Dix jours passent décidément bien vite, lorsque l'on est en bonne compagnie, et dans un lieu d'exception. Les grincheux fulmineront que la furie immobilière s'est emparée des maisons de pêcheurs, des petites fermes ostréicoles et de la tranquillité de l'île pour en faire un paradis pour riches. Ils vous parleront du prix au mètre carré qui ne tourne pas rond. De la valse des étiquettes sur les marchés et aux terrasses. Et de l'invasion des touristes à cause du pont qui a volé l'âme de l'île. C'est sans doute vrai.
Mais moi, je vais garder au fond de mes yeux la lumière. Cette lumière inexprimable, baignée d'océan. Le petit bois de Trousse Chemise et le Banc du Bûcheron, empreints de poésie. Les colliers d'escargots blancs accrochés aux poteaux. Les façades immaculées ponctuées de volets verts. Le microclimat qui laisse exploser les lauriers, les pins d'Alep, les acanthes, les myrtes et les succulentes, et puis les vignes donnant un vin léger et ambré, un petit bout de Méditerranée au milieu de l'Atlantique. Je vais emporter au fond de moi le son des vagues berçant mes nuits, les longues bandes de grève striées d'algues vertes, ce ponton où tu m'as sublimée. Les baudets du Poitou et les ânes en culotte, vieille tradition rhétaise. Ou rétaise, au choix*.
Le clocher d'Ars sur le velours du crépuscule, et les feux de la Saint Jean brûlant mon coeur.
Et tous ces oiseaux étonnants, habitants les marais, comme autant de traits de liberté entre le ciel et l'eau.
Merci à vous, mes fidèles, qui avez suivi mes tribulations d'amoureuse de la vie, à travers ces quelques lettres de la belle adorée chère à Nougaro.
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*Voir ici l'explication.