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12 février 2013

Interrogation orale

Dans la cour, j'aurais été de service avec Mélodie, ma jeune et sémillante collègue. Elle m'aurait posé des questions sur le métier. 
Je me suis toujours fait une règle de répondre aux questions des jeunes collègues. L'éducation est un art qui se transmet, c'est mon côté Compagnon du Tour de France...J'ai raconté une fois comment mon métier me faisait penser à l'art du luthier...dans un billet intitulé Performance ou exigence...

Alors voilà quelques unes de ses questions. Assez intéressantes pour me faire parler de ce métier que j'adore.
Et d'abord, quand cela s'est-il imposé à moi? Être "maîkresse" ça s'est imposé à moi depuis toujours, je crois...Et je n'ai jamais regretté ce choix une seule minute...Pour reprendre une de tes excellentes phrases, Mélodie, je dirai que ce métier me permet de dorloter, de m'occuper de la petite fille qui est en moi...

Quelle est la première chose que tu  fais en arrivant à l'école?  Je regarde le ciel au-dessus du bâtiment. Je regarde les arbres de la cour, j'écoute le bruit du temps. Je m'emplis d'énergie pour ma journée. Et la dernière chose, le soir?  J'éteins les lumières. Je dis au revoir à mon bateau, un peu émue.

Quelle manie de tes élèves te hérisse le poil? Je vais sans doute te paraître étrange, mais aucune. J'ai définitivement compris que l'on ne peut pas demander à un enfant d'être autre chose qu'un enfant. Les enfants bavardent, ils se bagarrent, ils trichent, ils copient sur le voisin, ils fabriquent des lance-pierres, ils ne font bien que ce qu'ils aiment, ils changent d'avis, ils mentent pour se protéger, ils croient qu'il suffit de penser très fort quelque chose pour qu'elle arrive...Sont-ils si différents des adultes?
Mon rôle consiste à les faire grandir ... Et on ne grandit bien que dans l'amour.

Quelle petite manie de tes élèves  t'attendrit? Leurs dessins spontanés. Les « Tu es la meilleure maîtresse de toute ma vie»...si je les avais tous gardés, j'en aurais des milliers...Je pourrais en tapisser tous les murs de la maison.

Et chez les collègues? Ce sont leurs différences qui m'attendrissent. Leurs personnalités si riches et si différentes. Leur humanité. Et le fait que, malgré tout ça, nous formions une équipe.

Une bonne journée d'école, c'est quoi pour toi? C'est une journée où je me dis que j'ai transmis. Où j'ai entendu "ah!!!j'ai compris!!!" au moins une fois. Où je sais que j'ai accompli ma mission.

Et si un parent te dit, agressif : "Moi, monsieur, si j'avais un tel nez"...euh,non je m'égare...s'il te dit  "Mais enfin, ils ne sont pas surveillés!" Je lui réponds: "C'est vrai, je ne surveille pas,  je veille!  Je préfère la bienveillance à la surveillance. Question d'éthique."
En général, dit comme ça, avec un sourire fondant, ça calme.

Une révolution dans ta façon d'enseigner, ce serait quoi? Là encore, je vais sûrement t'étonner, mais 
je nage à contre-courant depuis si longtemps, en continuant à croire à ce métier, à l'aimer, à le porter haut et à défendre mes convictions...j'ai vraiment l'impression d'être dans une révolution permanente.  J'ai un cap, il est immuable. C'est cela, ma révolution, dans un monde de "changisme" aigu. Une révolution pacifique, tranquille, sereine et évidente comme celle de la terre autour du soleil, tu vois. 
D'où mon impression, bien souvent, d'être une extraterrestre dans la profession.

Et pour "décrocher", tu fais quoi? Je profite sans honte des vacances. (Tant que l'on en a encore!) Je me donne tellement à fond, dans ce travail, je n'ai aucun scrupule à me reposer quand c'est le moment. Mais cela n'empêche pas que, lorsqu'un beau matin de juillet, j'entre dans un musée, une galerie d'art ou une librairie, je me dise en moi-même la phrase culte "Tiens, ça pourrait servir en classe..." 

