Asphodèle nous
emmène une fois de plus dans le tourbillon de ses Plumes. Quels jolis
mots...de quoi me donner envie de revenir, lecteurs chéris. J'aime tant écrire...Merci à tous ceux qui m'ont manifesté leur inquiétude et/ou leur soutien. J'étais vraiment mal, c'est vrai...Plus le goût à rien...
Me revoilà donc. Tel le phénix qui se relève.
Belle, gardien, lapin, destin, envolée,
fermer, souffle, partage, quitter, s’abstraire, voyage, cavale, réchapper, chose,
respirer, poète, nid, rêve, vie, doux, fugue, oiseau, imaginer, balles, poudre,
bercé.
Dans un
coin de Paris, loin des boulevards qui clinquent et qui klaxonnent, il existe
un petit square de verdure et de poudre d’or. Sous les marronniers, ça sent le café grillé, la mousse, et l'asphalte mouillé. Ça sent le pauvre mais pas la misère. Pour en réchapper, dans le quartier, on s'est toujours serré les coudes. C'est un nid de drôles d'oiseaux, jeunes anars, anciens cocos. Comme une famille.
Sous les
bancs, parfois, un rat en cavale risque un museau aventureux jusque vers la
poubelle. Il sait qu’il y trouvera sa pitance à becqueter.
Sur les
bancs, verts comme de juste, les amoureux à la Doisneau, à la Brassens, usent leurs fesses depuis toujours : ça se rencontre, ça se pose
des lapins, ça s’embrasse, ça rêve, ça se chamaille. Ça se quitte. Leurs patins
riment avec destin. C’est une chose douce et fugace comme la vie.
Le gardien
du parc ferme à sept heures, été comme hiver, puis s’en va au bar-tabac du coin
refaire le monde. Tout le monde s'y retrouve au propre comme au figuré. Le rade s'appelle « Le
coin des poètes »... A côté des bouteilles il y a des livres. Beaucoup de livres. Depuis toujours le patron croit au pouvoir des livres. Au partage des mots.
Du fond de leurs
verres, pour s’abstraire de leur quotidien besogneux, ceux-là imaginent des envolées
sauvages, des fugues picaresques, de tempétueux voyages, bercés par le percolateur et son doux bruit de train en partance. Ils déclament des vers et ils s'en jettent un autre derrière la cravate, en le levant à l'amour, à la vie, au bonheur.
Ils se font
la belle dans leur tête, au-dessus du comptoir en zinc. Ils n’ont pas besoin de
respirer ni plus profond, ni plus large : l’amitié et la liberté leur font un horizon somptueux. L'amour leur ouvre les fenêtres d'un palace.
Peut-être qu'un jour, avec des balles et du feu, quelqu'un pourra semer la mort, les faire taire à tout jamais, rougir de leur sang les nappes à carreaux.
Mais le souffle vital de la poésie, lui, personne ne pourra jamais l'arrêter.