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03 octobre 2025

Sac et ressac

 

Le coeur des Calanches de Piana






Je suis partie sur l'île de Beauté. C'était tellement beau que j'y ai laissé un bout de mon coeur. Effiloché par les Aiguilles de Bavella, engourdi par la douceur du soleil, égratigné de myrtes et d'arbousiers, épantelé par les chants corses, qui te bradassent les tripes, le soir, dans les ruelles de Bonifacio. Mon coeur a pris une vraie claque.
Avec tout ça, je me suis débloguifiée. Je n'ai pas eu envie d'écrire. Pas que je vous aie oubliés, lecteurs adorés, ça non... J'ai juste été emplie d'une langueur moite, avec ce bizarre sentiment de vibrer comme un roseau. J'étais tellement bien, là-bas, dans le silence, à contempler les villages perchés de Balagne, à marcher dans les forêts, à me baigner dans une mer chaude aux reflets turquoise et dorés. Avec des plages immenses et quasi désertes... Non, je n'exagère pas. 
Tant que tu n'as pas fait toi-même l'expérience de la Corse, tu ne sais que ce que l'on en dit.
Et on en dit, des bêtises... Mais il faut voir, toucher, sentir l'âme corse dans chaque pierre. Dans chaque rue, chaque maison. Il te faut parler avec les gens, pour qu'ils extirpent doucement du fond d'eux-mêmes ce qui fait leur particularité. Une fierté un peu farouche. Un attachement à la terre. Une rugosité cachant un coeur souvent passionné. Un profond sentiment d'îliens, le même qu'en Irlande, ou au Japon.
Et cette sensation d'être dans un pays étrange, singulier. Unique. Où jamais une seule fois je ne me suis sentie en insécurité. Au contraire, il m'a semblé que cette terre me protégeait, et me montrait un chemin nouveau vers moi-même.
Je suis partie. Je suis revenue. La vie est une vague, qui va et vient sans relâche. La lune, le sang, la mer, la sève, impriment leurs mouvements à tout ce qui est.
J'ai ressenti très fort cette fois le sac et le ressac des deux bonheurs du voyage : celui de s'éloigner, de découvrir un ailleurs, et celui de revenir, tel Ulysse, à ses racines. Riche de tout ce qui ne s'achète pas.


La marine de Bonifacio



Les Îles Sanguinaires

Ce ne sont que quelques extraits parmi des dizaines de souvenirs...

27 août 2025

Quand les ombres s'allongent







Ce matin, je me suis éveillée au chant du coq, comme tous les jours depuis que le nouveau voisin a installé son poulailler au bas de la colline. 

Contrairement à certains fâcheux qui râlent contre cette prétendue « pollution sonore »,  j'adore ce premier bonheur du jour. Ce sont les mêmes qui rouspètent après les cloches. Des grincheux qui préfèrent sans doute le doux ronron d'un aéroport ou les effluves d'une station d'essence.
On en apprend de belles sur ce volatile en musardant sur la toile. Sa symbolique, son histoire, son caractère chinois... Saviez-vous, par exemple, qu'un animal ailé fabuleux, à tête de coq et à corps de serpent, s'appelle le coquatrix ? Son prénom ne serait-il pas Bruno, par hasard ?

 Moi, ce que je sais, c'est que l'emplumé du voisin annonce le lever du soleil de manière naturelle et joyeuse. Et que ça me va bien.

Tout à coup, je réalise que cela fait dix ans que j'ai abandonné le réveille-matin quotidien. Dix ans que je fêtais ma jubilacion, avec je dois le dire, une certaine allégresse...et sans me retourner, prête pour ma nouvelle vie. Je n'ai jamais regretté d'avoir quitté le métier avant d'en être lassée. Pas un jour, dans cette décennie, où je me sois morfondue, ennuyée, pas une minute où j'aie envié ceux que j'ai laissés sur le grand bateau de la vie dite active... 
 
