Ne vous excusez pas, ce sont les pauvres qui s'excusent.
Quand on est riche, on est désagréable !
Louis de Funès dans la Folie des Grandeurs.
Certains murmurent à l’oreille des chevaux. Elle, c’est à l’oreille d’un président qu’elle chuchote. Un « grand »
de ce monde. Elle n’a cure que ce soit une vieille rosse à la perruque
jaunasse. Un agité du bocal incarnant le cauchemar américain.
Pour elle, c’est un « ami de toujours », qu’elle suit pas à
pas dans sa fascinante aventure politique. Elle le conseille et l’amène vers le
Seigneur. Si si. En toute humilité. Elle s'appelle Paula White.
Ah oui, je ne vous l’ai pas dit ? Elle est pasteure.
Oui, avec un e comme auteure (ou comme horreure, si vous préférez). Depuis vingt ans, elle
prêche partout sur talons hauts, elle arpente les States surmontée d’un
brushing blond hollywoodien et autres attributs de la femme d’église : rangs de
perles, décolletés profonds, sourire Ultra Brite et rouge à lèvres glossy à souhait. Elle défend
sans zézayer son grand projet : la théologie de la prospérité. Elle a une
interprétation très personnelle de la société : si vous êtes riches, c’est
que Dieu a récompensé financièrement votre foi. Si vous êtes pauvres, c’est que
vous avez tout simplement mérité la punition divine. Bouh, vilains pauvres, qui
devez quand même contribuer à augmenter le capital de sa congrégation sous
peine de voir « vos rêves mourir, et aussi vos enfants » Brr ! Elle a des
arguments massus, la Paulette. Je serais pauvre, je n’hésiterais pas une seconde.
Je craquerais mon codevi pour sauver ma progéniture…
Mais dis donc, Dieu, c’est pas très régulier, ces méthodes, si? Un peu extrêmes, non ? Je sais bien que les voies du Seigneur sont impénétrables,
mais là ce sont d’indicibles méandres qui me plongent dans une insondable
perplexité…
Dans mes lointains souvenirs de caté, il me semblait que la
pauvreté était une vertu cardinale (enfin, si l’on peut dire, les cardinaux
n’ayant jamais été très pauvres, il faut l’avouer, mais le langage a souvent de ces
pirouettes…)
Quid de ce bon Saint Martin qui avait coupé son manteau en deux pour
réchauffer un nécessiteux ? (Bon, ce n’était pas un Burton of
London en loden, mais quand même, le geste fut fort apprécié et symbolique…)
Quid d’Esaïe qui exhorta le peuple d’Israël à « partager son
pain avec celui qui a faim et à couvrir d’un vêtement celui qui est nu ? »
Alors, Paula, chère pasteure multimillionnaire, qu’est-ce que c’est qu’ce binz ? WTF ?
Et quand on est comme moi, ni riche ni pauvre, vous prévoyez quoi ? Le purgatoire ? Ou l'attente des soldes éternels sur le trottoir dans le froid et le vent ?
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Pour l'atelier d'Olivia, il fallait inclure les mots
régulier – interprétation – indicible – méandres – souvenir – aventure – projet – zézayer – soupir