Un commentaire sur mon précédent message m'a d'abord fichu le blues, puis beaucoup fait réfléchir.
"Un retour aux sources après la pause ...
Un détachement lucide, mais que deviendra-t-il quand il se frottera aux dures réalités ?
Tes mots sonnent comme une incantation, paroles magiques d'un acte surnaturel(?): être heureuse quoiqu'il en soit !"
Comment le comprendre? Comment comprendre pourquoi ces simples mots m'ont mis le coeur en berne? J'ai tourné cette phrase longtemps dans tous les sens pour essayer de saisir pourquoi, à travers quelques mots, tout mon être s'est mis à vibrer à basse fréquence, comme si je recevais une giclée d'eau froide en pleine poire.
Ma grand-mère disait;"il n'y a que la vérité qui fâche". Et elle avait raison, une fois de plus. Non que cette vérité m'ait "fâchée" au sens de mettre en colère. Mais plutôt apporté une sorte de contrariété diffuse, une sensation indéfinissable que j'ai éprouvé le désir de définir, justement.
C'est vrai, c'est pure vérité, je pratique la magie incantatoire pour attirer ma bonne étoile au-dessus de ma tête. Je tâche toujours de me persuader que je n'ai aucune raison de ne pas être heureuse, c'est vrai. D'aucuns appelleront ça la méthode Coué. C'est vrai que j'enrobe tout d'un voile de miel et de rose. C'est vrai que j'essaie de toujours voir le bon côté des choses.
Et pourtant j'ai, au fond de moi, comme chacun, des blessures profondes, des cicatrices, des désillusions, des choses sombres et sales qui ont tourné au-dessus de ma tête comme des vautours, et se sont même posées sur moi dans le passé. J'ai mis un temps infini à me laver de leur empreinte malfaisante.
Mais je ne ressasse plus le passé.Oui, c'est vrai, j'ai la faiblesse de penser que l'on peut décider d'être heureux. Par des tas de petits gestes quotidiens. Par une acceptation de ce que l'on a plutôt que dans la convoitise de ce que l'on n'a pas. La contemplation des bienfaits de la vie m'aide à oublier mes p'tites misères.
Quant aux dures réalités, magie ou pas, elles me rattraperont un jour, je m'y attends, la mort des proches, les accidents, les maladies, les revers de l'existence. Je les affronterai alors comme tout le monde, ni mieux, ni moins bien, et je verserai alors toutes les larmes de mon pauvre corps.
Alors au final, ai-je à rougir ou me justifier de ces vérités? Non. Ce qui, dans ce commentaire lucide et très vrai, m'a stoppée net dans mon élan de béatitude, c'est de réaliser tout à coup combien il est maladroit, en voulant partager son bonheur, de ne réussir qu'à en éclabousser tout le monde . De comprendre après coup que cela puisse paraître surnaturel, et de mettre mes chers lecteurs mal à l'aise. Parce que ce n'est pas dans ma nature de faire de la peine aux gens, tous ceux qui me connaissent vous le diront.
Et que trop de bonheur peut gêner.Pire, agacer.
Le commentaire était de mon cher Antiblues, que je remercie de m'avoir secoué le cocotier quelque peu. Ça fait un bien fou en ces périodes de bonnes résolutions et de redémarrage septembrien. Et je ne lui en veux absolument pas si je suis comme je suis!
Merci à Delphine de m'avoir fait redécouvrir l'original de cette chanson que je ne connaissais que par Diana Krall...
Quelle coïncidence, en voyant hier à la FNAC un disque de ce même Chet Baker, j'expliquais à ma petite-fille que ce gaillard avait emprunté la trompette de mon ami Richard Rousselet pour faire une "jam" à Ostende. Trompette que j'avais rachetée et que je possède encore.
RépondreSupprimerOupsss... Je ne pensais pas provoquer autant de réactions par ce commentaire, mais c'est mon coté réaliste qui me rappelle toujours à l'ordre (Le coté sombre d'Antiblues?). c'est lui, à n'en pas douter, qui m'a dicté ces mots.
RépondreSupprimerLa vie est surement un mélange d'espoir et de réalisme lucide, mais le pire n'est jamais sûr !!
Et d'ajouter enfin que Chet Baker est mon trompettiste préféré et qu'il faut que tu écoutes absolument son CD "The touch of yours lips" (tout un programme!), son meilleur album à mon avis. Mais peut-être le connais-tu ? Sinon, je peux te faire une copie privée !! :)
ANTIBLUES tu as compris que je ne t'en voulais absolument pas, c'est l'essentiel!
RépondreSupprimerHonnêtement, tu veux que je te dise? Je préfère ton côté fantaisiste à ton côté sombre. Mais "you get all sorts!" comme disent nos chers voisins d'outre Manche.
Chet Baker me donne des frissons,et quand j'ai le blues, je n'écouterais que ça. Tu es gentil de me proposer de te mettre hors la loi pour moi. Je vais essayer de l'écouter légalement sur deez*r...sinon je te fais signe.