Fin août, les ombres des acacias et des chênes s'allongent sur l'herbe encore jaunie. La lumière prend cette teinte inimitable qui fait le bonheur des photographes et des peintres.
Les gynériums lancent leurs plumeaux vers le ciel. Septembre s'annonce.

Chaque année, à cette période, je rêvais d'une école toute fleurie de pervenches et de liserons bleus. Aux fenêtres des rideaux de mousse blanche flottaient au vent du matin. 
De petits chemins herbus serpentaient dans le jardin, et les balançoires transformaient aux récréations les enfants en métronomes.
Je rêvais que les professeurs s'appelaient Jean Rivet, Pierre Gamarra, Jacques Prévert. 
Des bouquets d'hirondelles poussaient sur les arbres de la cour, les couloirs sentaient la myrtille et la châtaigne en automne, et sur le poêle, l'hiver, chaque flaque d'eau était un bonhomme de neige évanoui. Au printemps le jasmin y embaumait.
L'été incendiait les soirs.
Sur le tableau, un coeur était tracé dans un peu de poussière de craie. Toute ma vie...
Je rêvais que les cahiers et les leçons avaient des noms étranges. 
Livre d'étoiles, cahier de bonheur simple, leçon de rosée du matin, petit carnet de résolutions courageuses, manuel de rouge aux joues.
Je rêvais en préparant mon cartable.
Je ne comptais plus mes rentrées des classes. Mais rien ne m'empêchait de compter les battements de mon coeur quand je me retrouvais pour la énième fois devant mes chers élèves.

Désormais chaque année, à cette période, j'ai une pensée pour vous. Oui vous, les « actifs ». Pour ceux dont les vacances ont passé trop vite, et qui se retrouvent dans ce vortex incroyable, ce tambour à essorage appelé rentrée des classes. Qui ne génère pas que de doux rêves, d'ailleurs...
Avez-vous toujours ce léger vertige avant le jour J, cette peur diffuse et intrinsèque qui saisit le ventre, faites-vous toujours ces « cauchemars d'école » dans lesquels le réveil ne sonne pas, vous loupez la rentrée, ou alors vous avez 52 élèves qui montent sur les tables sans qu'aucun son ne sorte de votre bouche ?
Je pense aussi à mes petites étoiles qui retournent à l'école, remplies des bonheurs de l'été, les yeux plus clairs que jamais. 
Quoi qu'il en soit, je vous souhaite la meilleure des rentrées à tous, jeunes padawans. 



09 août 2025

C'est comme ça !


« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait... »
Mark Twain







Les héro·ïne·s de mes livres d'enfance avaient un peu tou·te·s le même profil. Intelligents, raisonneurs, rebelles, courageux, obstinés, impertinents, sensibles. Allergique à l'autorité abusive de ceux qui savent mieux que les autres, en se réfugiant derrière leurs galons.
Fifi Brindacier, Fantômette, Anne avec un E, Tistou les Pouces Verts, Le Petit Prince, Zazie dans le métro, Jonathan le Goéland. Ulysse vainquant le Cyclope. Oui, à y bien réfléchir, ce sont des êtres que l'on essaie (sans succès) de faire entrer dans le rang. Des poseurs de questions, qui refusent de se soumettre à une injonction sans en comprendre le sens.
Des êtres impétueux, indignés par l'inertie de ceux qui se résignent à leur condition sans même imaginer qu'elle pourrait changer. Tel l'allumeur de réverbères, enchaîné à sa consigne, avec son encéphalogramme de moule anorexique. Réagis, bon sang !
Je réalise que, comme eux, je détestais déjà le conformisme et les idées toutes faites. Ainsi que la phrase « c'est comme ça » souvent accompagnée de son corollaire « et pas autrement ! ».
La quête de sens n'est pas une élucubration. C'est une vraie philosophie de vie. 
Dans la série des phrases urticantes que j'ai eues à me coltiner, il y a aussi le célèbre « c'est pour ton bien, tu comprendras plus tard ». Même s'il est vrai que l'on met parfois toute une vie à comprendre certaines choses, c'est quand même assez violent de s'entendre dire que « pour l'instant » l'on est trop bête. 
J'ai beaucoup travaillé à dompter ma nature sauvage, à respecter les règles quand elles ne sont pas iniques ou dépourvues de logique. A écouter la parole sage des anciens. A accepter l'inéluctable. J'ai lissé mes scories, calmé mes réparties, adouci mes jugements. Surveillé ce feu de volcan toujours prêt à se réveiller. Me prouvant que se rebeller contre le fatalisme du « c'est comme ça » commence par soi-même. Oui, on peut changer les choses, et notamment améliorer ses propres défauts, surtout s'ils nous ont fait souffrir. Non, ce n'est pas impossible. 
Mon double métier de mère et d'enseignante, me souvenant de ce que j'avais détesté, m'a permis d'éduquer les jeunes âmes dans le souci de cet équilibre subtil entre bienveillance et exigence. Je leur ai appris à ne jamais dire « c'est comme ça » avant d'être bien sûr que ça ne peut être autrement. Oh, j'ai bien dû dire quelquefois : « C'est comme ça, et pas autrement !!! » sur le ton de la daronne à bout d'arguments, c'est humain. On n'est pas le dalaï lama, non plus... Mais dans l'ensemble, j'ai rarement dû avoir recours à l'autoritarisme.
Je leur ai appris à obéir et aussi à désobéir. A croire en des valeurs et aussi à être sceptiques en ne gobant pas tout. Je leur ai appris « mon » sens de la vie. Ce qu'ils en feront leur appartient.






19 juillet 2025

La pluie, l'été.





L'herbe jaunit et verdit au fil des saisons, dans mon pays du sud. Depuis juin, la prairie sur la colline ressemble à la savane. Il ne manque plus qu'un lion.  Les pluies d'été sont si rares, ici, on se croirait sur le Garlaban, dans une de ces garrigues si bien écrites par Pagnol. 
Aujourd’hui, ça giscle, Papet ! Oui l'eau est précieuse ici. Et la chaleur étouffante d'hier a fait place à un air rafraîchissant qui descend de la montagne toute proche. La maison a ouvert ses paupières qu'elle tenait fermées pour se protéger de l'ardeur du soleil. Les fleurs frémissent sous les gouttes comme des poupées coquettes devant leur miroir. L'odeur du pétrichor envahit mes narines.
Je vais monter chercher un pull, j'ai presque froid...
Le ciel noir d'encre va décharger son électricité sur quelque pin tordu qui finira sa vie en apothéose. Dieu joue à la pétanque. Ô, Marcel ! Tu tires ou tu pointes ?
Bref, l'orage a ramené votre Célestine vers vous, lecteurs adorés. 
Depuis mon dernier billet, en juin, je me suis adonnée à mes activités favorites avec une certaine jubilation. En premier lieu, observer les gens. Leurs particularités, leur prodigieuse diversité. 


Zélie, Carla, Manon, Louise, Maiwenn, Poppée,
telles des Parques sur l'Acropole...
 




Une semaine à la mer avec six jeunes filles de seize ans est à ce titre riche d'enseignements ! 
Un véritable bain de jouvence, et une mine d'informations en direct live, bien plus fiable que toutes les revues ou essais traitant de cette engeance fascinante : les ados. Malgré tout ce que l'on peut en dire (souvent en négatif, d'ailleurs) les jeunes, pour peu que l'on s'intéresse à eux, et que l'on respecte leur singularité,  sont avides d'apprendre, d'écouter, de comprendre. 
Et savent lâcher de temps en temps leur prothèse de main... euh... leur portable. Pour apprécier un lever de lune sur la mer. Ah, ça m'a fait un bien fou, de revoir cette flamme dans des regards qui pétillent. Cet éclair que j'ai cherché toute ma vie dans les yeux des enfants, c'était mon Graal.
Après la mer, la montagne, une cousinade au coeur des monts d'Ardèche, belle bâtisse de pierre au bord d'une rivière argentée. Trois jours pour, là encore, observer les gens. Discuter avec eux pour pénétrer cette barrière molle des conventions, des paroles toutes faites, et aller creuser dans leur substrat intime. Ce qui les meut. Ce qui les rend vivants. Passionnante aventure. Regarder cohabiter pendant trois jours des vegans et des viandards, des enfants et des vénérables, des joyeux et des taciturnes, des qui croient au ciel et des qui n'y croient pas. Rassemblés dimanche matin dans un temple autour d'une pasteure remarquable, qui parlait de pierres vivantes. 
C'était beau et chargé de symboles.

