Pages

04 avril 2022

Partie de campagne



Le ciel serait azur, d'un bleu de joie, très pur, avec ce qu'il faudrait de nuages nacrés pour draper le soleil dans une majesté. De fin d'été. Ou même de début d'automne, à cause des coucourdes et des potimarrons. 

- Oh oui, nous garnirions illico un panier d'un bon jambon de Parme et d'un vin d'Italie. 
- Je mettrais, à coup sûr, ma belle robe blanche...
- Moi mes éternels knickerbockers à carreaux. Et surtout, s'il faisait aussi beau que cela, je t'offrirais des roses. 
- Des roses ? Ah mais alors, ce serait plutôt mai. Le joli mois de mai. C'est bien connu, je l'aime. Evidemment, j'aime Paris au mois de mai. 
- C'est encore une de tes fichues citations... tu en vois des blés mûrs à Paris, ma chérie ? Et des coucourdes grosses comme la porte d'Aix, ça court la capitale ? Je te demande un peu...
- Et toi, tu vois des blés mûrs ou des potirons, au mois de mai joli, non mais quelle folie ?
- N' importe. Il ferait chaud, et voilà l'essentiel. Et si tu n'aimais pas les roses de la vie, je  cueillerais pour toi de grands coquelicots.
- Quand on les a coupés, ils s'écroulent, tu sais. C'est une fleur farouche aimant sa liberté...
- Laissons-les dans le champ, alors, tu as raison. Nous trouverions un coin, silencieux, bien à nous,  juste pour nous poser le cul dans l'herbe tendre. Ne sois pas horrifiée, c'est une citation. Tu n'as pas, tout de même, je suis bien informé, l'exclusif monopole de l'extrait musical. Il ferait très beau voir, comme dirait Simone. 
- Laissons-là ces broutilles et ces calembredaines. J'aurais l'âme lyrique à contempler tes muscles, dessous le fin tissu de ta chemise neuve. Celle que je t'aurais achetée chez Prisu. A moins que chez Harrod's ils n'aient prévu des soldes. Une chemise blanche, d'un blanc immaculé, profond, comme tu aimes...
- J'aime surtout, en sus de ton âme lyrique,  découvrir ton corps fou sous ton fougueux corsage...
- Héros de mes nuits blanches et de mes jours de feu, j'humerais ton parfum de paille et de benjoin, de serpolet, de musc... Ah ! Quelle volupté !
- Je te renverserais dans le sainfoin, ma chère, in naturalibus, pour un peu d'escalade sur ton mont de Vénus. 
- Ta chemise si blanche, vite, je la verrais aller faire de l'ombre aux grillons ensuqués, découvrant ton beau torse au bout de mes doigts fous.
- J'effeuillerais  tous tes jupons l'un après l'autre, jusqu'à ton Graal, ta source, ton trésor, ton joyau...
- Le panier volerait sous nos ébats sauvages...
- Ah non ! Perdre un bon vin, n'y pense même pas ! Plutôt le boire, enfin, pour sublimer l'ardeur que donnerait la fièvre à nos coeurs enivrés...Et, les flancs tout piqués de luzerne et de roses, gémissant, ahanant, dans une apothéose...
- ...Enfin ! tu cueillerais ma suave pâquerette, et moi ton doux pistil.
- Alors j'exploserais, sous ce ciel moucheté de rêves z'et d'insectes, épuisé mais heureux...
- Et moi, épanouie, ruisselante et ravie, je viendrais te rejoindre en ce feu d'artifice, ondulant, tels les blés, sur ton corps tout tremblant...


-Oui mais il neige, amour. Il fait un temps de gueux.
Le thermomètre flirte avec les négatives.
Remets du bois dans le foyer, j'étends la couette.
La partie de campagne va attendre un peu.

•.¸¸.•*`*•.¸¸☆•.¸¸.•*`*•.¸¸☆






Pour l'atelier du Goût

27 commentaires:

  1. c'est vrai qu'il ferait chaud :-)
    (mais sous la couette aussi!)

