum de cannelle et de fleur d'oranger, les concerts de musique de rue, les drapeaux jaunes et rouges pavoisant chaque carrefour. Partout des odeurs étonnantes, euphorisantes, luxuriantes.Une végétation généreuse qui invite à la douceur. Là, tout n'est qu'ordre et beauté...
Un programme varié, intense et pourtant relaxant: shopping à Perpignan, la ville fière, visite de musées, footing dans la campagne, longues soirées à refaire le monde.
 
Et puis, un soir, le choc de pénétrer dans la Maternité, d'apprendre ce pan d'histoire si sombre, si déchiré qu'est la fuite des exilés de la guerre d'Espagne, tant de choses horribles que les manuels nous ont cachés si longtemps: saviez-vous qu'en France il y avait plus de deux cents camps de concentration, appellation vite abandonnée au profit de celle, moins connotée, de camps d'internement ou de réfugiés? Mais la vie n'en était pas moins hideusement pénible pour ces pauvres gens, faite de souffrances, d'humiliations et de mauvais traitements. Et au milieu de toute cette horreur, une femme se lève , lumineuse et forte. Par son dévouement, elle va sauver des centaines de femmes et d'enfants
Nous traversons les couloirs de ce château empreints de souvenirs. Le fait de le visiter de nuit ajoute encore à l'impressionnant mystère du lieu. Il me semble entendre encor les cris des enfants qui jouent, les gémissements des femmes qui accouchent, le ronflement des camions déversant leurs flots de malades et de parturientes venues chercher dans ce havre  un peu d'humanité et de chaleur. L'histoire de l'homme qui a acheté le bâtiment à moitié en ruine et qui l'a remonté pierre par pierre avec passion, est tout aussi émouvante. Comme l'est également celle du Maire du village, petit fils d'exilé espagnol. Tout concourt à donner à ce lieu un destin hors du commun.

Il fait nuit, car nous sommes venus rencontrer  deux artistes de "lightgraph", cette technique qui consiste à impressionner une pellicule photo sur un temps de pose plus ou moins long, en "écrivant" avec des lampes torches sur le fond de l'obscurité. Chacun retient son souffle, comme si on tournait une scène d'un huis clos.  Le lightgrapher écrit en calligraphie arabe des messages de paix et de solidarité qui illustreront une exposition future dans le site de la Maternité. Une exposition symbole. C'est somptueux. Magique. On écrit en arabe, on parle en espagnol ou en français, tout le monde semble se connaître depuis toujours.

 Finalement, je ne suis pas allée très loin, mais je suis allée haut.
Ma grand-mère disait toujours que les plus beaux voyages sont ceux que l'on fait derrière ses paupières closes. En un sens, elle avait raison, comme toujours.


Photos du patchwork: Célestine.
La photo de lightgraph (ci-dessus)  est due au talent d'un magnifique artiste, Sylvain Chèbre que vous pouvez retrouver ici: 
http://www.flickr.com/photos/schebre/with/4826867408/ 
Merci à lui de m'avoir prêté cette photo pour illustrer mes dires.


Merci à Epistyle pour ses précieux conseils de montage photo.
Merci à Flo pour ces moments de pur bonheur.

11 commentaires:

  1. J'aime c'est très beau. Hier au soir, j'ai regardé l'émission des infiltrés dans le milieu d'extrême droite catholique :"Dei christi" j'avais en vie de vomir !!! Comment le gouvernement peut-il admettre ces groupuscules et même ces écoles qui se disent à la "droite du père" !!!

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  2. Un beau lieu pour une belle histoire en somme.

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  3. J'en suis persuadé. Bises. Math

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  4. Alors après avoir lu ton texte, j'ai fait comme ta grand mère disait, et grâce à vous deux, j'y étais :))

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  5. J'ai eu la chance de visiter cette région et notamment Collioure hors saison moi aussi (fin septembre). Je suis passée à Elne, j'ai visité le cloitre mais pas la maternité. Mais c'est sût si j'y retourne je m'y arrêterai!
    Miam! les crèmes catalanes à la cannelle:-)!

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  6. C'est intéressant, cette technique artistique. Je ne connaissais pas... Et ta grand mère aurait bien raison. Enfin, je crois qu'ils sont complémentaires les uns des autres.

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  7. Tu l'as toujours dit et je le constate à travers chacun de tes écrits: ta grand-mère et une grande dame et une sage; merci de nous rappeler ces moments douloureux mais qui font aussi partie de notre histoire (la Belgique a eu son lot aussi...)
    Bises du Nord en ébullition

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  8. Tu l'as toujours dit et je le constate à travers chacun de tes écrits: ta grand-mère et une grande dame et une sage; merci de nous rappeler ces moments douloureux mais qui font aussi partie de notre histoire (la Belgique a eu son lot aussi...)
    Bises du Nord en ébullition

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  9. C'est bon de te revoir chère Célestine
    C'est bon de te relire

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  10. J'aime les sages paroles de ta grand-mère à la folie! C'est si généreux comme idée...

    Quant à ce que tu évoques ici, oh que l'on croit à la obnté des hommes quand on visite de tels lieux et que l'on sait dans quelles circonstances ils ont pris tout leur sens ...

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  11. Merci beaucoup pour vos phrases. Oui, j'aimais beaucoup ma grand-mère maternelle (j'ai peu connu l'autre hélas)elle m'a transmis sa sagesse et son amour de la vie. Elle coule en moi comme le miel.

    Je vous embrasse

    ***********Célestine

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.