Est-ce qu'on décroche jamais d'une seconde nature?

Voila, ce qu'à peu près, ma chère Mélodie
Je t'aurais répondu, dans la cour, ce mardi.

***

1.Pour mes livres, j'en avais déjà parlé    ici.....
2.Merci à Véronica pour m'avoir fait découvrir la musique merveilleuse que vous écoutez.
3. Je dédie ce billet à Petit Belge, Adrienne, Oizo Jaune, Chabada, Cathnounourse, Berthoise, Zenondelle, Margotte, Joye, Avalon, Sabine, Hélène, Epistyle, Mammilou, Marie-Madeleine, Catherine, Jack, FD, Croukougnouche, Teb, Antiblues, Coumarine, Jeanne et bien sûr à Mélodie, qui m'a gentiment taguée. Bref, tous ceux qui savent ce que c'est que de se retrouver en face d'être humains avec la délicate mission de les former sans les déformer...Et pardon à ceux que j'aurais pu oublier...

59 commentaires:

  1. hé oui, c'est vrai, on est complètement rétrograde, complètement accro, complètement gaga de nos élèves et on ne décroche JAMAIS :-)
    "pour enseigner, il faut de l'éros" a dit Platon, selon Hessel et Morin.
    Cela va sans dire!

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    1. Je ne savais pas que Platon avait dit ça, mais je suis très heureuse de l'apprendre...Comme je sais que tu as les mêmes valeurs que moi, Adrienne!
      Allez, j'aime qu'on se serre les coudes. Dans tous les métiers, c'est très important, l'esprit d'équipe. Rétrogrades...et si on était au top de l'avant-garde, plutôt?

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  2. ton metier est une passion, ta passion !dans la vie beaucoup de situations sont affaire de passion ou..de folie...regardes moi donc avec la gym! n'empeche que j'aimerai avoir une collegue comme toi,a qui on peut poser des questions sans etre devisagee ou etre pris pour une extra-terrestre! mais j'ai pas cette chance! tant mieux pour ceux et celles qui te cotoient au quotidien et quels venarts ces gosses! moi aussi j'aimerai etre en cm2...je suis arrivee trop tard mais j'ai une Amie formidable!

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    1. Merci mon amie! Tu vois, ce que tu dis, ça fait partie des choses les plus importantes pour moi.
      La reconnaissance est très nécessaire dans ce métier, et ce sont toujours les élèves et les parents qui me l'ont témoignée le mieux...Si j'avais dû attendre une quelconque reconnaissance de la part de l'administration, j'aurais arrêté ce travail depuis bien longtemps. Rien à espérer de fonctionnaires froids et zélés. Mais la petite flamme dans le regard de mes Petits Nouveaux , ça, ça vaut de l'or!

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  3. Ah ben oui, moi tu m'as oubliée ! Mais je te pardonne, parce que... un des principes du métier, c'est que... tout le monde peut se tromper ! ;-))
    Les collègues tous différents... c'est une mine d'idées et une chance de former une équipe où les gens se complètent... pour peu qu'ils sachent s'écouter !
    Je dis toujours à mes équipes que ce sont leurs différences qui font la richesse de l'équipe !

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    1. Oh pardon! tu as vu, j'ai réparé ma boulette...quand je pense que tu as raconté l'école normale et ton mariage...il y a trois jours! Quel manque de délicatesse de ma part.
      Sinon,tu as raison, c'est important de motiver les troupes avec une vraie bienveillance aussi pour les collègues. C'est ce que ma supérieure bornée ne peut pas comprendre...