Les tritomas 



Ma deuxième activité favorite : embellir la vie. Apporter ma touche d'étincelles. Retrouver le jardin, lui rendre sa magnificence, contempler la fontaine, les pigeons ramiers, les rouge-queues, les écureuils, tout ce petit monde familier qui enjolive la maison de la colline. Ranger cinq stères de bois pour l'hiver, et s'écraser l'ongle du pouce. Le regarder prendre une jolie teinte bleu sombre.

Gédéon l'écureuil
sur une des branches du grand chêne




Photographier le chêne mois après mois. Parler aux tritomas, aux coreopsis et les féliciter pour leur bonne mine. Arranger, décorer la maison. Inviter les voisins sous les étoiles, préparer des brochettes de fruits, dresser de jolies tables en harmonie. Boire du vin rosé et humer le jardin d'aromates, menthe, sauge, romarin, thym, origan, verveine, tous les parfums de l'été. Ou décider impromptu d'aller manger en ville, sous les tonnelles de la place du marché.

Et enfin, dernière activité, mais non la moindre, profiter, et sublimer chaque instant en se disant que c'est le plus beau de la journée. Lire, jouer du piano, flâner, s'aimer. Sentir s'étirer le temps sans que rien ne nous oblige. L'été, quoi.


Le chêne ce matin, avant la pluie



24 juin 2025

L'espérance follement réaliste


L'un de vous m'a remis en mémoire un texte que j'avais commis il y a presque dix ans. 
« Comment je pense à demain », sur une consigne de Queneau et ses 366 réels.
Rien n'a changé : il y a toujours deux façons de penser à demain. Au propre et au figuré. 
Demain, dans vingt quatre heures, je vais partir voir mes petites étoiles qui me manquent, mes Angevines. Demain soir elles seront dans mes bras. J'en suis sûre et pourtant, il y a une infime possibilité que cela n'arrive pas... Mais je vois déjà les superstitieux jeter du sel par dessus leur épaule tout en touchant le faux bois de leur table ikéa. On ne peut jamais rien dire de demain. Et cette incertitude est le sel de la vie.
Alors le grand demain... le Futur de l'humanité...Ce flou nébuleux que l'on appelle l'avenir. Ce qui est à venir. Ce qui arrivera. Ce qui n'arrivera pas. Ce mystère aussi épais qu'un dictionnaire en dix volumes. Qui peut en parler, honnêtement ?
Comme je le disais, on ne peut que supputer.
Soyons réaliste. Le pire est possible. Il est même probable. Les agités du bulbe rachidien qui jouent aux soldats de plomb avec nos vies n'en ont rien à carrer. Ils se trumpent, de toute évidence. Mais se croient au-dessus des lois mystérieuses de l'univers. Chétifs insectes, pauvres excréments de la terre...
Se préparer au pire en tremblant et en érigeant des murs n'est pas forcément très constructif. Mais si cela consiste à renforcer en soi les graines de courage, de résilience, de paix, d'ouverture, de solidarité, c'est faire de son mieux : ce sont ces graines-là qui aident à rester debout dans les tempêtes.
Renforcer en soi l'admiration des belles choses, le respect, la gratitude, le contentement. C'est notre potentiel d'êtres pensants. 
Cultiver en soi l'humilité et la fierté, l'espoir et la vigilance, le rêve et le réalisme, le coeur et la raison. Toutes ces choses en apparence contradictoires, mais qui sont les tenons et les mortaises de tout ce qui s'élève vers le haut, défiant les lois de l'équilibre et les rouages de la peur. 
En plantant mon olivier, il y a deux ans, je semais cette graine d'espérance follement réaliste dont parlait Alain. Pas le philosophe, non. 
AlainX, mon ami blogueur au discernement si fin, si juste.
Mon olivier va bien. Je vais bien. Le monde est rond et bleu comme une orange.
Jusqu'à quand ? On s'en fout, finalement.

