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30 janvier 2012

Instants de sable


Tout simplement beau. Cette jeune femme a de l'or dans les doigts.




Que ce jour vous soit doux.

29 janvier 2012

Mes cahiers d'étudiante

 


 A quinze ans, je découvris la poésie. Il s'ensuivit une frénésie de lectures . Eluard, Aragon, Baudelaire, Rimbaud , Villon, Ronsard et beaucoup d'autres furent mes éblouissements.
Tous mes textes sont consignés dans des cahiers que j'ai gardés précieusement, et je souris en lisant certaines lignes que me dictait la fougue de mes vingt ans . C'est un peu excessif, il est vrai. Quand j'aimais, je planais dans la stratosphère, quand on ne m'aimait plus, je sombrais dans les abysses. Mais au fond de moi, je n'ai pas vraiment changé. Je suis toujours un volcan , endormi mais pas éteint. 




 Sur Georges Gershwin
Ma douleur est  un pont d'argile sur des cendres
Un gouffre sans issue, une plage sans mer
De sombres vagues tristes y font à s'y méprendre
Le bruit d'un océan de lendemains amers
Adagio immortel d'un poème de Brahms
La nostalgie s'épuise à embaumer mon cœur
A tisser des liens tranparents vers mon âme
A m'arracher péniblement à mon malheur
O pourquoi tant d'amour et tant de solitude
De silences à jamais irréparables et sourds
Cette douleur qui s'enfle et meurt par habitude
Le sommeil vient noyer dans quelques sanglots lourds
Ce qui me reste d'illusions et d'espérance
 A propos d'un amour voué à l'inconnu
Une passion sans rime, une passion non-sens
Tout ce qui a été ne sera jamais plus
Et je pense à la mer lorsque le ciel s'enflamme
Aux senteurs épicées des arènes de Nîmes
Aux villages cachés au profond de mon âme
Et je pleure en silence en écoutant Gershwin 
27 mars 1977


 Ici   et     deux autres de ces textes adolescents.
Photo internet

27 janvier 2012

L'ombre de lui-même





















Le petit homme était seul. Très seul. Il arpentait les allées vertes du grand parc en regardant tristement le bout de sa chaussure vernie. Cette solitude, il en avait accepté l'augure avec sa charge. Mais là, c'en était trop. Le blues s'installait en lui. Il s'assit sur un banc.
Ses amis - mais en avait-il vraiment eu?- le quittaient les uns après les autres...les traîtres.
-Je vais disparaître, dit-il à mi-voix. On n'entendra plus parler de moi...
-Eh, mais moi je serai là ! Je reste avec toi !
L'homme se figea.
-Qui est là ?
-Mais c'est moi, ton ombre, voyons !
-Casse-toi, pauvre idiote, j'ai pas envie de parler.
-Mais je ne  peux pas, je suis attachée à toi !
-Eh ben, ça en fait au moins une ! C'est que ça se bouscule pas en ce moment !
Quelle dérision ... Il ne lui restait plus que son ombre. Lui dont les rêves de gloire éclaboussaient le monde.
-J'comprends pas, chuis pas l'meilleur ?
-Oh mais si, bien sûr ! Les gens sont ingrats. J'en sais quelque chose, moi qui me fait marcher dessus tout le temps sans ménagement...
-Dis moi , franchement, j'ai pas fait tout c'que j'pouvais ?
-Bien sûr !
-Je me suis pas assez agité dans tous les sens ?
-Ça oui, j'en ai encore le tournis !
-Quand j'pense à tous ces voyages en jet privé, moi qui ai horreur de l'avion, à tous ces repas trop copieux, dans des hôtels de luxe, des repas avec des tas de couverts qu'j'ai jamais su à quoi ils servent...Tout ça, c'était pour eux ! Tous ces discours, ces inaugurations, ces visites, ces Chinois, ces Irakiens, ces Rastaquouères à qui il a fallu faire des courbettes. C'est pas admirable, ça, quand on y pense?
-Génial tu veux dire !
-Et ma femme, elle est pas sublime, ma femme ?
-Euh...si si, magnifique !
-Et puis, bon d'accord, j'ai eu des paroles un peu vives au début, mais après? j'ai pas toujours été sympa avec tout l'monde ?  A toujours poser des questions, à faire semblant de m'intéresser, à goûter des trucs infâmes, et à sourire,  partout où j'allais. Et j'peux t'dire que souvent, je m'emmerdais ferme!
Et puis, y'a le grand noir, là, le yankee dont j'ai dû supporter l'humour à deux dollars ...Bon sang, c'qu'il a pu m'énerver, clui là! Et je ne te parle pas des Guignols qui se sont payé ma tête, et de...mes amis dont j'ai dû refuser les invitations à m'dorer la pilule sur leurs yachts ou dans leurs châteaux, tout ça pour être "politiquement correct" ! J'aurais bien aimé  un peu d'vacances, moi, c'était mon droit, non ?  Honnêt'ment, tu crois qu' c'était une vie ?
-Tu as raison..Tu es un vrai philanthrope ! Je dirais même plus, tu es un saint !
-J'ai essayé de vivre comme eux, faire du jogging, divorcer, dire des gros mots...
-Je sais, ça...
-Ben alors, à la fin, qu'est-ce qu'ils m' reprochent ? J'comprends vraiment pas...
-Ils disent ...euh...que tu n'as pas tenu tes promesses.
-Hein ? Et c'est tout? Juste ça? Tout d' même, tu m' diras pas le contraire, les Français s'attachent  à des détails bien mesquins...J'vais te dire: chuis  déçu.

