« Accepte ce qui est. Laisse aller ce qui était. Aie confiance en ce qui sera. »
Bouddha
Ces choses auxquelles on tient si fort, auxquelles on s'accroche avec tant d'énergie perdue... Ces choses qui nous tiennent à coeur, ou qui nous tiennent le coeur ? Le serrant comme un étau, parfois ? Voilà la question.
Il serait peut-être bon de se demander pourquoi on supporte ça, alors que ça nous fait si mal. Je veux dire pour quelles obscures et profondes raisons on s'obstine à vouloir une chose alors qu'elle se dérobe à notre volonté ? Quel jardinier mystérieux a creusé en nous ces sillons et planté si fort ces graines obstinées, qu'elles nous semblent sacrées et inamovibles ? Et quelle folie nous oblige à vouloir faire passer tous ces chameaux dans le chas de notre aiguille ?
Et là, débarquent en rang d'oignons tous les mots idoines à la situation, défilant tels des soldats de plomb à la parade : « Desserre tes principes ! Reprends confiance en toi !
Sois toi-même ! Fais taire ton égo ! Renonce ! Et surtout, lâche prise ! »
Ce fameux lâcher-prise...Comme si ça allait de soi, comme si c'était simple. Et pas du tout contradictoire. Dans ces moments-là, il nous semble au contraire que notre vie dépend d'un minuscule trou dans le rocher, de nos doigts crispés dedans, de nos phalanges blanchies comme celles d'un alpiniste à mains nues : allez donc lui demander de lâcher prise !
Et pourtant, ce fameux lâcher-prise semble bien être la seule issue possible pour arrêter de se fracasser contre une vitre, comme des mouches prisonnières d'un bocal, jusqu'à l'épuisement. On le sait, mais on n'y parvient pas facilement. Car le travail est subtil. Long. Laborieux.
Mais payant, sans aucun doute. Cela s'apprend. Cela se vit au quotidien. Cela commence par faire la liste de toutes ces choses que l'on veut mais qui ne sont pas possibles. Parce qu'elles ne dépendent pas de nous. Et ensuite, savoir faire le distinguo avec celles qui dépendent de notre propre volonté, et pour lesquelles il est bon de se battre.
Une autre liste intéressante, c'est celle de tout ce que l'on peut « lâcher » sans se faire mal. Les chimères, les habitudes, les idées reçues, les conventions, les illusions.
Lâcher du lest sans s'écraser, accepter sans se renier, abandonner le contrôle sans se ramollir, laisser de la place à autrui sans se faire manger, autant d'épreuves aussi ardues que celles de Fort Boyard, avec un peu de quadrature du cercle en prime... parce qu'on est loin d'être des moines bouddhistes, même si on cite Bouddha.
Dans cette quête perpétuelle, mon amie Mathilde m'a aujourd'hui rappelé une pensée bien utile en la matière : les gens n'ont sur nous que le pouvoir qu'on leur donne. Ça m'a fait du bien de m'en souvenir.
Et sinon, bande de vous, l'été se passe bien ?