Aujourd'hui, je me suis installée à ma table de travail. J'avais envie de participer à mon atelier d'écriture préféré. Je contemplais la jeune femme rousse dans son boudoir, à la recherche de l'inspiration fatale.
Les persiennes, qu'on laisse soigneusement baissées au coeur de l'après-midi, laissaient jouer des gouttes de soleil sur la table, on aurait dit un petit banc de poissons blancs bien alignés. C'était joli. Dehors l'été soufflait son vent brûlant, celui qui amène l'orage. Je l'ai entendu grommeler au-dessus du Vercors, quelque part dans les énormes paquets de chantilly que formaient les nuages.
J'avais chaud. J'ai relevé mes cheveux en chignon.
C'est alors que je l'ai senti arriver derrière moi. Son souffle. Son parfum.
Oh, regarde, il a dit, tu ressembles au pastel de ton sujet, c'est fou !
Attends, je prends une photo. Clic-clac !
D'aucun, qui se reconnaîtra, trouvera que je suis beaucoup trop hâlée pour ressembler au modèle de Sally Strand, qui est pâle comme un cul.
Mais Lui, il a craqué. Il faut vous dire qu'il adore quand je relève mes cheveux comme on relève un plat avec du piment. Découvrant le petit endroit doux dans le cou qui rend fou.
L'amour se construit de ces petites briques toutes simples. Loin des mots creux et emphatiques.
Ce sont des tas de petits gestes que l'on aime chez l'autre, des parties de soi que l'on croit banales mais dont l'autre raffole, des élans imprévus et délicats. Des fous-rires. Des tâches de lumière. Des riens qui font un tout.
L'amour c'est un dimanche d'été, brûlant et frais à la fois.
L'amour, ce fil d'or ténu et indispensable telle une épingle dans une chevelure. Solide comme un cabestan.
Je me suis dit que j'avais beaucoup de chance de pouvoir le vivre au quotidien.
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Pour l'atelier du Goût.