Maman est sortie dans le jardin. Tôt le matin. On est quelque chose comme début mars. A la montagne. Sur le gravier du parc, s'accrochent encore ça et là des croûtes de neige translucide qui n'ont pas fondu. Dans les zones d'ombre. Celles que le soleil ne parvient pas encore à atteindre Mais les crocus pointent leurs corolles violettes hors de la terre noire, vers les premiers rayons pâlichons de la fin d'hiver. Maman est sortie respirer l'air du matin, ou peut-être cueillir quelques fleurs.
Je suis restée dans la maison, une de ces vastes demeures construites au XIX° siècle par les Barcelonnettes, ces colons partis faire fortune au Mexique. J'ai trois ans. Je joue à la poupée. Soudain, un claquement bref me fait sursauter. La porte de l'entrée s'est brusquement refermée, mue par un courant d'air intempestif.
Maman accourt, juste assez vite pour constater qu'elle s'est "fermée dehors" par imprudence. C'est une de ces vieilles portes en chêne qui pèsent deux tonnes, et dont le mécanisme d'ouverture est bien compliqué. Le choc a décroché le loquet: ma mère tourne la poignée dans le vide. Dans ces cas-là, on ne peut ouvrir qu'en tournant la clé dans la serrure. Elle m'appelle avec une voix qu'elle s'efforce de calmer. Mais au fond d'elle-même elle doit paniquer.
-Va chercher la clé dans la cuisine! Elle est pendue au clou.
Je pleure. Je veux sortir, je lui dis que je veux sortir.Je veux maman!
-Va chercher la clé, chérie. La clé!
Je pars en pleurant dans la cuisine. Mais le clou me semble à trois mètres du sol.
Je retourne dire à maman que je ne peux pas attraper la clé.
-Prends une chaise, chérie, monte sur la chaise.
Je repars. La chaise n'est pas assez haute. Je retourne en pleurant toujours lui dire que la chaise ne suffit pas. Elle me dit de poser sur la chaise le petit tabouret. Elle doit imaginer le pire en pensant à sa petite fille perchée sur son échafaudage de fortune. Cette fois, j'arrive à décrocher la clé. Je ris à travers mes larmes, pauvre petite chose, je crois serrer un trophée. Je viens d'inventer Fort boyard.
Je redescends précautionneusement. Je reviens vers l'entrée.
Je redescends précautionneusement. Je reviens vers l'entrée.
-Ça y est, maman, j'ai la clé.
-Mets-la dans la serrure,chérie.
Je n'y arrive pas. La serrure est trop haute. Je retourne chercher la chaise dans la cuisine.
Après un ou deux essais laborieux, du fait de mes mains fébriles et des larmes qui me brouillent la vue, la clé entre dans la serrure. Mais je ne parviens pas à la tourner, c'est bien trop dur pour mes petits doigts. Je pleure de plus belle, je panique. Je veux sortir, je ne veux pas rester enfermée toute seule dans cette immense demeure.
Maman a fait le tour de la maison.Malheureusement, tous les volets du rez de chaussée sont encore fermés. Elle revient me dire derrière la porte qu'elle m'aime, et qu'elle va aller chercher un monsieur qui va ouvrir la porte.
-Reste bien sage. Attends-moi!
Je me mets à hurler, je ne veux pas rester seule, je pousse des cris de cochon qu'on égorge. Les voisins doivent se demander ce qui m'arrive... Et là, je ne sais pas comment, la peur décuple mes forces. En tremblant, le visage rouge et les mâchoires serrées, avec l'air résolu d'un gladiateur plantant son glaive dans le coeur d'un lion, je parviens à deux mains à tourner la clé dans la serrure et la porte s'ouvre... Maman!!!!
***
Cette scène de cauchemar est longtemps venue hanter mes nuits. Par bribes. Jusqu'à ce que le souvenir m'en soit revenu d'un coup. J'ai compris d'où me venait mon dégoût obsessionnel des clés, le rapport très conflictuel que j'entretiens avec ces objets hautement symboliques en général, et mon trousseau en particulier, que j'égare régulièrement, et le fait que je déteste plus que tout qu'une porte soit fermée, ou que de me sentir prisonnière quelque part .