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  4. merci de me mettre dans la fournée de ceux qui .... je suis un peu en bordure , les plus fatigantes journées ne reviennent qu'une fois par quinzaine alors que vous, les capitaines êtes sur le pont avec , tous les jours ..et là, j'admire.!
    oui , la musique est très très belle .. je vais aller tendre l'oreille de plus près..

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    1. Tu fais partie de la famille, Crouk...que tu le veuilles ou non, tu sais ce que c'est qu'une classe de vingt-cinq à trente mouflets qu'il faut motiver, captiver et ouvrir à autre chose que ce qu'ils connaissent déjà...Pas facile tous les jours, c'est vrai.

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  5. Non , Célestine, tu n'as pas rassasié ma curiosité.
    Oui tu m'as semblé étrange tout comme moi je semble étrange parfois car ta description des enfants (j'adore) est aussi la mienne. Je lutte parfois avec mes mots contre les collègues agacés énervés excédés. Je mets mes mots sourires sur certains élèves pour éclairer ce regard sombre des adulte . Mais je les comprends . Moi aussi j'ai pu être ainsi . Avant. Quand j'étais dans l'ambition de maîtriser ma classe. Maîtriser ma vie . Maîtriser mes émotions et surtout mes angoisses lunaires. Mais je me suis résiliée, j'ai découvert la liberté et je l'ai offerte à mes élèves. Mais ça demande un travail de réflexion. Ma pratique aussi a évolué en même temps que mon intérieur.
    La seule chose qui n'a pas changé (oh bein oui moi aussi) c'était l'objectif : être heureuse en classe, de travailler avec plaisir. ça a demandé du temps entre mes interrogations, mes observations. Et puis quand je me suis rendue compte que c'était possible, il m'a fallu du temps pour oser le montrer aux autres, ne pas avoir honte d'être différente.
    C'est pour cela que je me suis sentie proche de toi, Célestine. Je me sens moins extraterrestre.

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    1. La grande leçon de ce métier hors norme, hors champ, hors cadre, c'est que l'on ne maîtrise rien...Tout est au feeling. Une réflexion, bien sûr, sous-tendue par de solides convictions et une énergie à toute épreuve, mais aussi des monceaux de doutes, de reculs, d'avancées, puis de reculs encore...Les mêmes causes ne produisant pas les mêmes effets, on voit vite l'immense leurre de cet oxymore absurde "les sciences de l'éducation"...C'est pourquoi je répète ad libitum que l'éducation est un art, et non une science. Que l'objet d'étude s'appelle l'enfant, un être éminemment complexe et mouvant, et qui ne se met pas en équation.C'est pourquoi aussi l'on se doit d'être un peu extra-terrestre, de penser sa pratique en termes personnels, ce que tu exprimes admirablement par la jolie expression "je me suis résiliée"... J'ai découvert la liberté. Un comble, quand même, d'être forcé de découvrir par soi-même, au terme d'un tâtonnement salutaire, qu'enseigner doive forcément échapper aux dogmes, si l'on veut former des êtres capables de penser par-eux mêmes...
      Comment un élève le pourrait-il s'il a en face de lui un enseignant tétanisé par les diktats des programmes et de l'administration? Les meilleurs professeurs ne sont pas forcément les mieux notés par l'administration.
      N'aie pas honte d'être différente, sois-en fière. Comme je le suis moi aussi. Humblement. A ma manière. Et dans ma vérité.

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  6. Je ferai écouter cette magnifique musique demain matin à ma bellâme ,
    amoureuse de sa guitare!

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    1. Je le suis aussi, amoureuse de ma guitare. C'est un instrument purement magique en classe. La mienne s'appelle Gertrude.Mais il y a aussi Georgette, celle qui reste à la maison.

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  7. Tiens, j'ai l'impression de connaître cette musique ?... Ah, mais oui, c'est une chanson que j'ai massacrée par la passé ! :~)

    Mais je conseille vivement la version de Christy Moore présente dans ce même lien !

    Sinon, tu me donnes presque des regrets de ne pas être entré dans l'enseignement, je crois que je m'y serais plu...