    RépondreSupprimer
  2. Ah oui, c'est loin, c'est loin tout ça !

    RépondreSupprimer
  3. Ma réplique préférée "ta chemise si blanche..... faire de l'ombre aux grillons " Outre d'être dans le thème imposé, ton billet eut pu illustrer une saison de Vivaldi. Mais comme nous sommes loin de celle ci, accepte mes bises enneigées.

    RépondreSupprimer
  4. Ta poésie exulte tes mots et tu nous charmes
    on veut y croire à ces moments idylliques
    que dis-je on en réclame!
    bisous chère amie

    RépondreSupprimer
  5. Si l'image pourrait être tirée de "La tour de garde", votre texte est capable de nous amener au septième ciel.
    M'enfin Maitresse, réveillez-vous ! Y a d'la neige à pelleter :)
    Votre campagne est délicieuse, je vote pour l'amour ! :D
    Douce semaine Célestine, bisous.

    RépondreSupprimer
  6. Il y a décalage entre l'illustration, le texte et le titre, la bouteille aurait dû être posée exactement dans la même position, mais du côté du Monsieur.

    Bleck

    RépondreSupprimer
  7. Un pâté en croûte digne d'un pique-nique, truffé de citations.
    Et s'ils ont encore la soif au ventre, Simone d'Abreuvoir sera toujours là.

    RépondreSupprimer
  8. La luzerne et les épines de roses, à mon avis... même aprés un bon coup de pinard, pas sur qu'elle apprécie.

    RépondreSupprimer
  9. Tu es la seule à avoir vu de la volupté dans ce tableau

    RépondreSupprimer
  10. J'ai été bluffée par tes citations musicales et l'opportunité de celles-ci dans ton récit. Pour tout dire... j'ai a-do-ré !

    RépondreSupprimer
  11. "Et l'été
    L'était là debout au milieu de ma chambre
    Sous la jupette jaune brunissait l'or des jambes
    Et le blanc de ses yeux brillait comme du lait
    Il fait chaud cet été
    L'été était muet alors on est sortis
    Et nous avons marché sur la route rôtie
    Brûlants comme des rails parallèles on allait

    Un été
    Nous marchions côte à côte sans nous parler
    Les maisons avaient fermé tous leurs volets
    Et parfois l'un de nos doigts se frôlait

    Tous les deux, on déjeunait sur l'herbe
    Et moi j'en avais fumé un peu
    Dans mes yeux, un triangle superbe
    Tes yeux
    Puis le soir obscurcit la pelouse
    Pour l'oiseau, laissons les gâteaux secs
    C'est parfait. On repart à Toulouse-
    Lautrec."


    https://youtu.be/1mlCIbDged4

    Sous ce rêve qu'avec Claude tu nous fais partager, j'admire le charmant tableau qu'un printemps de chaleur nous avait inspiré...

    Ce retour à  la liberté, ce spectacle d'un éveil de la nature où l'on devine 'l'origine d'un monde' enchanté, tout cela m'eclabousse de couleurs chaudes dont tu  sais habiller ta palette de tous les jours....

    Mais, mais,  mais la neige d'avril
    celle qui se pointe parfois
    est venue refroidir nos élans ....
    La bûche dans le feu heureusement
    réchauffa nos corps allanguis

    Bientôt nous pourrons à nouveau
    sortir sur la route rôtie...
    et tous les rêves sont permis.

    Je t'embrasse pour nous avoir ainsi
    fait rêver de déjeuners sur l'herbe chaleureux

    RépondreSupprimer
  12. "S'il n'y a plus de saisons,
    Si le monde est en déraison,
    Alors mon unique oraison
    C'est que l'on reste à la maison !

    Puisque je n'ai pas la main leste,
    Tu trieras mes papiers, Céleste"

    Marcel Proust. - Les Etranges rêves de Joe K.

    ;-)

    RépondreSupprimer
  13. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  14. Un dimanche à la campagne pour tout bagage un panier d'osier rempli d'amour c'est mieux qu'une croisière aux Caraïbes en yacht même avec un cuisinier et du personnel à bord où les nuits sont difficiles tant que le bateaux tangue.
    Parfois mieux vaut rester sur la couette avec ses rêves irraisonnés.