Il commençait à faire frisquet. Le petit homme regarda sa Rolex qui lança un éclair dans l'or du crépuscule. Il se décida à rentrer, le cœur serré dans son costume Armani. Il s'éloigna, les épaules agitées de soubresauts nerveux.
-J'comprends pas, j'comprends pas...
Pour la première fois de sa vie, il ne se sentait plus que l'ombre de lui-même.

Consigne 178 du défi du samedi..."Dialogue avec mon ombre".
Photo internet.

23 janvier 2012

Gourmande


photo internet
Aujourd'hui, le vent du soir apporte un air fou et inconstant. Un vent qui n'est pas d'hiver.
Je passe par la ville.  Mes poumons s'emplissent de frais  et chassent les miasmes de la journée.
Le marchand de délices au coin de la rue enroule nonchalamment ses barbes à papa qui distillent avec malice leur parfum de sucre chaud. Ses pommes d'amour dégoulinent dans la robe  écarlate de leur nappage brillant.  Une odeur suave de pralines et de cacahuètes grillées a envahi l'espace et mes papilles olfactives s'agitent en tous sens. Je salive, toute volonté annihilée.
Les crêpes dorées, le chocolat fondant, les fraises juteuses, les gaufres craquantes se fraient un chemin, dans un vacarme étourdissant, au fond de mes narines en émoi.
Plus loin, c'est le café fraîchement torréfié qui prend le relais: la tête me tourne légèrement. Devant la boutique du fleuriste, les lys, les tubéreuses, le jasmin amplifient sur moi cet effet dévastateur. Tout cela me met dans une sorte de transe, sous mes dehors parfaitement contrôlés!  Un état que d'aucune qualifia naguère de "proche de l'Ohio". Les molécules diaboliques investissent mon espace intérieur, descendent se loger quelque part au centre de mon ventre et me rendent captives d'un désir très fort. Je lutte, pourtant. 
Je croise le regard d'un bel inconnu qui parachève l'agitation de mes cils vibratoires. Il sourit sans se douter de la tempête qui remue mes profondeurs.
Comment lutter contre les tentations? Et surtout, pourquoi lutter?
Et pourquoi ce sentiment est-il si délicieux et si douloureux en même temps à éprouver? Sans doute en raison de la lourde chape qui plane sur l'inconscient des foules depuis deux mille ans...Raison et passion se livrent en chacun de nous un combat sans merci, et sur le film multicolore de nos fantasmes les plus libres et les plus insensés viennent se superposer en filigrane les images grises et floues du Bien et du Mal.
Il paraîtrait qu'il ne faut pas convoiter, surtout, ne pas céder aux Sirènes de la Tentation.
Posséder cinq sens, aiguisés comme des lames, des oreilles pour écouter, des yeux pour voir, un odorat pour s'enivrer , des mains pour toucher, une bouche pour croquer, une langue pour lécher, être entouré d'époustouflantes délices, de fruits magnifiques et croquants et ruisselants, de chutes vertigineuses et de cascades somptueuses, de vergers superbes.
Et voir surgir toujours, sous nos regards interdits, la méchante pancarte de notre enfance, celle qui barrait méchamment, de son aboiement muet, l'étal du confiseur: "Défense de toucher"...
Regarder la pancarte, et puis toucher quand même.
Parce que.