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    1. J'ai beaucoup aimé la version de Christy Moore.Et je me suis bien marrée à écouter la tienne. Quant à ta dernière phrase, bien sûr, elle me touche. Trouver les bons mots pour que ceux à qui ils s'adresse se sentent quelqu'un d'important, c'est une qualité d'enseignant.Tu aurais sûrement été excellent.

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  8. J'ai consacré à l'enseignement de la pédagogie pour adultes, une grande partie de ma carrière professionnelle, alors tu penses que ton billet me parle (il y a des similitudes bien sûr!)...
    Ma plus belle récompense c'est lorsque, à la fin d'une séance, les stagiaires surpris , s'exclament: " C'est déjà l'heure ??!! "

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    1. C'est la même chose avec mes élèves : j'aime qu'ils soient surpris quand la journée est Déjà terminée et ça arrive très souvent. D'ailleurs, je les vois très peu bailler.
      Vraiment, Celestine, qu'est-ce que j'aimerais travailler dans ton école !
      Sinon, de mon côté, il devait y avoir "interrogation orale" ce matin, il devait...

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    2. Antiblues, je t'ai rajouté illico à ma liste: j'ai dit TOUS ceux qui ont en face d'eux des êtres humains à former sans les déformer...Et je me réjouis de l'avoir fait.

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  9. J'ai également répondu à ce tag :
    http://cathnounourse.blogspot.fr/2013/02/reponses-au-tag-decole-de-marite.html
    hihi :)

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    1. Je vais aller lire tes réponses...
      Tu ne me dis pas ce que tu penses des miennes?

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  10. Black is the color of my true love's hair ... Je suis heureuse que cette chanson, douce ballade et mélodie trouve écho en toi et profite à ton bel et riche espace ... C'est la version de Christy Moore que je ressens au plus profond de mes racines celtiques ...
    A ton beau métier que j'admire ... A celle que tu fus pour tes nombreux élèves, celle que tu es devenue aussi ...
    A mes amies enseignantes d'école ...
    Au métier auquel j'avais songé mais que je n'ai pas exercé ...

    Finalement je fus bien plus une "Amoureuse" qu'une maîtresse ...

    Je repars, la mélodie ( miel haut dis ...) à la bouche et dans l'âme, pour toujours ...

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    1. Moi je crois que je suis autant amoureuse que maîtresse...
      L'un n'est pas du tout incompatible avec l'autre, bien au contraire.
      Je ne sais pas enseigner autrement qu'avec passion, et d'ailleurs, je fais tout comme cela. Est-ce une qualité? Est-ce un défaut? je n'en sais rien, et à dire vrai, c'est. Un point c'est tout.
      Racines celtiques...je le sens bien, moi aussi, mon petit bol de sang irlandais...

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  11. Une ode à ton beau métier, ça fait plaisir de voir qu'il y a de belles personnes qui aiment ce qu'elles font... Merci MADAME ];-D

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    1. Ah, monsieur, que vous me faites plaisir! c'est un beau métier, dans cesse sur un fil, fatiguant, usant, tuant mais tellement beau!

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  12. C'est un beau métier ;-)
    Bisous, Laure
    http://suivre-mon-etoile.blogspot.fr/

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    1. Tu vis, Andiamo, Laure est une très belle personne qui aime aussi son métier de comédienne. D'ailleurs il y a beaucoup de similitudes entre les deux métiers. N'est-ce pas chère Laure? Enseigner, c'est être en représentation permanente devant un public, et celui-ci bouge tout le temps, plus difficile de capter son attention, il n'a pas forcément choisi d'être là. Ça n'enlève rien à ton talent, Laure, et à la difficulté de se produire sur une scène...
      Mais il arrive aussi d'avoir le trac le jour de la première (euh je veux dire de la rentrée des classes!)