Nos terreurs d'enfance sont le terreau qui nourrit nos phobies d'adultes.
Nos terreurs d'enfance sont le terreau qui nourrit nos phobies d'adultes.
Il y a encore du taf pour les psys...
Le coeur de la maman devait battre aussi vite que celui de sa fille. J'imagine tous les sénarii catastrophes qui défilent dans sa tête ... C'est malgré tout une très jolie histoire... et un gros manque à gagner pour la corporation des psys. Mais où va la profession Madame si les patients se guérissent eux-mêmes ;-).
RépondreSupprimerC'est donc pour ça que tu as voulu grandir, grandir, grandir au point d'être un point de visée dans les foules compacts... Pour ne plus avoir besoin de mettre le petit tabouret sur la chaise:-)
Finalement, la phobie des portes closes est moins pire que le vertige.
Baci
Blutchiamo
Je n'avais jamais réalisé que ma grande taille avait peut être un lien avec cette mésaventure. Je dois reconnaître que ça se tient comme explication, je dirais même que ça à de la gueule. Les pays ont vraiment du mouron à se faire, si les blogueurs se mettent à se psychanalyser les uns les autres...
SupprimerC'est donc ça, la clé des songes ? :~)
RépondreSupprimerBelle frayeur, je comprends que ça laisse des traces durables...
Une scène vécue réellement comme un cauchemar. Mon premier souvenir, en fait.
SupprimerEt oui, on s'y laisse facilement prendre.... Belle journée bises
RépondreSupprimerVeux-tu dire que tu t'es laissé prendre à mon histoire?
SupprimerBien, c'est parfait: tu t'es auto-psyée ;)
RépondreSupprimerTu as la CLE de l'énigme !!
J'adore quand tu crées des néologismes: auto-psyée, c'est fort!
SupprimerEtrange, ce marin j'ai introduit un objet raide dans une fente récalcitrante...et tu sais quoi, l'objet raide à rendu l'âme...il n'était rien devant cette fente récalcitrante.
RépondreSupprimerJe n'ai pas réinventé Fort Bayard, mais j'ai cassé une clé dans une serrure...bouh.
Me sentir prisonnier d'une cellule me rendrait je crois totalement fou.
Rôôô! envisagé ainsi, c'est chaud de mettre la clé dans la serrure!
SupprimerAh, toi aussi tu es claustrophobe?
Y a toujours du taf pour les psys, et s'il n'y en a pas, ils en inventent ;-)
RépondreSupprimerCertains disent même qu'ils sont plus malades que leurs patients...mais ce sont des mauvaises langues qui l'affirment.
Supprimer
RépondreSupprimerTrès bien conté ! J'aime beaucoup ce billet.
Ceci dit je ne crois pas une seconde à cette "théorie" qui prétend que cet épisode particulier t'ait influencé dans ton rapport aux clés.
Ça révèle simplement que tu étais déjà très émotive étant enfant ! Ce que tu es restée à certains égards ! ;-)
Et ça ne t'étonnera pas que je me moque de toutes ces théories psychanalytiques à deux balles. ;-)
Eh bien moi j'y crois, cher Cédric, mais il est de bon ton de décrier Freud, de nos jours, après l'avoir trop sacralisé.
SupprimerÇa n'enlève rien au fait que l'émotivité est une de mes constantes:je suis remarquablement fidèle à moi-même depuis l'âge de trois ans...même si j'ai fait quelque progrès dans la résolution des problèmes du quotidien.
SupprimerJe ne crois pas que tu y crois. ;-)
( Et je me fous, évidemment tu t'en doutes, de ce qu'il est "de bon ton" ou non de faire ou de dire... même si j'étais seul face à sept milliards de "freudiens", je dirai ce que j'entends en moi... )
J'avais dit ça juste pour que tu reviennes... ;-)
SupprimerDu Hitchcock bon crû ! Les clefs ne servent à rien effectivement, à part bien sûr la clef de SOL et sa copine la clef de FA ];-D
RépondreSupprimerOui ce sont réellement les deux clés que je préfère...sans oublier la clé d'ut, nom d'une flûte!
