Pages

22 juin 2010

Dans ma prochaine vie

Dans ma prochaine vie, je placerai la sieste au sommet de mes activités préférées. Oui, cette fois, je dormirai énormément, sans cette  bizarre sensation d'être vaguement en faute,  je ne clamerai plus jamais que dormir, c'est mourir un peu, que c'est une dramatique perte de temps, et toutes ces calembredaines dont j'émaille ma conversation d'habitude. 

D'abord, du temps, j'en aurai à revendre. Mes journées s'écouleront paisiblement, sans heurts, sans soucis, sans contraintes. Ah! je ne mettrai pas des années, cette fois, à apprécier les petits plaisirs de l'existence! Je ne me prendrai plus la tête pour des problèmes somme toute tellement dérisoires! Des tracasseries administratives, de vagues contingences matérielles sans importance.

Dans ma prochaine vie, je ne ferai plus rien que je n'aie expressément envie de faire. J'avancerai, d'une démarche fière et altière, regardant le monde avec ce petit air condescendant qu'aujourd'hui pourtant, je réprouve  chez les autres. Je n'aurai aucune peine à entretenir mon corps souple et élastique  qui fera beaucoup d'envieux. Et je ne vous dis rien de mes traits parfaits qui me donneront un air égyptien , forceront l'admiration ou éveilleront les jalousies.
Je ne m'abaisserai jamais à de viles turpitudes, et en toute occasion garderai  ma superbe.
Dans ma prochaine vie, bien fol qui se frottera à mon courroux. Je saurai me faire respecter sans jamais élever la voix. Mais surtout, surtout, j'adorerai plus que jamais les caresses et les démonstrations de tendresse.

Dans ma prochaine vie, je serai un chat.


























A ma fille unique et préférée.
Photo Margot

20 juin 2010

tout et son contraire

De temps en temps, nous faisons chez moi une journée "sans écran". Au cas où. Juste pour ne pas être complètement dépendant des magnifiques objets de notre quotidien,  qui contiennent Tout et le  contraire de Tout.
Car, il est vain de le nier,  un ordinateur est un moyen de communication fabuleux, une fenêtre ouverte sur le monde, et en même temps un mangeur de temps, un tueur de paroles, qui enferme chaque membre de la famille dans une bulle autistique aux effets pervers. On est connecté avec les gens du bout du monde, et on n'a plus le temps de discuter en famille. Sombre contradiction!
Les téléphones portables relient les hommes, mais provoquent des tumeurs au cerveau. 
La wifi facilite la vie mais encombre notre espace vital d'ondes dont on ne sait même pas si elles sont nocives, à terme...
La télévision, censée nous informer, nous déforme si nous n'y prenons pas garde, et fait de notre cervelle un petit tas mou de gélatine sans réaction.
Les baladeurs nous font découvrir la puissance de la belle musique en haute définition, mais quelques décibels de trop, et nos tympans se crèvent lamentablement, provoquant nos futures surdités.
Chaque merveille de la technologie moderne  ressemble un peu à ces poissons japonais à la chair si délicieuse, si recherchée, et qui contiennent un poison mortel et foudroyant. Tout dépend de la façon dont on les cuisine. 
C'est tout un art de savoir utiliser la connectique sans sombrer dans l'addiction.
Les jeunes d'aujourd'hui sont nés la souris à la main, et il est de notre devoir de leur faire prendre conscience que l'essence de la vie est ailleurs, et qu'un jour peut-être, tout cela pourrait disparaître, bien avant les couchers de soleil, l'odeur de la terre mouillée et les parties de carte en famille. Juste pour qu'ils puissent constater  qu'ils continuent à aimer la vie, à être heureux, et qu'il s'en étonnent, eux qui pensaient qu'ils ne pourraient jamais se passer de portable ou de facebook! trop mortel!
Et même moi, moi qui abuse de l'ordi régulièrement, moi qui avoue mon penchant pour les nouvelles et extraordinaires trouvailles en ce domaine,  ça me rassure de vérifier, de temps en temps, que j'ai toujours en moi cette capacité à me contenter d'un papier et d'un crayon. Et qu'à mon baromètre personnel, "être" passe toujours devant "avoir".
Bon, je mets en veille et je vais me faire une tasse de thé.