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  13. évidemment, moi, j'enseigne à des adultes, ce n'est pas la même chose;..
    et pourtant...
    les adultes sont tous encore des enfants quelque part
    et puis aimer transmettre, aimer susciter le meilleur qu'ils ont en eux... j'adore
    Je crois que si j'avais encore un enfant en âge d'école, j'adorerais qu'ils puisse grandir avec toi Célestine, et puis avec tous ceux que tu as cités...
    Cela fait du bien de lire ça...MERCI

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    1. Bien sûr, je t'avais oubliée, suis-je impardonnable!
      Je t'ai rajoutée: comme je le dis à Antiblues, ce n'est pas parce qu'on a des adultes en face de soi que l'on n'est pas enseignant. Dès que l'on transmet un savoir, un savoir faire, une passion, on connaît aussi les affres de l'enseignant.Et on fait donc partie de la "famille".
      Pour ce qui est de susciter le meilleur en eux, tes "élèves" je confirme: tu as un grand talent!

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  14. Quel bonheur de te lire , de voir encore en toi , la passion , d'avoir un regard positif sur ceux qui te sont confiés
    J'aime quand tu dis que tu veilles sur eux , que les enfants restent des enfants , qu'on ne peut et on ne doit pas attendre d'eux de se comporter avec raison et sagesse, évidemment , ils apprennent tout , les règles de vie sociale , les différences et les apprentissages
    Dis , tu vas pouvoir me rajouter à ta liste
    Je forme des adultes de 20 à 70 ans , vaste programme
    Mon petit bonheur , c'est quand je retrouve les stagiaires en deuxième module , deux ans après la première session , qu'ils me voient arriver dans la cour du lycée avec des yeux qui pétillent " oh c'est vous , qu'est ce qu'on est contents ! "
    pas besoin de plus ;)

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    1. Je t'ai rajoutée ma Jeanne! Tu fais partie de cette famille, toi aussi,et tu connais donc le bonheur de transmettre.
      Il y aurait un billet à écrire sur cet acte de transmission, pourquoi est-il si important, pourquoi nous parle-t-il si fort, est-ce que ce n'est pas une façon de nous prolonger, et donnant le maximum de nous pour que nous continuions à vivre dans les générations futures, à travers la parole et le savoir donnés?
      Les yeux qui pétillent, ça c'est un bon moteur, n'est-ce pas? Ça vaut tous les rapports d'inspection.

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  15. Merci de m'avoir mise dans la liste de ceux à qui tu dédiais ce magnifique message même si je suis maintenant "hors service":-)! J'aime beaucoup tes réponses dans lesquelles je retrouve beaucoup l'instit que j'étais.
    Je crois que je suis née pour être instit, que je le suis encore un peu même si je suis à la retraite depuis 7 ans et que je le serai jusqu'à ma mort! C'est peut-être ce qu'on appelle une vocation:-)!

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    1. Je le sais , Mammilou, c'est sans doute ce que tes petits enfants aiment retrouver chez toi: le bonhuer d'être avec des enfants, de leur raconter des histoires, de les émerveiller (je me souviens notamment de certains gâteaux d'anniversaire, de vrais petits chefs d'oeuvre...) d'organiser des jeux, des activités, de leur faire découvrir les beautés du monde...
      Une vocation ? moi je dis une seconde nature...

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  16. On ne vit bien que dans l'amour...petit , grand ou vieux. J'ai pas de souvenirs de mes institutrices ou très peu...la mémoire est sélective...

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    1. Si tu n'as pas de souvenirs, et que ta mémoire est sélective, alors c'est qu'elles ne méritaient pas que tu t'en souviennes...
      Quel dommage, je rencontre tellement de gens qui ont été marqués (en mal) par leurs maîtres d'école...
      Oui, c'est dommage, vraiment.