SupprimerTon histoire me rappelle ce qui était arrivé à mon petit frère lorsqu'il devait avoir 3 ans (et moi 9). Il s'était enfermé dans sa chambre et ne parvenait plus à ouvrir la porte. Je me souviens que mes parents avaient essayé, comme ta maman, de lui faire réouvrir la porte mais il n'y parvenait pas. Heureusement sa chambre donnait sur une terrasse et mon père avait réussi en montant sur celle-ci à l'aide d'une échelle à entrer dans la chambre! Tiens il faudra que je lui demande s'il s'en souvient:-)!
RépondreSupprimerJe me demande ce qui se serait passé si je n'avais pas réussi à ouvrir la porte...
SupprimerQuant à ton petit frère, il est possible qu'il ne s'en souvienne plus. Moi même j'ai mis si longtemps à retrouver ce souvenir!
Effectivement je lui ai posé la question aujourd'hui et il ne s'en souvient pas!
SupprimerC'est marrant, ce matin en allant au travail, j'ai croisé un stagiaire vietnamien dans le bus. Alors que cela ne m'arrive jamais dans ce contexte, il m'a dit : "j'ai un livre pour vous". C'était "le bruit des clefs" d'Anne Goscinny .. :) en feuilletant le livre, je pense comprendre qu'il s'agit d'un bruit manquant après la mort de son père..
RépondreSupprimersinon.. cela me rappelle un épisode de mon enfance. Quand j'avais 5 ans, ma soeur m'avait enfermée dans le poulailler de mes grands parents. Elle me narguait à travers la minuscule vitre. Je n'avais rien trouvé de mieux que de casser avec mon poing la vitre, persuadée de pouvoir m'échapper par là !:p sur le coup, ma soeur estomaquée, m'avait ouvert la porte, j'avais les phalanges ensanglantées et c'est moi qui me suis fait rouspetée of course !:))
La clé est, comme je le dis dans le billet, un objet hautement symbolique...et n'en déplaise à mon ami Cédric, la psychanalyse ne dit pas que des bêtises quand elle s'intéresse à la symbolique des choses.
SupprimerJe n'ai pas entendu parler du livre d'Anne Goscinny, est-ce que tu sais pourquoi ton stagiaire te l'a offert? ce serait intéressant de le savoir...
Ouh le stress ! Je racontais à ma filleule - qui n'arrivait pas à ranimer le moindre souvenir de sa maman, décédée quand elle avait 3 ans - que les seuls souvenirs que l'on a de cet âge-là sont les souvenirs liés à un stress. Avec exemple à l'appui.
RépondreSupprimerDans ton cas, c'est exactement ça ! Au point d'en avoir fait des cauchemars récurrents. La seule fois où je me suis retrouvée enfermée, c'est dans les toilettes d'un théâtre. Poignée cassée à l'intérieur. Je te dis pas le chic: "Y'a quelqu'un qui peut m'ouvrir ? Je suis dans la toilette tout au fond....." Glamour !
Très chic, effectivement! mais l'endroit où l'on risque le plus de se retrouver enfermé dans un espace réduit, pour la simple raison que nous nous enfermons rarement dans un si petit espace à part celui-là...Tu as donc été victime des statistiques...
Supprimer@ Myosotis
SupprimerMes deux plus vieux souvenirs ( 1 1/2 et 2 ans) ne sont pas liés à un stress, mais à la gourmandise et l'affirmation de soi. Ils ne tiennent pas non plus de la mémoire familiale, puisque je les avais rappelé à ma mère, avec force détails.
Bises
D'accord avec Blutch, mes plus vieux souvenirs sont plutôt de bonheur, bien qu'indirectement liés à un stress puisque j'ai eu très tôt le sentiment aigu d'avoir échappé à la mort, et donc développé par contre coup une passion pour la vie, pétrie d'intensité dans l' "ici et maintenant".
SupprimerJ'ai la même passion pour la vie...mais je pense que tu t'en étais aperçu, il n'y a pas de hasard...
SupprimerEn tous cas, Blutchiamo et toi me faites prendre conscience qu'une des leçons que cet événement a du imprimer en moi durablement, c'est que la force des émotions soulève des montagnes...
