Je n'ai jamais su compter. J'entends par là tenir des comptes chichement. Ratiociner, pinailler , ergoter de façon mesquine. Tenir la liste des invitations, des cadeaux faits , des services rendus. La générosité, c'est justement ne pas savoir faire cela. Je me dépense sans compter depuis des années, et je n'aurais jamais eu l'idée de me transformer en apothicaire pour, justement, tenir un compte d'heures de travail précis, si mes chefs ne me l'avaient pas demandé.
Pas de pointeuse à l'école, pas de rendement, pas de cadences. Seulement des hommes et des femmes en face de leur conscience. Des fonctionnaires soucieux ou pas de l'intérêt des enfants, et de la hauteur de leur mission.
Et voilà que soudain, on nous demande de compter nos heures. Ce que nous faisons, avec plus ou moins bonne grâce. Mais nous le faisons. Les enfants travaillent moins, ne vont plus à l'école le samedi, mais les adultes doivent toujours leurs heures: pour une année, tous ces samedis matins équivalent à 108 heures précises.Nous devons ces heures à l' Administration? Pas de problème, nous les ferons. Comptons , donc.
L'ennui, c'est que nous arrivons fin mars et que les 108 heures se sont envolées depuis lurette. En réalité, ce à quoi n'avaient pas réfléchi nos supérieurs, c'est que lorsque personne ne comptait, lorsque régnait la confiance, lorsqu'un climat de suspicion ne s'était pas encore installé partout, nous en faisions certainement deux fois plus, gracieusement, au sens propre du mot, c'est à dire sans être payés. Quel ouvrier, quel employé accepterait de faire des heures supplémentaires pour les beaux yeux de son patron? C'est pourtant ce qui arrivait quotidiennement: nous n'étions pas payés pour recevoir les parents (avec ou sans rendez-vous) et les écouter patiemment une heure après la classe, pas payés pour emmener les élèves en sortie pour une journée, ou en voyage scolaire, et les surveiller pendant le repas de midi. Pas payés pour partir en classe de découverte une semaine, et pour ,24 h sur 24 , les surveiller, les soigner, les consoler, les faire manger, veiller à leur hygiène, leur chanter une berceuse et veiller sur leur sommeil. Pas payés pour attendre jusqu'à midi qu'un petit en pleurs retrouve sa maman qui l'avait oublié, parce que notre conscience nous soufflait de ne pas le laisser seul dans la rue. Pas payés pour être à l'école dix minutes plus tôt pour surveiller l'accueil, pas payés pour ranger la classe, afficher les dessins, corriger les cahiers, préparer les cours.Pas payés pour le temps du déplacement aux conférences pédagogiques, à peine indemnisés pour le carburant.
Bon j'arrête cette liste indigeste, parce que je me fais peur: je deviens une vraie comptable.Finalement, je vais peut-être suggérer l'idée d'installer une pointeuse à l'école: ce sera moins fatigant et plus ..."rentable"!
Pas de pointeuse à l'école, pas de rendement, pas de cadences. Seulement des hommes et des femmes en face de leur conscience. Des fonctionnaires soucieux ou pas de l'intérêt des enfants, et de la hauteur de leur mission.
Et voilà que soudain, on nous demande de compter nos heures. Ce que nous faisons, avec plus ou moins bonne grâce. Mais nous le faisons. Les enfants travaillent moins, ne vont plus à l'école le samedi, mais les adultes doivent toujours leurs heures: pour une année, tous ces samedis matins équivalent à 108 heures précises.Nous devons ces heures à l' Administration? Pas de problème, nous les ferons. Comptons , donc.
L'ennui, c'est que nous arrivons fin mars et que les 108 heures se sont envolées depuis lurette. En réalité, ce à quoi n'avaient pas réfléchi nos supérieurs, c'est que lorsque personne ne comptait, lorsque régnait la confiance, lorsqu'un climat de suspicion ne s'était pas encore installé partout, nous en faisions certainement deux fois plus, gracieusement, au sens propre du mot, c'est à dire sans être payés. Quel ouvrier, quel employé accepterait de faire des heures supplémentaires pour les beaux yeux de son patron? C'est pourtant ce qui arrivait quotidiennement: nous n'étions pas payés pour recevoir les parents (avec ou sans rendez-vous) et les écouter patiemment une heure après la classe, pas payés pour emmener les élèves en sortie pour une journée, ou en voyage scolaire, et les surveiller pendant le repas de midi. Pas payés pour partir en classe de découverte une semaine, et pour ,24 h sur 24 , les surveiller, les soigner, les consoler, les faire manger, veiller à leur hygiène, leur chanter une berceuse et veiller sur leur sommeil. Pas payés pour attendre jusqu'à midi qu'un petit en pleurs retrouve sa maman qui l'avait oublié, parce que notre conscience nous soufflait de ne pas le laisser seul dans la rue. Pas payés pour être à l'école dix minutes plus tôt pour surveiller l'accueil, pas payés pour ranger la classe, afficher les dessins, corriger les cahiers, préparer les cours.Pas payés pour le temps du déplacement aux conférences pédagogiques, à peine indemnisés pour le carburant.
Bon j'arrête cette liste indigeste, parce que je me fais peur: je deviens une vraie comptable.Finalement, je vais peut-être suggérer l'idée d'installer une pointeuse à l'école: ce sera moins fatigant et plus ..."rentable"!