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  17. Toutes les "maîtresses" ne m'ont pas laissées un souvenir aussi merveilleux que tu laisses à tes élèves, j'ai même le souvenir de mon CP qui était aussi ma première année d'école (je n'avais pu faire de maternelle), et la "transmission" passait par des coups de règles en fer sur le bout des doigts ! Eh oui... Elle irait en prison aujourd'hui ! Mais si ton enseignement est aussi doux que la couleur de tes yeux alors je ne doute pas un seul instant que tu enseignes à merveille...
    Merci pour la chanson de Reggiani sous ton billet, je pourrais l'écouter des heures entières...

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    1. C'est vrai qu'elle est magnifique, elle tire les larmes.Je l'ai écoutée en boucle pendant des heures...Oh, ciel, les coups de règle sur les doigts...comment peut-on en arriver là? Je fais souvent allusion à un livre de littérature jeunesse que j'adore, et qui s'appelle Matilda, de Roald Dahl.
      Dans ce livre, deux méthodes d'éducation s'affrontent: la douceur et la cruauté. La douceur, c'est la blonde mademoiselle Candy. La cruauté, c'est Mademoiselle Legourdin, une espèce de monstres sur deux pattes qui terrorise les enfants.

      Je veux être à jamais mademoiselle Candy.Je pense que l'on obtient de bien meilleurs résultats par la douceur...
      Merci encore une fois de tes compliments.

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  18. Une belle façon d'enseigner.. Et tu la pratiques joliment !! Belle journée avec bises

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    1. Merci Patriarch. j'ai un peu l'impression de radoter avec les "anciens" de mon blog, ceux qui sont là depuis le début, mais je me dis que les "nouveaux" doivent aimer savoir comment je travaille.
      Belle soirée.

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  19. Je suis remplaçante. Quand j'arrive dans une classe, je cherche le cahier d'appel. Pour appeler les enfants pas leur nom et leur prénom, leur dire qu'ils sont attendus et importants, pour parler au moins une fois à ceux qui savent se faire oublier.

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    1. je ne doute pas que tu mettes toi aussi la barre bien haut en matière de relationnel avec les élèves. Je l'ai senti tout de suite. Personnellement je connais par ,leur prénom les deux cent quatre vingt cinq moussaillons de mon bateau...Vivement les vacances quand même, je suis lessivée.

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  20. Statutairement pas enseignant pour deux sous, j'ai eu la chance que mon boulot m'amène à naviguer dans les écoles primaires pour apprendre aux moufflets à tenir sur un vélo, puis dans les classes de première pour les inviter à se poser des questions sur la prise de risque par les jeunes conducteurs.
    C'étaient les plus belles missions qui m'aient été données.
    J'ai appris sur le tas (mais après avoir pas mal transmis à des publics adultes: sécurité routière, conduite éco, gestes et postures de travail) et ça a sans doute valu quelques approximations au début, mais mon travail semblait plaire aux enfants comme aux enseignants puisqu'on me redemandait. Il est vrai que n'étant entré dans l'âge adulte que la semaine dernière, j'avais quelques point de sensibilité en commun avec eux.
    Ceci étant, je n'aurais pas l'impudence de me prendre pour un enseignant. Débarquer une demi-journée dans une classe n'a rien à voir avec naviguer au long cours avec elle, et je me rends bien compte que je bénéficiais de "l'effet nouveauté".
    Cette démarche m'a d'ailleurs valu de me retrouver dans la situation peu commune d'être sans doute le seul non-enseignant du département à rencontrer autant de classes chaque année, ce qui m'a permis d'observer à chaque fois les ambiances relationnelles, d'explosivo-conflictuelles à profondément sereines...
    Hé, hé...

    Et je suis d'accord avec Coum', les adultes sont des enfants dont seule la taille a changé.

    Mais transmettre, oui, c'est un beau métier.