photo internet

17 juin 2010

Chez Florence

Florence vous fait  une fleur: son joli blog est celui d' une photographe de talent qui transforme votre écran en bouquet. Ses compositions exhalent un parfum délicat de narcisse et de tubéreuses, la folle avoine et le jasmin y croissent en liberté, comme dans un jardin anglais. Vous êtes fleur bleue, les filles? Allez voir le bouquet de la Mariée, quelle jeune fille en fleur ne rêverait de l'attraper? Mais consolez vous si votre bourreau des cœurs  vous a envoyée sur les roses, vous effeuillerez bien vite  la marguerite avec un autre...
Soudain, que vois-je? Ne serait-ce point la Dame aux Camélias tenant dans sa main le Lys dans la Vallée? Miss Blandish et ses orchidées, rouge comme une pivoine,  se tient près d'elle, rêvant à la Révolution des œillets, au pouvoir des fleurs...Au langage des fleurs...Ne m'oubliez pas, murmure le myosotis,violette amour timide, camélia beauté parfaite, rose rouge amour de feu...
Je suis arrivée comme une fleur sur ce blog, et j'y ai trouvé la fine fleur.
Mais quoi d'étonnant, quand on porte le nom de FLORENCE...

photos Florence Carcelle

16 juin 2010

Le bruit et la fureur

Ainsi donc, les Belges auraient tranché pour la scission. La Belgique découpée en tranches comme un vulgaire saucisson, à une époque où on rebat les oreilles de tous avec l'Unité, l'Europe, le Monde...Dans un monde où il est politiquement correct de parler de solidarité, d'élargissement, d'alliances...Ça prêterait presque à sourire, ce repli frileux de certaines communautés sur leurs particularismes locaux, si je ne savais la plupart de mes amis Francophones attristés de cette situation.
Comme je le disais dans un commentaire laissé sur un blogami, les musiciens, eux, donnent l'exemple d'une solidarité, d'un langage universel se jouant des frontières et des nationalismes.
La musique est un cri d'amour, une façon de rassembler les peuples dans l' harmonie, un exemple parfait de ce que l'union de  sensibilités différentes, de sons , de timbres, de voix différents, venant d'instruments particuliers peut générer de plus sublime: une symphonie.
L'esprit communautaire, c'est refuser cette richesse, cette variété de notes participant à une oeuvre collective. C'est refuser la pluralité linguistique au nom d'une soi-disant unité. L'esprit étriqué des communautarismes, c'est s'exprimer sur une seule note, triste, unicorde, monotone, ça me fait penser furieusement à une certaine cacophonie en vogue actuellement, à ce bruit assourdissant  des fameuses  vuvuzelas. Le supplice des tympans mélomanes. Tout le contraire de la Musique.

Photos internet

11 juin 2010

Vieille France?

Il paraîtrait  que je cultive un "charmant côté vieille France". Le "compliment" venant d'un jeune homme non moins charmant ne me blesse pas. Au contraire. Il me conforte dans ma ligne de conduite professionnelle, dans ma ligne de vie tout simplement.  Tant pis si je dois de temps en temps être traitée de ringarde parce que je me refuse à céder à certaines sirènes ...Oui, j'aime les belles lettres, oui, je redécouvre avec passion Camus , à travers La Chute, que je n'avais jamais lu. Oui, je continue à aimer mon métier, et alors, est-ce défendu? Oui plus que jamais, je crois à ma mission de luthier(*).
Les enjeux de ma nouvelle vie se sont profilés , pendant les trois semaines intenses que je viens de vivre: un stage de formation à mes nouvelles fonctions, beaucoup de théorie, des litres d'informations, des tonnes de grandes assertions, de mots pompeux, de chiffres, de certitudes ampoulées ou assenées parfois à grand renfort de coup de poing sur la table. Des recadrages hiérarchiques appuyés, afin de contenir tout débordement d'émotion , d'enthousiasme, voire de rébellion contre l'ordre établi. Des kilomètres de formalisme administratif à la lourdeur inquiétante et rébarbative. Mesdames, messieurs, vous allez être DI-REC-TEURS! ah! la  belle fonction! Il ne s'agirait pas de l'oublier.
Mais ce stage ce fut aussi de vraies rencontres, de belles surprises, une formidable énergie, des gens extraordinaires. Et pour le coup,  en filigrane, j'entrevois la fonction comme une  tâche d'animatrice , de médiatrice, de fédératrice des forces vives qui va convenir à ma nature profondément optimiste.
Je me sens prête à lutter pacifiquement, calmement, sereinement pour défendre les valeurs auxquelles je crois. Même si je vais être aux premières loges pour assister à la casse organisée de l'école de la République, la pièce n'est pas encore jouée, messieurs les censeurs! Les petites mains de l'Education Nationale brodent toujours de la belle ouvrage quoiqu'on dise. On en a bouffé, des tableaux, du management, des progiciels, du pilotage par les résultats, des statistiques, des pourcentages, mais que vaut tout cela au regard d'un poème de Prévert? 
J'ai l'impression de me répéter de billet en billet, peut-être même que certains vont penser que je radote, mais pour moi l'éducation  passe par la liberté de penser, et celle-ci ne s'acquiert que dans la maîtrise absolue du langage. Ce n'est pas négociable. Lire, écrire, penser. Si c'est ça, être vieille France, alors oui je le suis. Et si ça se trouve, on pourrait bien me reprocher aussi, de manière complètement contradictoire, d'être candide. J'assume aussi. Vive moi.
Hum, bon, je m'emballe,  j'ai peut-être un peu forcé sur le Chardonnay, aujourd'hui...mais il fallait bien fêter dignement la fin du stage.

photo internet

09 juin 2010

Prélude


Mon zado va me maudire mais je voulais partager  mon émotion béate de mère devant sa progéniture. Je sais, c'est idiot, mais en même temps, ça ne dure que 2 minutes 13...
Merci mon chéri pour ce pur moment de bonheur.

