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A bientôt
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25 février 2011
20 février 2011
Y croire encore
A FD et Aux Petits Bonheurs
Je viens de lire le billet de FD et le commentaire des petits Bonheurs sur mon dernier billet, j'ai senti mes poings se serrer presque aussi fort que ma gorge.
Résumons la situation. On ne sait pourquoi, "on" a décidé en haut lieu d'attaquer l'Education Nationale, non pas au rasoir pour un petit défrichage de printemps, non pas au marteau et au burin pour un ravalement de façade, mais au bulldozer pour une destruction en règle et définitive.
Qui est ce "on" ? Nul ne le sait vraiment. Les politiques, au premier chef, bien sûr, mais en sous-main, des forces occultes, des intérêts privés, des lobbies...Des gens, en tous cas, qui ont intérêt à ce que le peuple ne soit plus instruit correctement. Et par la même occasion, des gens qui craignent terriblement cette race perfide et à abattre que l'on appelle "les profs", les intellos qui réfléchissent et manipulent les élèves, et leur apprennent à penser et à avoir l'esprit critique. Lors, tout devient clair: il faut récupérer l'enseignement à des fins mercantiles et remplacer peu à peu les profs par des logiciels ou des vacataires qui seront aux ordres et feront tout pour obtenir un cdd.Et supprimer des programmes la philo, l'histoire, l'art, et peu à peu tout ce qui peut rendre intelligent.
Toujours est-il que depuis quelques années, nous subissons ces coups de boutoir, ces coups de casserole en fonte sur la tête qui nous sonnent , et nous continuons à aller au travail tous les matins, en nous disant avec un peu de culpabilité que c'est déjà super d'avoir un travail...Mais est-ce une raison pour tout accepter, et pour regarder se déliter l'école sans rien faire?
Pourtant, je me répète , c'est le plus beau métier du monde...Mais que c'est difficile!
"On" dresse les gens les uns contre les autres, les agrégés contre les certifiés, les pions contre les profs, les profs contre les bibliothécaires, les jeunes contre les vieux, les mères de trois enfants contre les célibataires, les instituteurs contre les profs d'école, les EVS contre les animateurs...pour diviser, pour mieux régner, on multiplie les primes individuelles de façon à ce que plus personne ne touche le même salaire, on ferme des dizaines de milliers de postes, on supprime des structures importantes, des aides, des dispositifs, on introduit le vocabulaire de l'entreprise dans l'école.
Résultat, rentabilité, performance, efficience, pilotage...Les enseignants sont suspectés, dépouillés de leur autorité, mis en examen, condamnés, pilonnés, harcelés, découragés, abattus , déprimés. Il y en a même qui se suicident. La seule question qui vient aux lèvres est "Pourquoi?"
Pourquoi anéantir ce potentiel d'énergie merveilleux? pourquoi ne pas utiliser ce formidable creuset de connaissances, d'enthousiasme, de réflexion en le valorisant? Pourquoi faire payer à la grande majorité des profs, consciencieux, motivés, et cherchant constamment à bien faire, l'incapacité et le je m'en foutisme de quelques uns ? Sans compter qu'on trouve pas mal d'incapables parmi les décideurs, beaucoup plus que sur le terrain...
Par ailleurs, un des piliers d'une économie productive bien menée repose sur le bien-être des ouvriers: tous les japonais savent ça.Un ouvrier heureux est bien plus productif.
Ainsi, "on" voudrait nous passer au laminoir de l'entreprise, et on n'est même pas foutus d'être à la pointe du progrès en matière de ressources humaines. Humilier et dénigrer la main d'œuvre, voila qui fleure bon son dix-neuvième siècle esclavagiste.