... et forge les caractères :-)
SupprimerC'est le levain de la personnalité.
L'éducation et l'instruction façonnent une personne qui restera insipide si elle n'est pas confrontée à des émotions.
Pour ce qui est de l'inconscient, je suis plusss convaincu par Jung que par Freud.
Baci
Blutchiamo
Oh alors je ne dois pas être trop insipide... ;-)
SupprimerCabotine :-D
SupprimerCarrément! et pis d'abord, c'est chez moi, j'ai le droit! voila.
SupprimerMon neveu, (à 2 ans) s'est un jour enfermé dans la voiture en jouant avec les clés de sa mère, depuis son siège auto !!!
RépondreSupprimerIl était content de lui... mais sa mère n'en menait pas large !!! :-))
Ce doit être difficile, pour une maman, de faire semblant d'être calme alors qu'on bout à l'intérieur !!!
Mais j'ai une question : tu t'en souviens pour de vrai ou c'est de la "mémoire familiale" ? Je me pose toujours la question pour mes souvenirs d'enfance !!!
Non pas de mémoire familiale dans mon cas: ce souvenir, je l'ai retrouvé au terme d'une longue recherche par rapport à ce cauchemar que je faisais...le souvenir m'est vraiment revenu tout d'un coup. Je ne sais même pas si ma mère s'en souvient...Cela dit, mon interprétation par rapport aux clés est parfaitement personnelle, aucun psy ne m'a jamais dit que les deux événements étaient liées. Ce qui ne m'empêche pas de penser que je suis dans le vrai.
Supprimeroh si elle s'en souvient !! pour me l'avoir raconter des dizaines de fois comme sait si bien le faire notre petite maman lors des grandes soirées d'hiver , et je peux te dire qu'elle était fière de sa petite fille d'avoir réussi malgré son jeune age à aller chercher la clé et de grimper sur le petit tabouret et enfin arriver à tourner la clé dans la serrure , tu ne pas savoir comme je suis émue de lire cette histoire racontée avec tes jolis mots plein de poésie , même quand c'est un souvenir pas très rigolo ! je te souhaite un bon week end ma grande sœur ! plein de doux bisous ,
SupprimerEh bien tu vois, je ne savais pas qu'elle s'en souvenait...merci petit soleil pour ton commentaire très émouvant.
Supprimersi tu avais eu ton I phone t'aurais pu m'appeler je serais venu ! je serai passé par la cheminée , j'aurai grimpé sur ton épaule et deux temps deux mouvement je l'aurai ouverte la porte !!!
RépondreSupprimerj'ai oublié des "s" !!!
SupprimerEn voilà une que je reconnais bien là!
SupprimerMort de rire!
SupprimerBen voui, on ne se refait pas...
Freud disait que l'inconscient était la partie immergée de l'iceberg.
RépondreSupprimerOh combien de temps j'ai passé la tête sous l'eau à tenter d'entrevoir ce qui avait failli me noyer.
Il parlait aussi de la souffrance comme réminiscence: souffrir de ses souvenirs !
Une phobie, une dépression, des angoisses ne sont que des émotions anciennes.
Je suis adepte de ceux qui nous rendent la liberté, je remercie ici http://gareoloulougarou.canalblog.com/ celui qui est allé chercher cette petite fille entêtée, coléreuse, j'aime celui qui l'a prise sur les genoux, lui a passé la main dans les cheveux, lui a dit que derrière cette colère il y avait du gros chagrin.
Elle avait tellement peur de pleurer et de mourir. Elle a fini par les verser ses larmes empoisonnées,elle a fini par accepter ce chagrin.
J'ai eu de la peine pour la petite fille que je fus. Lui et moi, nous l'avons soignée cette fillette blessée.
Maintenant elle est guérie. Presque. Elle savait bien que le bonheur existait, elle l'avait lu dans les livres. Maintenant elle est instit. La petite fille qu'elle fut est très copine avec ses élèves, elle lui révèle les mystères de l'enfance, elle entend les mots invisibles. Elle sait que Marysa a crié et bousculé sa table en classe parce que se cache en son cœur un chagrin qui n'a pas trouvé ses mots.
Alors oui, la maîtresse est convaincue qu'il y a du taf pour les psy...
