« Maintenant. Là, tout de suite. Tu sais, le gérondif latin « manu tenendo » est clair. (C'était un ange érudit et linguiste) Il signifie :
« Pendant que l'on tient quelque chose dans sa main ». Main, tenant. Tenant dans la main.
C'est joli comme étymologie, non ? C'est comme une évidence.
Mais que tiens-tu de si précieux dans ta main, qui donne à ce moment-cadeau le doux nom de « présent » ?
Mais la Vie, tout simplement. La putain de Vie. (C'était un ange brut de pomme, qui ne mâchait pas ses mots)
Le fait de ne pas être allongé dans une boîte obscure, figé sur l'infini, décomposé, ou dispersé en poussière dans la mer ou au pied d'un arbre. Y penses-tu chaque matin, en ouvrant les yeux sur ce miracle ?
La mort aura son tour. Elle le sait. Elle gagne toujours à la fin. Mais pour l'instant, tiens-la en respect. Traite-la en amie, apprivoise-la, je connais pour cela un moyen génial (C'était un ange sûr de lui) : prête ton attention à la Vie. Profite. (Et hédoniste, avec ça !)
Ressens. Bouge, même si ce n'est que d'un battement de cil. Tu as un corps qui dégage de la chaleur, frissonne, produit des fluides, des bruits, des borborygmes même. Nourris-le de belles et bonnes choses, bichonne-le, tendrement, car il héberge ton Être. C'est la plus belle des maisons. Ton vaisseau dans l'aventure. (C'était un ange poète, assurément)
Ecoute battre ce petit morceau de chair palpitante qui te maintient (encore cette idée de la main qui tient) droit·e sur ton fil d'Ariane, toujours étonné·e.
La chance, c'est le principe actif infinitésimal d'une dilution magique. ( C'était un ange se soignant à l'homéopathie). Même quand tu traverses d'horribles tempêtes, elle est là. Ouvre ta main. Saisis-là, ne la laisse pas s'envoler.
Et dis-moi ce qui te rend vivant. Maintenant. »
Je le lui ai dit.
Mais la liste est trop longue pour que je vous l'écrive.
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