Pages

29 novembre 2009

Billevesées dominicales

                  Ah, ces dimanches comme je les aime...Réveillée par le bruit du tonnerre, je me pelotonne encore un peu sous ma couette. Une masse de boulot m'attend, tout le monde roupille encore. Je me rendors une petite heure. Le chat a faim, miaou...(poliment)  miaou  (un peu plus fort)...MIAOU!  (en insistant vraiment) non mais tout de même, elle va s'occuper de moi cette fainéante! Ah! le cri du chat affamé, le matin au fond de la couette... Le ciel ressemble à un test de Rorschach, chacun peut y trouver les images que lui dicte son inconscient, dans cet amoncellement de nuages d'un gris d'encre séchée. Le vent a renversé les pots de fleurs rendus trop légers par un mois de sécheresse et de négligence des jardiniers.
Le sapin du voisin a déversé nuitamment toutes ses aiguilles mortes devant la fenêtre, sur la terrasse que j'avais si bien balayée. Cela fait un tapis, une constellation de brindilles collées aux carreaux, amalgamées par endroits , on y lirait presque des paysages, des vallées, des montagnes, on y lirait presque l'avenir ..." la journée s'annonce sous les meilleurs auspices pour vous les béliers" susurre la radio en sourdine. Oui, c'est déjà une chance pour les béliers de simplement parvenir à saisir l'horoscope, car ces idiots de chroniqueurs astrologiques commençant invariablement par les béliers, justement, et avec le temps de réaction matinal légèrement ralenti par la torpeur du saut du lit, on loupe neuf fois sur dix les prévisions de notre signe. Nonobstant, j'aime ces réveils embrumés, où l'odeur suave du café qui passe se mêle aux effluves appétants du pain qui grille.
                 Puis, peu à peu, émergeant de son antre comme un loup sorti  du bois par les tiraillements de son estomac, chacun descend avec ce pas traînant des ados le matin, le cheveu en bataille et l'oeil torve,  le cri de guerre poussé: "J'ai une de ces dalles!", les yeux encore pleins de rêves et de poutine, mot poétique dont ma grand-mère usait dans mon enfance pour désigner les petites et jaunes concrétions lacrymales séchées autour de l'oeil. "Viens par ici! disait-elle armée d'un coton imbibé d'eau de fleur d'oranger, que je t'enlève toute cette poutine!" Ce qui explique, bien des années plus tard, mon demi-sourire narquois à la simple évocation du patronyme de  certain dirigeant russe éponyme...
                  Ensuite il y aura le doux chuintement des douches qui coulent, comme le bruit d'une rivière dans le lointain, les piles de linges à plier, le repas empiétant sur l'après-midi, et toute une somme de gestes lents et mesurés pour accomplir des tâches  nombreuses-ze-z-et-variées, en se disant philosophiquement que tant que l'on a du pain sur la planche c'est que l'on a du pain, et une planche. La nuit reviendra vite, trop vite, et l'accélérateur de particules propulsera à nouveau les grands dans leur train ou leur autocar, nous laissant abasourdis mais heureux, de la fuite du temps qui passe, tel le café, en libérant tous ses arômes...

10 commentaires:

  1. Nous ne sommes plus que nous deux, alors il y a moins de bruits !!!


    Bonne journée !!

    RépondreSupprimer
  2. Sauf quand les petits enfants débarquent?...

    RépondreSupprimer
  3. Quel doux dimanche! Je me faisais la réflexion en reconduisant ma grand-mère et avant de pendre le linge: heureuse de la paix dominicale et de la douce torpeur familiale au milieu des tâches qui nous occupent. Heureuse de pouvoir les faire paisiblement sans cris ni disputes, les enfants étant tout occupés à leur partie de monopoly. Bonne soirée et à très bientôt Célestine!

    RépondreSupprimer
  4. A très bientôt Delphine, profite de cette journée jusqu'au bout.

    RépondreSupprimer
  5. Oh les beaux dimanches ! Paisibles et au ralentis... ici aussi mais pour cause de grippettes en rafale ! Oh, rien de méchant, juste 5 eprsonnes un peu fatiguées, ralenties... Et puis non, pas bonne journée pour tous les Bélier, le bélier que je suis a passé sa journée à combattre la migraine !
    Tiens, tu m'as donné envie de pain grillé...

    RépondreSupprimer
  6. Tiens tu es Bélier?...je l'aurais presque parié. Le pain grillé, mmmm ça sent le bonheur.
    bonne semaine
    célestine

    RépondreSupprimer
  7. La poutine, que tu m'as fait rire! Tu sais qu'au Canada c'est une préparation culinaire? J'en ai mangé et ai trouvé ça infect, mais il faut dire que nous étions invités par des amis du Québec dans un fast food, aussi ce n'était sans doute pas la meilleure poutine du monde!

    Moi aussi j'ai passé un dimanche soyeux de presque farniente, promenade dans le bois, ma pizza maison (pas surgelée ni livrée) à midi, une sieste, et maintenant, un bon bain avant le souper.

    Vive le dimanche qui passe lentement!

    RépondreSupprimer
  8. Ici aussi (enfin du coté de mon mari) on dit "avoir les yeux plein de poutine":-)! C'est une expression méditerranéenne je crois!

    RépondreSupprimer
  9. oui, on a pas le temps de se rendre compte que l'on est bien, mais après coup, il y a des arômes...

    RépondreSupprimer
  10. Ton récit me rend un peu nostalgique... et c'est le son des cloches le dimanche matin qui me plonge dans la quiétude dominicale

    RépondreSupprimer



Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.