Merveilleux, mélodie, comme tu exprimes bien ce que je pense au fond de moi.
SupprimerJe me suis prise dans les bras, moi aussi, et je câline depuis la petite fille en moi, a travers chacun de mes élèves....c'est exactement cela que je n'ai pu me résigner à abandonner quand il m'a fallu choisir la semaine dernière...c'est un peu comme si j'avais laissé tomber cette petite fille sur le bord du chemin. Et cela,c'etait juste impossible...merci pour tes mots pansements.
J'ai vécu la même chose à l'envers lorsque ma petite fille s'était enfermée dans les toilettes. Elle ne parvenait pas à tourner le verrou dans le sens de l'ouverture. J'ai démonté la serrure mais impossible de manœuvrer le tourne vis dans le bon sens avec mon poignet handicapé! J'ai appelé mon voisin tandis que ma petite Lelia commençait à pleurer sérieusement et là, miracle, j'ai réussi!!
RépondreSupprimerC'est étrange cette angoisse qui monte chaque fois que l'on se sent fermé quelque part...Sans doute, la liberté est-elle le bien le plus précieux.
SupprimerPourtant, rationnellement, on devrait se rassurer, en se disant que personne n'est jamais mort enfermé à jamais dans des toilettes... ;-)
La petite Lelia à dû avoir bien peur, et toi aussi...
Quel souvenir !
RépondreSupprimerNul doute, en effet, qu'il a des conséquences sur ta vie, encore aujourd'hui.
D'ailleurs, il me rappelle un souvenir d'enfance bien différent mais en rapport avec une clé, une porte et une chaise :
A la naissance de ma seconde soeur, j'ai gagné un séjour chez mes grands-parents paternels, à la ferme. Aussi, le premier soir, sans doute, le temps de la traite des vache, je me suis retrouvée enfermée, seule dans la maison... et j'ai paniqué. J'ai dû pleurer et je ne me souviens pas comment cela s'est terminé. Je me souviens seulement d'avoir passé un moment debout, sur une chaise pour regarder derrière la porte.
Ce fut mon premier et dernier séjour chez eux, sans mes parents... alors que j'ai passé des semaines entières chez mes autres grands-parents : là-bas, nous n'étions jamais seuls et encore moins enfermés !
Je suis très étonnée que tant de commentateurs se rappellent des souvenirs analogues...Peut-être que Lewis Caroll lui même a vécu ce genre d'angoisse qui lui aurait inspiré certaines scènes "clés" d'Alice...
SupprimerPasse un doux week-end
Oui, c'est fou, je pensais être seule avec ce type de souvenir...
SupprimerPossible aussi qu'il en soit de même pour Lewis Caroll !
Pour le we, il a commencé sous le signe de la lecture... en mettant le cap vers un salon du livre. De belles rencontres et retrouvailles !
Et ce dimanche, la douceur est apportée par la couverture dans laquelle je suis blottie... pour le reste, c'est grisaille humide dehors qui me mine et tentative de "remplissage" de livrets scolaires dedans. Vraiment, j'aime pas cette tâche !
Je te souhaite un agréable dimanche.
Je dispense mes collègues de cette tâche ingrate, arguant du fait qu'aucun texte ne nous y oblige formellement...La liberté pédagogique, en revanche, est inscrite au fronton de l'école comme un gage de qualité."C'est un grand agrément que la diversité, Nous sommes bien comme nous sommes, Donnez le même esprit aux hommes, vous ôtez tout le sel de la société. L'ennui naquit un jour de l'uniformité..."
SupprimerMais qui lit encore les fables de Houdar de La Motte?
Si j'ai bien compris, pas de livrets scolaires, chez vous ? Vraiment ?
SupprimerY a une place pour moi ?
Tu viens quand tu veux...
SupprimerUn tag chez moi ... t'es cap ?
RépondreSupprimerHe hé ! Faut voir!
SupprimerLa même aventure est arrivée avec ma fille au même âge. Sauf qu'elle avait fermé avec le verrou et ne savait plus ouvrir. C'était à la porte arrière. J'ai pu ouvrir la fenêtre de la façade avant, mais les barreaux empêchaient le passage d'un adulte. Finalement c'est la fille des voisins (6 ans) qui a arrangé le problème. HenriD.