21 janvier 2012

De l'amour


Parfois on a aux lèvres une petite musique entêtante qui nous obsède toute la journée. Aujourd'hui j'ai dû fredonner huit cents fois " je te donne" de Jean-Jacques Goldman. Je l'ai sûrement entendue à mon réveil, et elle est entrée dans ma tête, comme ça, l'air de rien. Les spécialistes appellent cela des "vers d'oreille". Termes peu élégants pour décrire un phénomène qui toucherait un grand nombre de gens.. Il paraîtrait, toujours d'après ces éminents scientifiques, que le choix inconscient de telle ou telle mélodie ne serait pas anodin. Notre cerveau nous signifierait ainsi des choses.*
Ma petite rengaine m'appelait-elle au don de soi?
En tous cas, je me disais en préparant la chambre de ma fille qui rentre au bercail ce week-end, que je n'avais fait aujourd'hui que des gestes d'amour: 
Lessiver, épousseter, ranger, arranger pour qu'elle trouve un lieu doux, beau et parfumé  à son arrivée. 
Aller chercher mon zado à sa leçon de conduite, l'emmener acheter quelques "bonnes choses" pour lui faire plaisir, ce qui, dans son vocabulaire, se traduit par " biscuits au chocolat, céréales, pistaches, mini-saucissons, grands steaks hachés et l'incontournable pâte à tartiner aux noisettes". 
Filer à la poste envoyer un cadeau à deux amies chères et imaginer avec bonheur leur tête à la réception du colis.
Répondre aux mails et aux gentilles attentions arrivées par la poste.
Appeler mon père et discuter une heure avec lui.
Acheter un bouquet de tulipes violettes (mes préférées)  pour donner à la maison un air de printemps.
Prendre mon vélo pour profiter de ce temps extraordinaire.
Aller à la Médiathèque réserver un livre que mes élèves vont adorer, Mouche et la Sorcière, un conte jubilatoire avec une sorcière qui dit des gros mots...
Retenir deux places pour une soirée Brassens qui s'annonce délicieuse, et, comme le concert est organisé dans un but humanitaire,  contribuer ainsi à la recherche médicale contre la mucoviscidose.  


Beaucoup de temps, un peu d'argent, beaucoup de soi. 
Donner de l'amour et en recevoir en retour, what else?**

*d'après un article de "Psychologie Magazine".
**quoi de mieux?
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16 janvier 2012

