« Se dire qu'il y a, over the rainbow,
Toujours plus haut le soleil above,
radieux. »
S. Gainsbourg
Une touche de rose effleure de ses doigts d’aurore les plus
hauts sommets. Les Aiguilles d'Arve me transpercent de leur beauté de chat. On dirait une aquarelle de Samivel. Ces quelques jours au cœur des Alpes ont une saveur d’infini. Par cette conjonction ineffable de hasards et de chances qui m’ont amenée là, sur les ailes d’un
ange.
Je suis encore la même : cette petite fille qui voyait
de sa fenêtre le Pain de Sucre et le Chapeau de Gendarme de son enfance,
sidérée par la force minérale de ces océans de roches. Effrayée et subjuguée
par leur tumulte silencieux, leurs plis torturés, comme un drap froissé par une
main gigantesque.
Dans le sac de mes délices emmêlés de désir, il y a cette
pureté du ciel, et ce bleu insensé que l'on voit, incrédule, ébahi, sur les
albums d’alpinisme. Un bleu presque noir. Le blanc qui dévore l’espace et emplit
les yeux d’éclairs ophtalmiques. L'univers réduit à deux couleurs.
Les skieurs sont rares en cette hors-saison. Moi qui n’ai
connu que les files d’attente des vacances scolaires, et le chahut des pistes
surpeuplées, je les observe, étonnée : ils glissent dans la
poudreuse, petits points esseulés, comme des poissons clowns aux teintes psychédéliques noyés dans le blanc absolu. Rose indien, bleu turquoise, jaune
fluo. Le ski est un plaisir un peu suranné, en ces temps décadents que nous
vivons aujourd’hui. Les stations de ski semblent figées dans leur philosophie
des années soixante, démesures architecturales des promoteurs et culte du
plaisir de l’immédiateté sans souci des lendemains…
Même si la prolifération des barres d’immeubles a été
heureusement stoppée, au profit de constructions plus harmonieuses, les canons
à neige, les spots de nuit, les télésièges, les dameuses et les patinoires n’appartiennent plus à notre époque
où il faudrait concentrer toutes les énergies à préserver l’atmosphère et à cultiver des
légumes.
Mais foin des pensées interlopes à en perdre son latin. Goûtons la parenthèse qui chavire. Le parfum des cimes. Accoudée au balcon du studio comme si c’était la margelle de ma vie, je cueille
l’instant et profite du paysage avec cette fièvre de l’urgence qui ne me
quittera jamais. Doucement sereine. Le coeur slow.
Musique Jane Birkin
Photos personnelles.
Merci à mon ami Claude pour le coeur slow. Délicieuse expression que je lui ai empruntée sans permission.
Pour les Plumes d'Asphodèle chez Emilie, sur le thème du Carpe Diem, il fallait inclure les mots :
Photos personnelles.
Merci à mon ami Claude pour le coeur slow. Délicieuse expression que je lui ai empruntée sans permission.
Pour les Plumes d'Asphodèle chez Emilie, sur le thème du Carpe Diem, il fallait inclure les mots :
PLAISIR HASARD PROFITER CUEILLIR
AUJOURD’HUI LENDEMAIN
ROSE SEREIN
POISSON PROLIFERATION
LATIN IMMEDIATETE
MARGELLE DESIR
DECADENT DEVORE