RépondreSupprimerCher Henri c'est toujours un plaisir de vous voir ici. Et comment la fille des voisins s'y est-elle prise? A-t-elle réussie à passer à travers les barreaux?
SupprimerUne splendide historiette tellement chargée d'émotions... oh que je comprends ta force soudaine, née de la peur... et ta phobie des clés par la suite!
RépondreSupprimerJe crois que quelque part, quelques dizaines d'années plus tard, cette rage volontaire ne m'a jamais fait faux bond dans les moments difficiles. La force de mes émotions m'ouvre toutes les portes depuis toujours.
SupprimerMerci pour la "splendide historiette".
Baci bella ragazza.
Ta mere ce jour là t'as apportée deux choses essentielles il me semble, la réassurance et la confiance , témoignages d'amour qu'on a pas tous eux le bonheur d'expérimenter (sans faire dans le scregneugneu, c'est un constat) . C'est très une belle histoire en fin de compte. Et oh que oui les psy ont du taf.
RépondreSupprimerJe reconnais que là encore j'ai eu beaucoup de chance. J'´ai grandi dans l'amour et la confiance. Je suis bien placée pour dire que tous les enfants ne peuvent pas en dire autant...merci ma grande bulle de ton passage.
SupprimerLes enfants ont des ressources incroyables. Tu étais déjà bien raisonnable, à 3 ans, Célestine.
RépondreSupprimerEt ta Maman croyait en toi. C'est une belle leçon d'amour.
Les histoires de clés c'est terrible et c'est souvent un cauchemar quand ça arrive.
Bon dimanche et gros bisous d'O.
Raisonnable? Oui,sans doute...Je le suis parfois beaucoup moins maintenant mais ça, c'est une autre histoire. En tous cas, tu as raison, les histoires de clés ont toujours une haute charge symbolique.Bon dimanche , ma Soene.
SupprimerTu vois Célestine, ta clé a ouvert les portes de bien des souvenirs, tu sembles t'en étonner. J'ai moi aussi dans ma mémoire une histoire de clé et de petits enfants, qui bien évidemment a resurgi à la lecture de ton article. Avec tout son cortège d'émotions, que je n'ai pas bien gérées puisque cette évocation me reste désagréable, après 40 ans ! Finalement, un blog, n'est-ce pas cela avant tout ? Quelle résonnance a pour moi, ce que j'y lis ? Occasion de me retourner sur un vécu, d'y réfléchir, de fermer des portes que je ne voulais plus ouvrir. Grandir encore finalement, avec l'aide involontaire d'inconnus qui ont écrit un jour, des mots qui me touchent.
RépondreSupprimerJe suis saisie par tes mots...agréablement, magnifiquement saisie par cette confidence, cette confiance, que je retrouve en beaucoup de mes lecteurs, et qui me laissent penser que je ne me trompe pas, en faisant de l'écriture, du langage, le plus bel instrument de connaissance et de relation aux autres, en passant par le chemin de soi-même. Que tu me dises que je t'aide à grandir et à progresser sur ton chemin personnel, est le plus beau cadeau de ce dimanche gris et froid.merci Anne**
Supprimertu es une fée Célestine la même que celle de la chanson
Supprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=c-UkuuCpTBU
bisous tout doux d'un dimanche tout gris et tout laid !
Trop gentil Petit Singe Vert:
Supprimeret toi tu es un magicien, tu parviens à mettre du soleil dans une journée bien neigeuse et bien triste...
Les rêves et les cauchemars nous ramènent éternellement à ces fameuses angoisses d'abandon
RépondreSupprimernécessaires aussi parce qu'elles fondent l'attachement , ce qui nous relie à l'être aimé
En rêve , ils sont parfois vite oubliés , en réalité , ils deviennent souvent invivables
peur de perdre l'autre , peur de la solitude
peur de l'étranger menace
on en est tous là encore , même en vieillissant ..
Tu as raison, la clé étant encore plus chargée symboliquement, dans ces cas-là. Mais en optimiste, je pense que certaines peurs peuvent se soigner,se raisonner, se contrôler même si elles restent tapies au fond de nous. La peur de l'étranger, notamment.