Bestiaire

Je me sens souvent l'âme d'un animal. Je contiens dans les plis de mon cœur un petit zoo portatif et étrange. Étonnée comme un lémurien, ouvrant des yeux immenses devant la beauté d'un matin tout encore empli d'étoiles, avec pourtant déjà la promesse d'un lever flamboyant, je marche à pas de louve pour ne pas réveiller les miens. Je traverse la cour avec la grâce nonchalante des girafes dans la savane éperdue de chaleur. Parfois j'ai besoin de me lover comme une couleuvre aux rayons alanguis du soleil, qui réchauffe son corps engourdi au sortir des hivers. 
Quand je m'étire, je deviens féline aux griffes rentrées pour figer de  mon regard céruléen et séduire  ceux qui passent à ma portée. Puis furtive souris blanche aux oreilles  aux aguets, traînant dans un grenier de souvenirs enfouis. D'autres fois, quand le poids d'une journée pénible abat sur moi sa lourde patte, je deviens un gros hippopotame noyant sa fatigue dans le lit du grand fleuve Limpopo. Je suis aussi une araignée qui telle une Pénélope tisse patiemment la même toile avec bonheur, celle des petits gestes quotidiens, des menus plaisirs, des liens familiers et indispensables.
Tour à tour éphémère brûlant ses ailes aux becs-de-gaz de la méchanceté ordinaire, papillon voletant d'âme en âme, colibri insouciant, me voilà tout à coup tortue bicentenaire quand le vertige insondable du temps m'oblige à arrêter ma course vaine. 
A force de cultiver les baies juteuses du bonheur de vivre, à force de sentir couler sur mes lèvres leur goût suret, je deviens otarie sortant de l'eau, tellement lisse et brillante que le mauvais glisse sur moi sans m'atteindre en gerbe de gouttelettes glacées. Je couve mes poussins comme une faisane, mais je rêve de partir comme un canard sauvage vers des contrées inconnues, le vent ivre fouettant mes ailes, le cœur éclatant d'un air trop neuf. Je gambade, je sautille, j'ondule, je vole, je rugis, je roucoule.
Et comme un éléphant, à l'heure de ma mort, je voudrais n'avoir rien oublié.
Image: internet
Musique:merci à ma chère Crouk de m'avoir fait (re) découvrir Didier Squiban

15 janvier 2012

On ne nous prendrait pas un peu pour des ...

...jambons, par hasard?
Oh la la, malheur! le triple A! On va le perdre, le ciel va nous tomber sur la tête, c'est la catastrophe internationale. Depuis des mois, on nous agite cet opprobre fumeux au-dessus de la tête, l'air de bien nous enfoncer dans le crâne que c'est de notre faute.L'essentiel est que nous soyons persuadés qu'il va nous falloir payer. Par petites allusions, les ministres, les grands, les puissants, ceux qui ne se contentent pas comme nous, les "minables, de rêver de gagner 5000 euros par mois", nous pilonnent cette idée pernicieuse. Les Jésuites ne s'y prenaient pas autrement pour installer leur domination en culpabilisant les ouailles. Le péché originel. Ouille! Mea culpa, mea maxima culpa.
En fait, si on regarde bien le tableau ci-dessous, AA+ au lieu de AAA, on passe en gros de 20 à 19!
Vivement que l'on perde notre "gouvernement triple A":  Arrogant, Amoral et Abêtissant.
(Cliquez dessus  si vous tenez à agrandir le tableau...)

14 janvier 2012

Sac et ressac

La fleur au fusil, j'invitai cette semaine deux mamans d'élèves à s'asseoir autour de la table des négociations pour trouver une issue aux disputes de leurs fils respectifs. 
Une attitude positive, non-violente, sereine fait en général des miracles dans la médiation. Règles de base : ne jamais penser que ce genre de conflit se résout d'une pichenette, être attentive, affable, compréhensive, en empathie, et concentrer ses efforts sur le cortex des belligérants. Surtout ne pas laisser les émotions prendre le dessus.
Les deux dames entrent dans le bureau, ainsi que ma collègue, l'enseignante des deux enfants. Après deux trois échanges de surface, empreints cependant d'une sorte de miellosité qui n'augure rien de formidable, les mamans perdent leur sang-froid:  les mots crus sortent, ceux qui viennent des tripes. Fascinant de voir le vernis se fissurer puis exploser sous la pression des vieilles rancœurs. Fascinant de voir la prise de relais du cerveau reptilien, celui qui régit les émotions primales.
Visiblement, ces deux dames se détestent, elles vivent dans le même immeuble, et leurs enfants leurs servent de punching-ball...Je regarde ma collègue. On reste d'un calme olympien.On se sent impuissantes devant cette vague d'animosité. Leurs griefs sont tellement dérisoires, qu'ils en deviennent comiques... Vont-elles se crêper le chignon? j'avoue que cette idée me fait un instant frissonner d'appréhension. Je ne me sens pas l'âme d'une tenancière de saloon.
Heureusement, l'une d'elle bat en retraite et quitte le bureau avec un mouvement de toge outragée digne d'une tragédienne. Il me faudra encore une heure pour essayer d'apaiser les choses, mais en les prenant séparément. L'une dans le bureau redevenu calme, l'autre au téléphone.
Quant aux enfants, ils m'ont obligée à cette désagréable dichotomie:
Penser très fort " Vos mères sont deux furies irresponsables, stupides et immatures" et dire: " Vos mamans se sont un peu emportées, mais leurs paroles ont dépassé leurs pensées." Et ce, malgré ma  conviction que leurs paroles collaient au contraire,  exactement à leurs pensées! Si tant est que l'on puisse parler de "pensée" quand deux harpies s'échangent de délicats noms d'oiseaux.
Grandeur et servitude de la fonction...