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    1. Ta dernière phrase résume magnifiquement ton long commentaire. J'ai toujours eu de très bonnes relations avec ceux que l'on appelle "les intervenants extérieurs". Même si j'ai toujours été très exigeante par rapport à la qualité de ces interventions. L'acte d'enseigner ne se brade pas, c'est du moins ma conviction personnelle. L'éducation routière a toujours été confiée à des gens responsables et formés pour cela, et c'est un vrai plaisir cette séance ou les enfants découvrent les joies de la priorité à droite et des "cédez le passage" tout en essayant de maîtriser leur machine...
      Quant aux ambiances différentes d'une école à l'autre, tous les remplaçants le disent: on ne fait pas le même métier partout. J'ai des exemples de collègues (y compris sur les blogs) qui se débattent dans des relations tellement mortifères avec leur directrice ou même avec les autres enseignants, que c'est une pitié.
      Dis donc, si tu as tenu bon jusque là pour réussir le pari fou: être vieux sans être adulte" qu'est-ce qu'il s'est passé tout d'un coup? Tu vas me faire le plaisir de rattraper ton âme d'enfant...En une semaine elle n'a pas dû aller bien loin!

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  21. Ah oui : les deux cent quatre vingt cinq noms, ça me scotche ! moi qui ne suis pas capable de m'en souvenir de plus de cinq, et encore, en faisant des efforts !

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    1. Avec un peu d'entraînement, et des dizaines d'heures sur "Base élèves"...on y arrive.

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  22. D'abord, sache une chose M'dame : je suis pas vieux !

    Quand au reste, c'est l'histoire d'un ado qui a "fait le fort" au décès de sa mère et a trainé cette situation juste une trentaine d'années...
    T'inquiète pas trop pour mon âme d'enfant, je la chouchoute. Jalousement. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si je m'appelle "Candide".
    Seulement, tu sais ce que c'est : avec tous ces adultes qui nous entourent, je suis souvent obligé de faire semblant...

    Et puis, je te le concède, j'ai peut-être quand même un peu vieilli. Mais j'ai bon espoir, Maurane l'a écrit : "...il faut du temps pour devenir enfant..."

    ;o)

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    1. Mais j'ai pas dit que t'étais vieux!!!!!
      D'ailleurs tu es tellement jeune que tu n'as (peut-être, attention c'est pas sûr, je ne veux pas froisser ta susceptibilité en mettant en cause ta culture générale )pas vu l'allusion à la chanson de Brel...en digne compatriote,Maurane a repris le flambeau...
      Je ne m'inquiète pas. C'est toi qui as dit que tu étais devenu subitement adulte.La semaine dernière.Je me suis dit: "flûte, un de plus!"
      Donc tu me rassures. Je vais passer un bon Louis Quinze (comme dit ma voisine qui a un léger problème avec le franglais mais on lui pardonne, elle est née en 1920)

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  23. Bon dieu mais c'est bien sûr, ça me disait quelque chose !
    Faut me pardonner, j'ai plein de poussière et de courants d'air dans la carte mère.
    Quant à ma culture, qualifions-la de "morcelée"... un peu comme une dentelle bouffée aux mites...

    ;oD

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    1. Je te pardonne, va en paix...d'ailleurs, il n'y a pas très longtemps, je me traitais moi même d'éponge mitée...

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  24. :oDD

    C'est pas avec ça que je pourrai te reconnaître dans la rue !

    ;o)

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  25. Certes !

    Alors je tâcherai d'être attentif !

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  26. Ah j'aime ce que tu écris et me reconnais autant que je te reconnais bien là! J'ai toujours dit que mon/notre métier était d'être à la fois guide et veilleur/veilleuse de l'apprentissage et de l'autonomie, de la croissance de l'esprit et du cœur. D'ailleurs hier, enseignant le dessin à des adultes, j'ai aimé la remarque qu'on m'a faite : " tu es un guide bienveillant" :-)

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    1. Bienveillante, je veux bien croire que cet d'adjectifs te colle a la peau , même après l'heure de la retraite...
      C'est une qualité qui apporte le fameux bonheur de transmettre dont je parle si souvent...