SupprimerEn revanche la peur de la solitude relève de cette angoisse d'abandon plus ou moins bien gérée selon l'éducation que l'on a eue. D'où ma remarque: il y a encore du taf pour les psys... Bises neigeuses, l'alerte orange est pour nous!
T'as pas fini de me faire monter les larmes, à moi un mec !
RépondreSupprimerD'abord ton histoire est effrayante.
Et puis elle a fait remonter immédiatement ce que j'imagine de la peur qu'a dû connaître une de mes moufflets par ma faute, il y a bien longtemps. J'ai tout mélangé, ton histoire et la sienne. C'est l'une des deux dettes que j'ai envers ce gamin (enfin, 26 ans quand même).
. . . . .
Vingt-six ans...l'âge que le mien va avoir le 28 avril.
SupprimerAlors, je te re-demande pardon de t'avoir fait pleurer. Tu es sensible, hein. J'aime bien les hommes sensibles, moi...
Ménon, j'ai pas pleuré ! Tu m'as bien regardé ?
SupprimerSnifff...
Très agréable de lire la petite fille qui s'exprime sur sa chaise se haussant et essayant de tourner la clé ! Il y a du Lewis Caroll ( d'ailleurs pourquoi avoir choisi cette illustration sinon, et la tasse renversée ... ) et du conte de Boucle d'or et les trois d'ours revisités dans t' aime haut et j'aime ! Leçon d'apprend-tissage, la fille et sa maman et la clé qui ouvrira les serrures du monde et le passage ( car qui dit clé dit porte, en l'occurrence elle était lourde et pleine ) vers l'âge adulte mais bien plus tard, cette petite fille est en corps comme une poupée ! ( "je joue à la poupée" écris-tu et tu cries ...)
RépondreSupprimerC'est bien par la douleur qu'on grandit, la joie venait toujours après la peine ... et nos amours faut-il qu'il m'en souvienne ... ( ça c'est pour ton autre billet :) ou bien à relire La prisonnière de Proust ...
Très jolie interprétation de mon billet...Ce que j'aime l'apprend-tissage!Tu as une façon merveilleuse de donner du relief à des mots que l'on emploie depuis longtemps sans en deviner les trésors cachés...
SupprimerTu vois j'étais au téléphone avec ma petite mère ( 83 ans aux fraises) et je repensais à ce lien si fort qui ne s'est jamais cassé entre elle et moi...
Oui, j'étais une petite poupée,d'ailleurs regarde cette photo, c'est moi à cet âge là...
Merci pour tes mots que j'aime.
Tu es ravissante !
SupprimerJ'allais te demander une photo de toi "petite Alice" à nous montrer ... Ainsi tu habitais vraiment cette maison à lourde porte ...
Bien sûr! La maison existe toujours, même s'ils ont massacré le magnifique parc qui l'entourait pour en faire un lotissement, avec une route...je ne peux m'empêcher d'être triste en voyant ce gâchis...
Supprimerhttp://images.patrimoine-de-france.com/thumb/590/7/7b8962a7b7466dc29bfc43dc3a8620b2.jpg
Flippant !
RépondreSupprimerTon billet est si bien écrit, qu'à sa lecture, tous mes cauchemars d'enfance ont refait surface. ;-)
Désolée. Et en même temps ravie par tes éloges.
SupprimerTu n'es pas le seul à avoir vu resurgir les vieux démons de l'enfance.
Certains disent que ça les a aidés...
Non, ne sois pas désolée ! Cette résurgence des vieux démons de mon enfance est rafraîchissante ;-)
SupprimerUn bain d'enfance, en quelque sorte...
SupprimerOn le vit de l'intérieur ce souvenir si bien raconté ...
RépondreSupprimerBises
Merci Zenondelle. Tu me touches. Je l'ai revécu moi-même avec intensité...et l'écrire m'a fait du bien.Je ne l'avais jamais fait, de le mettre en mot.
SupprimerC'est une belle histoire....
RépondreSupprimerMerci, Petit Sucre. je n'avais pas vu que tu étais venue lire ce crucial souvenir d'enfance...
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