En vérité, je vous le dis, les profs sont en train de crever à petit feu, et les jeunes hésitent à s'engager, après cinq ans d'études, pour 42 ans de bons et loyaux services, pour une administration qui n' a que faire de leurs états d'âme. Un enfer très bien décrit par FD , les yeux cernés des profs, la tension palpable, la démotivation, la rage impuissante de voir des gosses sacrifiés par défaut de structure adaptée, les classes surchargées, les établissements mal entretenus pour ne pas dire vétustes, les vacances remises en cause régulièrement, parce que ces cochons de profs sont tous des fainéants et des nantis. Ah, j'oubliais: des incapables aussi, puisque de tous les échecs, de toutes les erreurs, de toutes les errances de notre société, la responsabilité leur incombe.
Pourtant autour de moi, et notamment depuis que je fréquente les blogs, je rencontre des enseignants formidables. Petit Belge, porté par l'amour de son pays, les "anciennes" qui se sont tirées au bon moment doit-on leur dire régulièrement (Marie Madeleine, Catherine, Mammilou, ) FD, Zenondelle, Epistyle, Berthoise, Adrienne, ce sont des gens fins, qui manient bien le verbe, qui réfléchissent, des artistes sensibles, des âmes fortes, des personnalités. De l'or pour les enfants, nos enfants. Pardon si j'en oublie, la blogosphère est remplie de profs, et c'est logique: l'amour des mots est leur fonds de commerce...
J'aime à penser que rien n'est perdu. Mais mon optimisme ne me fait pas oublier que d'autres vivent les choses de manière beaucoup plus cruciale. Les zones sensibles des banlieues, où la violence est le seul mode de communication, les classes uniques au fin fond de campagnes déshéritées, les écoles où les collègues ne se soutiennent pas , se tirent dans les pattes, se crêpent le chignon, les quartiers où les parents vous prennent pour des larbins et vous toisent d'un air méprisant. Les débuts de carrière angoissants, avec un triple niveau, des enfants à problèmes, un manque de moyen, loin de sa famille, seul en face de ses cahiers, dans la poussière âcre de la craie, le soir...
Et pourtant je suis comme FD: je n'ai pas envie de faire un autre métier. Est-ce pour cela qu'on n'a pas le droit de se plaindre? Courage, dans une semaine, on pourra souffler.Et préparer, qui sait d'autres lendemains qui chantent plus qu'ils ne pleurent...
Edit du 21/02 à 9 h 30
Adrienne et Catherine: j'ai corrigé mon erreur et mon oubli!
Edit du 21/02 à 9 h 30
Adrienne et Catherine: j'ai corrigé mon erreur et mon oubli!
17 février 2011
Des gens précieux
Dans le magma informe et quotidien des mauvaises nouvelles, de la sinistrose, des déprimantes petites phrases des matins blêmes, des faces de carême des grincheux, des mécontents, des bilieux, des teigneux, émergent parfois des capsules de positivité qui transfigurent le quotidien. Des gens souriants, dévoués, gentils, reconnaissants. Des gens précieux. Des pépites ténues mais étincelantes que l'on collectionne comme autant d'objets rares.
Elle est de ceux là, Véronique. Une merveilleuse petite femme pleine d'énergie et de bonheur. Une tendresse, un cœur gros comme ça.
Dévouée ? ce n'est rien de le dire! Toujours prête, comme un boyscout, ne reculant devant aucune montagne, bravant les épreuves avec un indéfectible sourire. Des yeux pétillants et malicieux.
Véronique, c'est une maman d'élèves comme on n'en fait plus beaucoup. Respectueuse, admirative du travail des instituteurs, elle défend le service public, elle propose toujours les siens, de services, ne râle jamais, s'investit,fait des gâteaux, accompagne les sorties, écoute, s'intéresse, en souriant tout le temps.
Ses enfants sont des soleils qui éclairent les classes où ils passent: bien élevés, polis, gentils, travailleurs, motivés, toujours contents, toujours constants, appliqués, à l'image de leurs parents. Des modèles.
Elle s'ingénie, Véronique, à les rendre curieux de tout, esthètes, les emmenant de musée en château, d'exposition en village médiéval, avec un sens de l'humour très fin, et des qualités humaines exceptionnelles. Toujours prêts à donner leur chemise, un esprit sportif impeccable, beaucoup de respect...et surtout une philosophie de vie magnifique: "on a peu mais on est heureux, et ça vaut tout l'or du monde".Elle n'est pas ministre, ni avocate, ni pédégé, non, elle n'est pas blindée de tunes. Elle est mère au foyer, Véronique. Mais l'associatif et le bénévolat tiennent une grande place dans sa vie, c'est dire si elle est chouette! A l'heure du bilan de ma carrière, dans quelques années, elle tiendra assurément une place de choix.