***

Hier soir, goûtant enfin un repos bien mérité, je me cale devant un épisode de ma série préférée, le feu crépite dans la cheminée, cappuccino, pyjama en pilou-pilou, délicieuse soirée en perspective. Une amie m'appelle au secours, sa fille vient de faire une fugue, elle l'a récupérée  mais elle est en lambeaux. Elle aimerait que je lui parle. S'arracher au canapé, abandonner le capuccino et Simon Baker, se rhabiller, ressortir la voiture, partir dans la nuit et le froid discuter avec une ado en pleine crise...Faut vraiment que je l'aime! 
Pourtant j'y vais, et cette fois, ma "médiation" a été utile...en rentrant à une heure du matin retrouver mon havre de paix, j'ai le sentiment anachronique d'avoir rattrapé un échec.
Et je me refais un cappuccino. Cette fois, il a un goût divin.
Mon chouchou

11 janvier 2012

La poésie de la physique


La période d'un pendule est proportionnelle à la racine carrée de la longueur  de la ligne suspendant le poids - c'est-à-dire, plus  est long le pendule, plus lentement il se balance... c'est beau!

08 janvier 2012

Lettre ouverte au bout du monde

On n'imagine pas cette chose extraordinaire  quand on écrit un blog: nos mots sont lus dans le monde entier! Quel journal peut se vanter d'avoir des lecteurs simultanément en Russie, aux Etats-Unis, en Espagne, au Canada et même au Japon... Vous voyez ça? Un Japonais amoureux de la France et du français qui boit son thé devant son ordinateur pour déguster mes billets... Des Canadiens suivant les aventures de Célestine Troussecotte (un nom qui doit bien sonner au Québec) en mangeant leurs pancakes au sirop d'érable avant de partir au travail...
Bien sûr j'ai déjà mon petit club de blogamis en Belgique, j'ai des amis français partis faire le tour du monde, et mon cher Damien qui sillonne le globe à la recherche d'îles lointaines et recelant encore quelques secrets...
Bien sûr, mais c'est comme si je les connaissais déjà. Ils me sont familiers, ils font partie de mon paysage de chaque jour, ils m'écrivent, ils échangent avec moi.
Alors que tous ces inconnus, là, comme tapis derrière l'écran,  à portée de clic, ça m'intimide. Je me demande qui ils sont, quelles sont leurs motivations à venir me lire. Au moment où je vous parle, il y a un Australien , un Danois, et trois Polynésiens qui se baladent chez moi...
Peut-être ne viennent-ils que par le hasard d'un moteur de recherche et repartent-ils aussitôt...
Peut-être sont-ils simplement curieux de notre culture, de nos coutumes, de notre façon de vivre.
Peut-être sont-ils des Français exilés en quête du parfum de la mère patrie, ou venant aux nouvelles...
Peut-être ont-ils encore en tête ou dans leur inconscient collectif une certaine idée de la France. Peut-être sont-ils avides de lire autre chose que les galimatias préformatés de la presse officielle, peut-être veulent-ils se rassurer sur le fait que la France est encore le pays des Lumières et des droits de l'Homme, le pays de Montaigne et de Victor Hugo.
Peut-être veulent-ils ainsi former une grande chaîne d'amitié...et de vigilance.
Alors je voudrais dire à tous ces amis silencieux de la Toile que je suis heureuse de les compter parmi mes lecteurs.
Et s'ils veulent me faire un petit signe, même en Finlandais( oups! Finnois), je prends...