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  27. en m'excusant à l'avance des maladresses accumulées pour exprimer ce qui suit
    étrange métier déjà par son calendrier : il débute en septembre et finit en juin avec un espace intermédiaire flottant, on commence et on finit dans les lumières pour mieux franchir les jours étroits et grisailleux de l'hiver
    puis par la ligne du temps : les gosses ont un âge déterminé, quand ils l'ont franchi, par un coup de baguette presque magique, ils sont aussitôt remplacés par d'autres frimousses affichant cet âge déterminé
    la marche du temps en est d'autant métamorphosée que si les enseignants accumulent de plus en plus de calendriers dans leur grenier personnel, ils ne se sentent pas vieillir au même rythme que celui marquant le monde extérieur
    on est un peu vampire, non ? - mais dans le meilleur sens du terme non pas face aux jeunes classes, mais au milieu d'elles, comme une clairière
    enfin, enseigner n'est-ce point répondre quotidiennement, concrètement, passionnément, lucidement, délibérément, à toutes les barbaries ?

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    1. Votre commentaire m'a profondément interpellée et il m'a fallu un petit moment pour y répondre. Votre dernière phrase notamment, est d'une justesse lumineuse, elle tinte en moi comme la lame d'un couteau contre un verre de cristal.
      Oui, vous avez très bien défini l'acte d'enseigner, par cette juxtaposition d'adverbes.
      Répondre a toutes les barbaries, en déliant les esprits, en ouvrant les cœurs et l'intelligence sur les erreurs du passé, en refusant les déterminismes, en faisant fonctionner son cerveau contre les sentiments négatifs qui écrasent l'homme: cupidité, ostracisme, obscurantisme, ignorance, intolérance...
      Oui, enseigner, c'est tenter de faire des jeunes esprits qui nous sont confiés des êtres humains dignes de ce nom.
      Votre vision des concomitances entre les événements météorologiques et ceux qui émaillent une année scolaire est tout aussi passionnante. Envisage sous cet angle, le découpage en trimestre devient très lisible, s'il permet de passer l'hiver sans encombres!
      Quant au fait que les enseignants ne vieillissent pas, c'est plus ou moins juste. Ça l'est pour moî, mais n'est-ce pas plutôt une propension naturelle que j'attribue fais à ma constitution personnelle. J'ai vu, je vois encore, des enseignants aigris et vieillis prématurément par les lourdeurs d'un métier que je ne dis peut-être pas assez, emportée par mon enthousiasme...
      Enfin suis-je vampire de mes élèves,? C'est une question qui mérite réflexion.peut être un peu dans le sens ou mon enseignement me nourrit intellectuellement. Mais je n'ai pas l'impression de leur sucer le sang. Ce serait cela, le secret de la jeunesse?
      Oui,un commentaire comme il y en a peu souvent. Merci monsieur Jea.

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    2. Vous parlez de maladresses, j'en vois plein dans mon texte, désolée...

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    3. juste un mot :
      histoires de vampires quand dans le cercle des classes non disparues, les gosses découvrent, apprivoisent, évoluent et évaluent, réfléchissent, élaborent les substantifiques moelles
      ce faisant, ils brisent aussi quelques os des enseignants volontaires et conscients, non ? (mais n'y voyons aucun drame, au contraire, des chants de nouveaux départs, des lendemains qui ne font pas semblant de chanter)
      histoires de vampires encore et parce que les rires de ces enfants, leurs délires, leurs confiances, leurs portes et fenêtres qui s'ouvrent et se multiplient, contiennent autant d'oxygène faisant reculer la nécrose des neurones et des idéaux chez celles et ceux qu'ils vont quitter en fin d'année scolaire, les laissant un rien fourbu(e)s mais avec la conviction que ce fut aussi une année solaire

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    4. Eh bien tout est dit. Il reste quelques passionnés dans ce métier de fou, je croyais être la dernière survivante...

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.