Quand la troupe des parents attend, serrés et pressés sous leurs parapluie, la mine renfrognée, la sortie des élèves, je regarde Véronique et soudain il fait beau.
14 février 2011
08 février 2011
Deux ans
Rien n'a changé en apparence. Quelques demi-millimètres de bourgeons ne vont pas bouleverser l'ordre du monde.
Et pourtant rien n'est comme hier, un frémissement délicieux m'a prise au fond du ventre en respirant, ce matin, l'air qui entrait dans ma chambre et dans ma tête.
Une envie de chanter (bon là c'est une figure de style car je suis aphone) une envie de sauter en l'air comme un cabri.
Et déjà deux ans que j'écris ce blog, avec vous tous, mes amis, avec qui je partage tant de points communs, de découvertes, de réflexions, et dont certains ont déjà passé le pas de la virtualité pour devenir de chair et de tendresse..
Le printemps s'annonce , le Titipu se remet à chanter. La vie tourbillonne et je l'aime de plus en plus.
02 février 2011
Confiance
Je me suis souvent demandé, lors de ces rêveries intellectuelles dont les jeunes filles ont le secret, lorsqu'elles ne pensent pas aux garçons ou à quelque autre sujet faisant rosir les joues , quel était le plus joli mot de la langue française. Je n'ai jamais réussi à répondre à cette question, comme il m'a toujours été malaisé de dire ma couleur préférée, ou mon auteur favori. Comment choisir quand le monde entier est à vos pieds, prêt à être recueilli au creux des mains comme l'eau d'une source ? Pourtant l'un d'eux mériterait une place toute particulière au panthéon des mots. Il s'agit de "confiance".
Quel joli mot que la confiance! Un mot-écrin, un mot bijou. Un mot brillant, chatoyant, plussoyant. Prononcez-le et aussitôt vous sentez un frôlement comme celui d'une plume d'ange qui vous effleure en silence. Un frémissement, une vibration au plus intime, nous emporte dans un étourdissement de valse lente. Confiance! on se laisse tomber en arrière, les yeux mi-clos, dans un ravissement proche de l'extase, en sachant, oui, sans raison, en étant persuadé que des bras forts et tendres vont rattraper au vol ce corps alangui, abandonné.
La confiance déjoue toutes les règles scientifiques, en établissant des liens parfaitement inexplicables, irrationnels pour tout dire.
Par exemple, je me demande encore souvent comment de parfaits étrangers, que je ne connais que si mal au final, et le plus souvent ni d' Ève ni d'Adam, m'accordent ce blanc-seing qui m'honore et m'étonne à la fois. Ce qui, dans mon visage, ou mes yeux, ou un je ne sais quoi dans le son de ma voix, ou peut-être les trois à la fois, les incite à me raconter des choses de l'ordre de l'intime absolu, comme si nous nous connaissions depuis toujours.
Cela m'arrive si souvent, de recevoir des confidences, et j'ai tant appris à écouter et à écouter encore, que cela fait partie de moi, et que sans doute , par un cercle vertueux parfaitement logique, la confiance appelle la confiance.Et je recueille tous ces secrets comme des objets précieux sur lesquels on me demande de veiller. Embarrassée, parfois, mais étourdie le plus souvent.
Dans le même temps, par une contradiction singulière, je n'ai guère confiance en la valeur de mes propres révélations intérieures, et j'ai toujours l'impression que mes secrets n'intéressent personne. D'où peut-être ce goût immodéré pour l'écriture, grâce auquel, depuis l'âge de quinze ans, dans la solitude de l'écrivain, j'épanche sur le papier , peu à peu, le tréfonds de moi-même en espérant secrètement être lue.