    RépondreSupprimer
  15. Une jolie illustration et de bien beaux mots pour nous faire oublier le froid. Vivement les beaux jours pour partir à la campagne avec un panier bien garni et trouver un joli coin à l'ombre d'un arbre et des fleurs des champs :-)
    Bisous Célestine

    RépondreSupprimer
  16. Nous piaffons d'impatience, comme des oiseaux trop gâtés, en attendant des jours gorgés de chaleur, de soleil... Oui mais voilà, Dame nature fait bien ce qu'elle veut, quand elle veut... qui à nous faire aller chercher quelques buches pour allumer un feu.
    Mais roucouler devant la cheminée, ce n'est pas mal non plus.
    Il n'y a que le jardin qui pleure...
    L'hiver n'est pas mort puisqu'il nous mort encore.
    Un joli texte qui nous emporte vers des jours meilleurs grâce à sa poésie doucement chantée.
    Bises givrées.

    RépondreSupprimer
  17. Je m'inquiète un peu pour ton immaculée robe blanche... je crains qu'elle ne supporte pas que tu te poses le cul sur l'herbe tendre. Tu pourras me dire qu'une robe imprimée du vert de ce doux coussin qui servit à poser ton fondement et ces décalques de fleurs de pissenlit sont du plus bel effet et soulèvent le côté primesautier de l'aventure...
    C'est toujours un plaisir d'écouter le divin Genevois paillard :-)

    RépondreSupprimer
  18. Encore un commentaire passé à la trappe... :-(
    Baci tout de même.

    RépondreSupprimer
  19. Grrrrrrr! Dommage que la neige et son train d'hiver soit venu interrompre ce réchauffement climatico-érotique ! Tout en subtilité. Pourtant, quand on s'aime dans la luzerne, on est comme un poisson dans l'eau au milieu des prés ♫♪♫♪♫♪
    Bon, la couette, devant le feu de cheminée, c'est pas mal, non plus... Mais, ton texte faisait déjà rêver, et la douche est un peu froide.

    RépondreSupprimer
  20. Belles humeurs printanières, Saint foin veille aux côtés des sauvages coquelicots... Une feu de bois et une couette feront l'affaire j'en suis certaine, ta poésie est irrésistible. Bises et fou week end céleste Célestine, à tout bientôt. brigitte

    RépondreSupprimer
  21. "Il ferait très beau voir, comme dirait Simone"
    #mohoho !

    RépondreSupprimer
  22. Ici, il fait 0° tous les matins et, dans la journée, le soleil voilé, ne fait pas assez grimper la température pour décrisper les âmes. On tente des piques-niques dans l'ail des ours qui n'en finit pas de fleurir comme, avant lui, les crocus (je n'ai jamais vécu une aussi longue floraison de crocus de ma vie que cette année) et, au bout de dix minutes, malgré la couverture qui couvre le sol, le froid de la terre nous a pénétré jusqu'à la taille. N'empêche que, hier, j'ai observé avec des amis, à la jumelle, un pic noir occupé à faire sa toilette sur un pin mort troué comme un gruyère mais encore sur pied et aussi une écureuille qui tapissait son nid. On ne sentait plus le froid, c'était presque aussi magique que l'un de ces pique-nique d'été où le temps est suspendu. Je te souhaite de très joyeuses Pâques, chère Célestine ! <3

    RépondreSupprimer
  23. Vingt cinquième commentaire.

    Bleck

    RépondreSupprimer
  24. La neige ayant fondu...
    Tu peux oublier le conditionnel...
    et passer aux travaux pratiques, Célestine...

    Bon pique-nique de printemps !

    RépondreSupprimer
  25. Ce sont de sacrés textes que vous nous faites là. Leçon de vie, tout simplement, et du bonheur d'aimer. Cela fait du bien de vous lire.

    RépondreSupprimer



Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.