Et voilà, chère Asphodèle , tu nous as régalés avec les Plumes de l'Eté, et maintenant, il est temps de raccrocher le porte-plume...Je garderai un souvenir inoubliable de ces rendez-vous hebdomadaires...
Gens, survivre, univers, découverte, terre, partage, bonheur, macrocéphale, cultures, tour, astral, grandeur, mer, extraterrestre, envahisseur, animal, mappemonde, journal, pluriel, couleur, parallèle, fin, guerre, nymphe, néant, négliger.
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Cet été, par un temps de chaude langueur où je lézardais
mollement au bord de la mer, avec cet entrain de bulot macrocéphale et
anémique que confère l'oisiveté prolongée en position parallèle au sol, toute
velléité de bouger anéantie sous une couche d'écran total indice soixante-cinq,
j'ai longtemps regardé s'ébattre quelques jeunes gens aux couleurs assorties, purs produits de nos cultures cosmopolites, tapant chacun à son tour dans un ballon mou avec des grâces animales, poussant
des hurlements d'envahisseurs extraterrestres qui se livreraient une
guerre astrale et sans merci pour survivre dans un univers hostile avant d' être aspirés dans le néant sidéral, alors qu'ils étaient tout simplement en train de faire une partie de beach-volley, je vous le rappelle...
Et là, mue à la fois par une noire pulsion métaphysique et
une association d'idées saugrenue, et agacée par leurs cris de sauvages réduisant à néant mes espoirs de sieste, je me
suis prise à rêver d'un monde sans ados! Ah, quelle tristesse sans nom ce serait,
de rayer de la surface de la terre ces êtres délicieux pratiquant avec un
bonheur sans partage le borborygme matinal et la monosyllabe intempestive, la
moue expressive et le haussement d'épaules exaspéré, tout en déversant
dans leur journal intime une haine logorrhéique des adultes, tous devenus des
vieux cons sous leur plume intransigeante, écriture script et
points sur les i n'allant pas sans rappeler les comédons séborrhéiques dont ils sont affligés, certes moins qu'avant, grâce aux progrès certains de la cosmétique.
Comment concevoir de supprimer de la mappemonde ces êtres étranges dont la voix qui mue évoque toujours, chez les spécimens de type mâle, dans les
aigus, le doux timbre indicible du frein humide qui crisse et, dans les basses, le
grognement délicat du gnou en rut...
Comment ne pas déplorer la fin de
la mèche revenant gracilement sur l'œil (torve de préférence), du slip dépassant généreusement du jean débraillé, et de cette nouvelle prothèse prolongeant le bras de l'ado et lui servant à communiquer au moyen de Signes Méchamment Secrets?
Comment se passer de cette douce nonchalance négligée et indolente des garçons, alliant le charme et l'élégance aérienne d'un éléphant égaré dans le rayon vaisselle d'Ikea et de celle, plus affectée, des Lolitas partant à la découverte fébrile de leur séduction, cuisses de nymphes, mini-shorts et bustiers ravageurs, petits seins qui piquent et qui mordent, œillades encharbonnées par trois tonnes de mascara chouré à la supérette du coin, mines alanguies et textos sibyllins où l'on se console au féminin pluriel d'avoir peur du masculin singulier.
"-T'es trop belle!
-Nan, chuis moche, Kevin m'a même pas regardée!
-Nan, sérieux t'es trop la classe, c'est lui qui est trop moche!"
Comment se passer de cette douce nonchalance négligée et indolente des garçons, alliant le charme et l'élégance aérienne d'un éléphant égaré dans le rayon vaisselle d'Ikea et de celle, plus affectée, des Lolitas partant à la découverte fébrile de leur séduction, cuisses de nymphes, mini-shorts et bustiers ravageurs, petits seins qui piquent et qui mordent, œillades encharbonnées par trois tonnes de mascara chouré à la supérette du coin, mines alanguies et textos sibyllins où l'on se console au féminin pluriel d'avoir peur du masculin singulier.
"-T'es trop belle!
-Nan, chuis moche, Kevin m'a même pas regardée!
-Nan, sérieux t'es trop la classe, c'est lui qui est trop moche!"
Eh, les gens, sérieusement, vous voyez d'ici l'immense
perte que ce serait pour la grandeur de l'Humanité et de Facebook réunis?
Non mais allo, quoi...
Un monde sans ados ? Tout simplement inimaginable.