WALRUS accessoirement, il y avait un billet au-dessus de la vidéo...
RépondreSupprimer;)
Il ne faut pas mélanger l'aptitude au bonheur - à la fois sublime cadeau génétique et effort soutenu de croissance vers le haut - et béatitude bêtasse. Tu es née pour voir le verre à moitié plein et tu entretiens ce don. Et cela te rend éminemment disponible aux autres. Elles sont là les éclaboussures bénéfiques. Après, je suis d'accord avec toi, trop en faire état peut non pas faire de la peine, mais rendre aigri voire jaloux d'autres moins réceptifs à l'émerveillement ou moins gâtés.
RépondreSupprimerEt bien sûr, voir la vie en rose n'exclut pas que le gris nous mine comme les autres.
MYO tu as tout dit, et tellement mieux que moi! Voilà c'est exactement ça que je voulais dire. Bises admiratives.
RépondreSupprimerAh, le bonheur ! Vaste programme !... Et trop précieux pour être étalé au vu de tous : un signe extérieur de richesse intérieure ! :~)
RépondreSupprimerCe billet me parle profondément. La dernière fois que j'ai eu un entretien avec la psychologue clinicienne de l'hôpital (eh oui, tu sais, comme tous ces élèves qu'on envoie au CMPP comme si ça suffisait et déchargeait de tous les problèmes...), elle a lâché les mots "encore des pensées magiques !", et je me suis effondrée en larmes, alors que j'avais réussi à affronter tant de difficultés jusque là...
RépondreSupprimerComme si les défenses que je m'étais construites s'écroulaient...Je lui ai dit "je n'aurais pas dû venir" et elle a rétorqué "ça va être encore de ma faute !"
J'ai laissé tomber cette soi-disant aide psychologique, je n'ai certes pas dû mettre le même sens qu'elle sur un terme clinique.
Mais ce n'est pas le moment pour moi de trop remettre en question ma façon de surmonter la dure réalité.
Quand tout va bien, il faut emmagasiner ce qui te donnera la force de supporter les difficultés. J'avais beaucoup lu, cherché, voyagé ,écrit, avant l'annonce de la maladie et tout m'aide à présent à vivre. C'est peut-être aussi ce qu'on appelle la maturité...
Il est vrai cependant que le bonheur des autres ne peut rejaillir comme on aimerait... parce qu'il y a les limites imposées par la souffrance du corps, et que tout est plus facile à vivre quand on est en bonne santé.
A chacun de trouver son antiblues... dans l'écriture d'un blog par exemple !
Bonne journée Célestine
Laisser monter au fond soi cette langueur, sans l'étouffer, la laisser s'emparer de vous, presque vous remplir, jusqu'à voir son visage. Et puis, une fois qu'elle est la, à nu, à découvert, la traiter avec courage. Savoir même parfois lui abandonner quelques parties de soi. Et puis attaquer cette hydre, tentacule après tentacule, avec patience, avec sagesse. Comment ? Chaque matin, ton cartable prendras. À chaque passant rencontré souriras. À chaque élève, ton attention donneras. À chaque heure ton courage donneras. Et puis savoir accueillir l'aide de l'ami, du passant, de l'autre. Savoir prendre exemple sur les plus courageux, les plus petits devenus les plus forts, les David contre les Goliath, les sauveurs de digues avec leurs doigts d'enfants.
RépondreSupprimerIl ne s'agit pas de peindre le monde de nouvelles couleurs, il s'agit de dégager la crasse qui entoure ses belles couleurs d'origine.
Bonne journée. "Et si la vie est méchante...alors chante..".disait ma grand mère.
Signé : un petit laveur de carreaux.
On se trouve les béquilles qu'on peut pour avancer, un peu de méthode Coué, un peu de pensée magique, un peu de volontarisme et on avance.
RépondreSupprimerOn n'est pas toujours dupe de ses stratagèmes, on sait que les béquilles sont là, mais on fait le fiérot en avançant.
Après tout, c'est le plus important : avancer, ne pas tomber.
Comme c'est joli ça: "Il ne s'agit pas de peindre le monde de nouvelles couleurs, il s'agit de dégager la crasse qui entoure ses belles couleurs d'origine.". A méditer aussi....
RépondreSupprimerUn petit coucou amical!
RépondreSupprimerLorsque tu t'endors, 5 minutes après t'être mis au lit.. c'est que tu es heureux, que tu te sens bien et sans soucis.. que tu ne crains pas ce qui pourrait t'arriver....
RépondreSupprimerbelle journée. amicalement
Dziękuję za wizytę u mnie. Odpowiadam na pytanie - moim językiem jest język polski. Pozdrawiam.
RépondreSupprimerMerci de visiter avec moi. Réponse à la question - ma langue est le polonais. Bien à vous.
Les Français sont paraît-il les champions de la morosité, les as du pessimisme, les leaders de la sinistrose.
RépondreSupprimerAlors ne jetons pas notre Célestine aux pourceaux !