06 juin 2010

A tous ceux qui me manquent

J'éprouve certains soirs un grand vide intercosmique. Il me manque quelque chose. Je me retourne: mon univers familier est pourtant là, bien en place. Le chat ronronne, la pie jacasse. L'herbe ploie sous la caresse d'un petit vent doucereux. Le doux tintement des verres et des assiettes emplit le silence de cette fin de dimanche qui s'étire. Les êtres chers vont et viennent, vaquant à leurs affaires sans se soucier de l'ouragan de nostalgie qui me bouleverse, au fond de moi. Et cette douleur, c'est celle du manque.
Mes enfants me manquent,  devenus grands, qui s'en vont vers leur vie, doucement, chaque jour davantage.
 La douceur de ma mère me manque, le contact de ses mains usées, juste un petit peu rugueuses, comme si chaque aspérité de sa peau me contait une anecdote de sa longue vie. La voix de mon père me manque, ses jeux de mots, ses facéties de jeune homme de soixante dix-huit ans, la chaleur de sa grosse main étoilée de dizaines de taches brunes, comme  frappée par le sceau indélébile du temps, ce temps impitoyable qui marque  les hommes comme autant de moutons avec l'indifférence cynique d'un maquignon...
Mon frère disparu que j'aurais tant aimé connaître. Lui aussi, il me manque par l'absurdité de son passage éclair ici-bas, petit ange emporté dans les limbes...Qu'aurait-il fait? Qu'aurait-il dit? Que serait-il devenu?
Mes chers disparus, ma bonne grand-mère, mon oncle Max et ses expressions qui n'appartenaient qu'à lui.
Mes frères, ma sœur, mes amis d'un jour et de toujours, tous ces êtres de chair et de cœur qui sont si loin, me manquent affreusement. Nos jeux d'enfants  nous semblaient éternels, nos liens si forts...Pourquoi faut-il toujours se quitter?
Alors, bien sûr, il y a le téléphone, les mails, les sms, les webcams, les tchats, les blogs, et facebook, et msn, et toutes ces techniques de communication ultra-tendance et sophistiquées. Mais rien, non rien vraiment , ne remplacera jamais le contact, la chaleur d'une caresse, l'accolade virile, les baisers sur la bouche, l'étreinte de deux bras forts autour d'un corps frêle, le souffle d'une haleine, l'odeur de la nuque d'un bébé au réveil, la fraîcheur d'une joue d'enfant, des lèvres mouillées, une gorge sèche, des mains moites, un cœur battant, une poitrine qui palpite, des batailles de chatouilles, des odeurs de transpiration, des larmes que l'on essuie du bout de l'index, des cheveux qui graissent, un bobo qui saigne, un parfum entêtant,  tout ce qui fait l'odeur, la couleur, le RELIEF de la Vie.
Il y a des soirs où des milliards d'atomes manquent aux miens.

01 juin 2010

Il y a...


































Il y a le temps qui passe et qui repasse encore
il  y a les souvenirs les instants  les projets
tout ce qui fait la vie
Passée et à venir
Il y a les regards les paroles les gestes
les joies et les rancœurs, les promesses les pleurs

il y a des rencontres dont on ne sait que faire
des ouragans soudain qui dévastent les plages
et l'on se trouve là démuni sans ressort

Il y a ton regard flou fiévreux et désinvolte
et brûlant
et profond
qui caresse mon âme
et embarque mon cœur au gré de son envie
comme une plume folle emportée par le vent

je te cherche et te cherche depuis si longtemps
à travers tant de cœurs
auprès de tant de corps
t'ai-je trouvée enfin, image trop mouvante?

trop d'étés ont passé

Il y a ton empreinte au plus fort de moi-même
comme un fer sur la peau
A jamais Tu rejoins ceux que j'ai cru aimer
ceux que j'ai adorés l'espace d'un instant
tous ceux qui m'ont laissée de bonheur pantelante
dans le petit matin

1978
extrait de mon cahier d'étudiante

Photo galerie Jacques Huttler
Allez y faire un tour si le coeur vous en dit, moi  j'aime beaucoup