Pages

30 octobre 2024

Tel un cincle plongeur



Tel un roseau tendu contre la distorsion du temps, je me balance au gré de ma vie. L'écho de son ressac me berce, jour et nuit. La vie, c'est cette formidable capacité à rebondir, tel un cincle plongeur au milieu d'un torrent furieux. Eclaboussé il tient bon sur ses pattes frêles. La magie de la vie, c'est cette force vitale qui fait frétiller nos cellules malgré les adversités.
Je traverse, comme après la tempête, une passe calme et belle comme un fjord norvégien. Mes yeux d'eau pure voient tout en plus beau. Goûtant plus que jamais ces minutes gouttes d'or qui coulent en moi. La moindre fourmi, chargée de son grain de riz trois fois plus gros qu'elle, m'émeut et m'interpelle :
 « Regarde, la vie est un miracle ! ». Cette fourmi, c'est une sagesse.

Les relations humaines prennent du sens, dès que l'on cherche à les approfondir, à gratter sous les croûtes superficielles pour faire apparaître des trésors. J'adore recueillir les confidences de ceux qui sentent en moi une capacité d'écoute que j'ai longtemps ignorée. Maintenant, je ne la nie plus. Je sais que l'on m'apprécie pour cela. C'est doux. C'est agréable au toucher.

Marie-S veut donner sa jument. Elle connaît un gars qui parle aux chevaux. C'est fou non ? Sa jument lui a dit qu'elle voulait bien être donnée, mais à condition qu'elle vienne la voir de temps en temps chez son nouveau propriétaire. C'est une jument sentimentale.
A propos de sentiments, Luc me raconte ses déboires comme si nous nous connaissions depuis toujours. Il me demande même des conseils, moi qui n'ai pas su barrer ma barque émotionnelle pendant si longtemps. Quelle belle évolution, n'est-il pas ?

La nature, comme l'an dernier à la même époque, se pare elle aussi de magie, températures clémentes, palette lumineuse, une rousseur de lande sous un ciel d'opale. 
Un rien peut briser le charme évidemment : une parole négative, une lamentation, une mauvaise nouvelle.
Et il y en a. Il y en aura toujours. Est-ce une raison pour se charger quand rien ne nous y oblige ? Chacun a son lot, en temps et heure. J'ai appris à me réjouir profondément quand rien de fâcheux ne m'arrive. Au lieu de trembler de la peur que le bonheur ne dure pas.
 Il y a aussi cette satisfaction de l'accompli qui régénère le corps et l'âme. J'ai terminé les albums du Japon, deux livres de cent-soixante-dix pages chacun. La maison est prête à ronronner pour l'hiver. Les gros chantiers sont terminés. 
J'ai pris une grande respiration auprès de mes trois petites étoiles, une semaine débordante de vie, d'amour, de câlins et de petits chagrins de fée, tout en paillettes et en poussière de vermeil, vite mouchés au creux d'une manche. C'est beau l'enfance.
Ah et puis. Mon amoureux m'a demandée en mariage. Sans gants beurre frais, ni genou à terre, mais avec tout son amour dans le gris vert de ses yeux.

Et vous, lecteurs adorés. Je pense toujours à vous, à ce blog, j'y reviens comme à une source sous la mousse, qui clapote et attend le voyageur sans s'en faire. Vous savez bien que je reviens toujours.