06 janvier 2012

La Lettre M


Chez Asphodèle, le jeu continue, quelle chance!

matin – mélancolie – mariage – moulin – mausolée – minuscule – marmelade – mauve – mouchoir – mimétisme – miniature – merveilleux – méandre – murmures  – martingale – mélange – misérable.


***
Dernier hommage


Au grand bingo de l’existence, sa martingale était en or. Elle ne l’a trahi qu’une fois. Contre la mélancolie, le malheur, la dépression, le conformisme, c’était un gagnant sans mélange. La mort a eu raison de lui.
Au mausolée des plus grands hommes, il a sa place, assurément: quand il sortait son instrument, son bandonéon miniature, les misérables se sentaient riches et les rois perdaient leur superbe. Il nous rendait  soudain égaux en tartinant de marmelade les petits travers quotidiens, les petits tracas de la vie. Il passait au moulin à poivre nos forfanteries imbéciles et nos absurdes prétentions, balançait des tartes à la crème sur nos  fragiles certitudes.
Quand il dansait nous nous sentions, par un étrange mimétisme, gros et légers tout à la fois, comme un éléphant en tutu. Les méandres du beau langage étaient son chemin de Damas.

C’était un merveilleux acteur, un magicien des matins bleus, l’heureux mariage du rire et d’une immense poésie,  minuscule goutte d’espoir dans l’océan des passions vaines. Rentrez vos mouchoirs, pauvres diables, il n’aurait pas aimé qu’on pleure. Cessez vos murmures affligés, riez, dansez, rêvez les mots, et comme lui, accrochez donc, à votre cœur, cravate mauve et souliers verts.



















Après la séquence émotion, je vous propose de retrouver ma coquine et légère participation au défi du samedi.





01 janvier 2012

D' Antiblues à Zenondelle

 
Le ciel bleuit déjà à l'horizon, une aube pâle et légère dissipe les fumées d'une nuit incertaine.
Une nuit de cristal et de bulles où les verres s'entrechoquèrent, peut-être pour oublier.
On s'est un peu saoulés, de danse, de rires, de bulles, peut-être pour oublier. Sûrement pour oublier.Oublier que l'on a une année de moins à vivre.
La nature, elle, n'a rien à oublier. Avec constance, insouciante, elle accueille la nouvelle année avec un détachement, une indifférence admirables. Rien pour elle en réalité n'a changé à minuit. Les ères géologiques, les millénaires, comme des pachydermes mouvant leurs gros derrières avec une lenteur extrême,  s'ébrouent de nos fragiles années humaines, de nos dates, de nos semaines, de nos jours,  piètres gouttelettes dans l'océan du temps.
Oh! Mais respirer cet air doux de premier janvier, les yeux fermés pour mieux sentir ! 
Sentir s'exhaler de la terre ce parfum entêtant de la vie, la promesse des fleurs dans chaque graine, la force du chêne, l'élan, l'énergie vitale... Tout est là, virtuellement. Tout est là et j'en tremble.
Mes alvéoles pulmonaires se déploient une à une comme au jour de ma naissance, avec de petits claquements qui m'embrasent le corps et l'âme et me donnent envie de crier. De crier primalement.
La tête grisée de musique et de mots. Les liens d'amitié resserrés. Étourdie par la magie de l'existence. Émerveillée, encore et encore, des cadeaux qu'elle nous fait quand on ouvre les mains. Je respire l'air du matin. Je suis vivante.
L'année s'étend, là,  devant moi, devant nous, comme un champ de neige inviolé. Comme une vertigineuse page blanche que je brûle d'écrire avec vous. Comme vous.
Je sais  que virtuel n'est pas le contraire de réel.Vous existez  réellement, êtres de chair et de sang à qui je dédie ce moment comme si l'on était au premier matin du monde.
Et d'Antiblues à Zenondelle, d'Andiamo à Zoé, d'Adrienne à miss Zen, dans mon alphabet précieux, vous tenez tous une place de choix.
 Je vous souhaite à tous, du fond du cœur, une année de fièvre et de miel.

Célestine