Au bord de cet après-midi angevin, installée à l'ombre sur la terrasse en bois, je regarde passer les nuages comme on laisse filer les pensées importunes. En goûtant pleinement l'instant de ce soleil généreux qui vient caresser les agapanthes et les mufliers à grandes fleurs. En regardant attendrie mon fils planter ses tomates, comme le faisait mon père. Avec concentration, avec minutie.
Mon fils, distingues-tu comme moi clairement le fil de la transmission, de la filiation ? Le vois-tu scintiller tel un pointillé d'or de lui à moi, et de moi à toi. Je me sens fière d'avoir été une pile de ce pont temporel, solide dans les tempêtes.
C'est le même fil que je vois dans ta façon d'élever tes filles. Tu es comme un miroir de ma propre histoire, de mes étonnements devant la mise au monde, de mon rapport à la vie.
C'est étonnant comme les hommes importants de ma vie se ressemblent, dans leur démarche tranquille, leurs épaules larges, leur force silencieuse. Leur détermination. Leurs belles fragilités d'hommes, aussi. Mon père, mes frères, mes fils, mon amoureux.
Les filles sont à l'école, c'est l'heure douce où le temps semble s'arrêter. Un agréable éloge de la lenteur.
Le nouveau bébé a cette tranquillité des derniers nés : il inspire une légèreté profonde, engendrée par l'expérience. Loin de ce surinvestissement affectif des parents découvrant tout, et un peu égarés comme on peut l'être au premier enfant.
La musique du silence m'emplit. J'aime ces sons simples qui se répondent, le gravier qui crisse, l'arrosoir qui jaillit, le vent qui bruit. Les outils qui disent la terre. Et mon coeur qui bat. Doucement.
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