Mon olivier en 2023

Mon olivier en 2025


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A Alain.
A Daniel.
A tous ceux qui s'assoient sur le rebord du monde en égrenant des arpèges.






12 juin 2025

Côte ouest

 





Je suis passée à l'Ouest un certain temps. J'étais bien, face aux flots de l'océan, baignant l'immense Golfe de Gascogne dans toute sa diversité de paysages. Vous savez bien ce que j'aime : le bruit des vagues se brisant sur les récifs, les phares, les ports à marée basse, l'odeur de l'iode et le cri des goélands. Tout cela me rend vivante, absolument.
Mais j'ai aimé aussi rencontrer les marcheurs de Compostelle à Roncevaux, là où la brume noie les contreforts des Pyrénées dans une ouate humide d'où émergent les sapins, comme de petits fantômes au garde-à-vous. Les pèlerins sous leurs pèlerines, taches multicolores sur le vert sombre.
Le Pays Basque m'a enchantée : dire que je ne connaissais pas Biarritz, ni Hendaye, ni Saint Jean de Luz... J'ai adoré le ballet des surfeurs sur les crêtes liquides frangées d'écume. C'était beau. La lumière du soir. Manger au bord de l'eau. Me sentir en vacances, déconnectée. Ravie. 
J'ai discuté avec un professeur de pelote basque, devant un de ces magnifiques frontons qui ornent les villes de cet étrange pays, à l'identité aussi forte que la Catalogne. Passionné de son art, le gars. Il nous a tout montré dans son estancot, les chistera en osier, les balles lourdes et denses comme des pierres, les tenues des pelotaris, les gants, les paletas.
Et si on sautait la frontière et poussait jusqu'à Bilbao, pour voir le formidable musée Guggenheim et ses volumes démesurés ?  Ce qu'il y a de bien, dans les roads trips, c'est le côté improvisation. On a envie d'aller là, on y va. 
Parfois, improviser joue des tours : impossible d'entrer dans le célèbre monastère de San Juan de Gastelugatxe. Il fallait prendre ses billets sur internet deux semaines à l'avance... On s'est contenté de le voir de haut, perché sur son minuscule îlot cerné de bleu.
De là, un crochet par Guernica, tristement célèbre par le carnage immortalisé par Picasso et Paul Eluard. A Lekeitio, à Bermeo, à Bernado, des ruelles, des bar à tapas animés, la vie espagnole comme on l'aime. Les formidables salines d'Añana, où l'on peut patauger dans l'eau saumâtre au sens premier du terme.
A Pampelune, l'hôtel dominait la ville, c'était divin. Le toro y est roi. Arènes, statues, boutiques, tout parle des abrivados, ces lâchers de taureaux dans les rues de la ville, qui ne sont pas des vachettes inoffensives comme on pourrait le croire...
Puis retour avec une escale à Dax, dans une ambiance de ville thermale du début du vingtième siècle, et une autre à l'île d'Oléron. Les maisons colorées du Château d'Oleron valent vraiment le détour. Ainsi que le phare de Chassiron. 
Un bol de découvertes et d'air marin qui m'a requinqué les neurones.

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Biarritz, la grande plage



La Côte basque sauvage





Un professeur de pelote basque, passionné.