Elle possède un puissant levier : la joie de vivre. Merci Célestine, tu es passée chez nous, et chez Blogbo tu as remarqué on essaie de faire dans la gaudriole, le joyeux, le gai, à quoi ça sert de chialer chaque jour ? Les journaleux s'en chargent à longueur de journée !
Et puis gardons nos emmerdes pour nous, ça ne sert pas à grand chose d'essayer de les partager...
Reste toi même, telle qu'on t'aime et BASTA ];-D
Sans parler de chialer, on peut regarder la réalité en face, ça s'appelle le courage...
RépondreSupprimerSur Blogbo, il y a quelques beaux cadavres sous le tapis qui incitent l'histrion à la réflexion d:)
Par contre, le bonheur est un exemple à suivre. Trop de bonheur ne peut gêner que les jaloux ?
Et la jalousie, c'est caca !
Le bonheur est-il au terme d'une incantation qu'il se manifeste ?
RépondreSupprimerLes dures réalités sont-elles incompatibles avec le bonheur ?
Mais je pense que nous sommes semblables sur ce point. Bien entendu nous connaissons la souffrance (sais-tu que les pages les plus noires de mes romans sont celles qui sont vraies... beurk!) et ne sommes donc pas des imbéciles heureuses. Mais oui... nous chantonnons lalalalèèèèère pour tenir les loups aussi loin de nous que possible.
RépondreSupprimerS'ils viennent nous les affronterons. Mais si c'est assez de "nonchalance" pour les envoyer ennuyer d'autres dont le sol est plus prêt aux semailles des idées noires... nous ne nous en plaindrons pas.
Lalalalèèèère! Ca marche! Souvent en tout cas!
CHERS TOUS
RépondreSupprimerJe vous remercie de vos témoignages et commentaires. Cependant je me sens confuse vis-à-vis d'Antiblues, parce que ce n'est jamais bien agréable de se sentir à l'origine d'une polémique, telle quelle qu'elle soit, même si elles exprimée avec beaucoup de respect, et je veux lui redire combien j'ai apprécié sa franchise qui m'a obligée à entrer en moi-même et à analyser ce malaise. Je crois qu'à la réflexion, cela a ranimé quelque plaie encore fraîche sur laquelle je ne vais pas m'étendre. C'était involontaire de sa part, et je ne souhaite pas continuer plus avant le débat, par respect pour lui et pour tous en fait. Les épanchements de l'âme débordent parfois comme du lait sur le feu, et l'on se sent tout bête de n'avoir pas été plus attentif(ve)ou moins inconséquent(e)...
Demain, c'est le dernier défi des Plumes, et pour moi, l'occasion et l'envie de vous faire plaisir à tous autour d'un texte plus léger.
Bien à vous
*********votre Célestine*******
Comme je te comprends!! ce n'est pas se voiler la face que d'essayer des petits bouts de bonheur dans les moments de bonheur, c'est un moyen de survie!c'est ainsi que j'arrive à supporter les épreuves de la vie.
RépondreSupprimerBientôt un an que mon grand ami a quitté ce monde et voilà que le père de mes enfants risque de le suivre à très brève échéance. Je sais bien que s'il m'appelle moi régulièrement, c'est que je ne vais pas larmoyer mais l'aider à voir les petites lumières qui bordent son chemin!
Comme toi j'essaie toujours de positiver, de voir le bon coté des choses et de montrer un visage souriant et heureux aux gens qui m'entourent! D'abord parce que je m'estime heureuse de la vie qui est la mienne, même si elle est jalonnée d'évènements tristes et ensuite parce que tout simplement c'est mon tempérament.Cela ne m'empêche pas d'ignorer que le monde dans lequel nous vivons n'est pas forcément très gai!
RépondreSupprimerBon courage pour la rentrée!
Eheh ! j'aime bien le titre de ton billet : quand on est heureux(se), on a envie de le dire et de le faire partager. Tu as bien raison de le faire... car hélas, on sait bien que l'état de grâce ne dure pas ! Alors... carpe diem ;-)
RépondreSupprimerEtre heureux coute que coute, peut être est ce un peu la recette , l'incantation obligatoire de notre société de loisir ? Ca me parle énormément.
RépondreSupprimerUne amie prof qui traverse des soucis financiers m'écrit "il va falloir être fataliste" .
Et personnellement c'est cette phrase qui me fait reflechir moi qui veut parfois le bonheur coute que coute, le je vais bien tout va bien comme une force-née, ...Pour certaines choses dans ma vie, la maladie, les echecs familiaux,les ratés irratrapables, il va falloir être fataliste. Le bonheur devient alors plus palapable et pregnant à certains moments.
Excuse ma digression sur ton blog !
Il y aurait beaucoup à dire sur cet article et le bonheur.
RépondreSupprimerMoi je me pose toujours la question de la vraie raison des blogs...la vraie de vraie. Sûrement qu'il y a un lien avec le bonheur justement.
Bises.