               

Une maison typique

Une touriste ravie à Irun

Bilbao

Les fantastiques sculptures d'acier de Richard Serra à Guggenheim

La demesure digitale et numérique

Un oeuf Kinder géant ;-)

Des tulipes impressionnantes

Le monastère de Gaztelugatxe

Une ruelle à Bermeo

Sur la plage de Lekeitio

Les salines d'Añana

La ville forte de Bernedo



Les fameux bocadillos

Donne moi ta main... euh... ton bras !

Des pèlerins à Roncevaux

Compostelle, c'est par là !



Un monument dédié aux courageux amateurs d'abrivados

Et un hommage aux marcheurs de Compostelle


Le style Arts Déco de l'hôtel Splendid à Dax.


Sur le port de Blaye, non loin des fameuses « Côtes »...

Les reines de l'île, comme à Ré.

Le port de Saint Pierre

Le Phare de Saint Pierre

...et celui de Chassiron, à la pointe de l'île.





La plage de cairns à Saint Denis, dont le conseil
municipal a décidé la démolition... Dommage !

Moules frites à Saint Georges

Les maisons de pêcheurs à Château d'Oleron.

C'est tout pour aujourd'hui. 😉






25 mai 2025

Le bonheur du linge












Le linge frais, éclatant, celui que les lavandières étalaient à même l'herbe, en prenant bien garde de ne pas frotter le tissu : les taches vertes sont si récalcitrantes au savon... Aux temps anciens, on étendait le linge, littéralement, le mot est resté, même si l'invention de l'épingle à linge a changé les habitudes.
Un étendoir balançant doucement le linge au vent et au soleil, c'est beau comme un film italien. Et étendre le linge à deux, oser mélanger pour une fois les torchons et les serviettes, se chercher, se trouver, braver les interdits... c'est la magie cachée de la pince à linge.
Qui dira l'érotisme subtil de ce jeu de cache-cache à travers les draps humides ? Un jeu vertical, prélude sans nul doute à d'autres jeux plus horizontaux. 
Une silhouette nue derrière une nappe à carreaux vichy et l'on devient Bardot et sa croupe incendiaire, zieutée par un Curt Jurgens cramé de désir. 
Un soutien-gorge en satin rose et l'on est Magnani. Belluci. Cardinale. Héroïne fellinienne de la lessive Plouf.
Les draps sont les rideaux d'un théâtre d'ombres derrière lesquels se jouent l'amour et le hasard. Leur odeur de verveine ou de lin bleu enflamme les sens, enivre le corps qui se met à battre la campagne. Rien de plus suggestif qu'un triangle de dentelle ensouplinée qui oscille sur son fil sous la brise d'un matin de mai.
D'ailleurs, en parlant de campagne, voilà un plaisir que les pauvres citadins, condamnés au « tancarville » ou à l'affreux sèche-linge qui roule les fringues en boule ont le droit de ne pas connaître. Sauf peut-être dans les villes du sud, où le linge pavoise les rues en oriflammes grâce à un système ingénieux de fils et de poulies. On en revient à l'Italie. On ne quitte pas l'Italie. Ma mère ne reniait pas ses origines. Santa madre ! « Le linge, ça sèche à l'air sinon ça pue » ! Elle n'y allait pas par quatre chemins, la madre. Elle étendait dehors, tout le temps, et l'hiver, le gel rendait parfois les vêtements durs comme du bois et friables comme du verre. Nos chemises étaient en carton, ourlées de givre, ça nous faisait rire. 
Elle les rangeait dans l'armoire dédiée avec de petits sacs de lavande. Elle repassait tout, même les gants de toilette. Je suis moins assidue au fer.
Mais d'elle, j'ai hérité ce goût pour la lessive qui sèche à l'air. Et pour la délicieuse odeur du linge de maison impeccable.
 Quant à l'érotisme de l'étendage, je crois qu'elle se serait signée en levant les yeux au ciel à la lecture de mes billevesées... Alors que mon père, bien qu'il fût imberbe,  aurait frisé sa moustache. 

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